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[CRITIQUE] : Waves


Réalisateur : Trey Edward Shults
Acteurs : Kelvin Harrison Jr., Taylor Russell McKenzie, Sterling K. Brown,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américaine.
Durée : 2h16min

Synopsis :
Le parcours des membres d’une famille afro-américaine, menée par un patriarche protecteur, mais très exigeant, sur les eaux troubles du malheur et du deuil. Un chemin douloureux qui finira par les rassembler sur les rives de l’amour et du pardon, si tant est qu’ils parviennent à accepter de lâcher prise.




Critique :


Le cinéaste Trey Edward Shults a pris un brin l'habitude de croquer des chroniques de familles en péril, mais force est d'avouer qu'après les divertissants - mais pas renversant - Krisha et It Comes At Night -, il a réussit avec Waves, à signer ce qui est son effort le plus ambitieux à ce jour, à défaut d'être une fois encore, totalement maîtrisé.
Portrait fracassé d'un clan Floridien déchiré par la tragédie, mais qui s'efforce pourtant d'aligner de grandes déclarations sur le pardon, le chagrin et l'empathie, l'ambition du cinéaste dépasse bien souvent les limites de sa portée en tant que faiseur de rêves, ce qui donne trop souvent l'impression d'assister à une plaisante mais bien trop consciente épopée passionnelle, qui n'a de cesse de martyriser ses personnages au point d'en faire de véritables épaves émotionnelles, tout autant qu'il jouit d'une puissance immersive assez incroyable (bien aidé par la superbe photographie de Drew Daniels), dont l'investissement constant réclame un minimum de retour de la part d'un auditoire qui ne sera jamais vraiment sur quel pied danser.




Mélodrame familial presque romanesque articulé autour de la lente descente aux enfers d'un adolescent acculé et subissant des pressions sous tous les angles (un père autoritaire, une petite amie aimante et enceinte, l'obligation d'être un élève solide en cours, et un athlète parfait sur le tapis de lutte, un corps et surtout une épaule, qui commence à le lâcher,...) puis de sa soeur (une épaule attentionnée qui apprend à vivre pour elle grâce à une relation amoureuse tendre et sans remous), Waves est scindé en deux parties bien distinctes, dont une première résolument plus prenante et profondément stressante, ou Shults joue avec precision tentaculaire et une surcharge sensorielle imposante, sur nos peurs et rappelle le traitement viscéral - et définitivement plus empathique - de la merveilleuse série HBO Euphoria (deux oeuvres qui en disent beaucoup sur l'état alarmant des adolescents de l'Amérique contemporaine).
Confiante, pleine de vitalité et frappante, cette première moitié est menée tambour battant vers une tragédie inéluctable, et c'est une fois qu'elle est survenue, que le métrage s'effondre et se lance dans un décalage tonal conséquent et inattendue, essayant vainement de s'accrocher aux thèmes principaux de son illustre aînée.
L'effondrement collatéral d'un château de carte certes fragile mais jusqu'ici minutieux, le pressentiment et la tension faisant place à une douceur laissant transparaître la fragilité béante d'une dynamique philosophico-familiale jamais aussi forte que l'esthétisme explosif qui se dégage de la verve singulière - mais ambitieuse - de Schults, qui prend de plus en plus confiance derrière la caméra (une mise en scene en roue libre et parfois Malickienne, entre plans-séquences immersifs, virages à 360/720 degrés et un cadre qui n'a de cesse d'être en mouvement).




Vraie expérience sensorielle et expérimentale dévorant la vie jusqu'à l'indigestion, entre le teen movie poignant et inconfortable (à la fois tendu, effrayant et léger - voire même insignifiant - dans sa seconde moitié), et le drama familial un brin prévisible (un profond sentiment de familiarité qui ne lui fait clairement pas du bien), parfois brillant mais souvent vacillant, Waves trébuche autant qu'il marche droit, semble savoir ou aller autant qu'il s'égare (jusque dans sa partition musicale, entre un score électronique de Trent Reznor et Atticus Ross fracassé par un barrage de morceaux de Radiohead, Animal Collective ou encore Kendrick Lamar...), et instaure un sentiment de trouble aussi fascinant qu'éreintant.
Reste un casting totalement voué à sa cause, qui se livre à coeur ouvert et sans la moindre réserve, laissant transparaître une douleur emotionnelle réellement palpable.
Ils donnent tout, même s'ils ne sont pas toujours bien mis en valeurs...


Jonathan Chevrier


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