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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #97. Missing in Action

© 1985 Cannon Productions, NV

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#97. Portés Disparus de Joseph Zito (1984)

Si le public lambda se bidonne - à raison - sur les Chuck Norris Facts plus encore que sur les envolées philosophiques du plus célèbre des tataneurs belges, ce qui ne sont que des mots aujourd'hui, furent pleinement des actes à l'écran au coeur des merveilleuses 80's, ou l'ancien membre de l'US Air Force appelé à être le plus connu des " Texas Rangers ", faisait briller les rangées action des vidéos clubs du monde entier, et les caisses d'une Cannon qui n'aurait sans doute pas été aussi (fugacement) imposante sans lui et le vieux briscard Charles Bronson.
Véritable star à part entière du cinoche burné, n'ayant pas peur de frotter sa barbe rousse dans des nanars aux dialogues aussi ahurissants de décontraction (pensez " Tupperware " ou encore " Rouleaux "), qu'aux propos se complaisant dans un doux relan réactionnaire qui ferait même pâlir le magnum 44 de Dirty Harry (coucou Invasion U.S.A., les Delta Force,...), le Chuck n'a pourtant pas tourné que du bousin fleurant bon la poudre pour la firme des deux cousins (même si ses meilleurs films seront du côté de la MGM : Sale Temps pour un Flic et Hero), bien au contraire.

© 1985 Cannon Productions, NV


Il trouvera même chez eux son personne le plus populaire sur grand écran, le so badass Colonel James Braddock (il a accepté le rôle en souvenir de son frère, qui a disparu au Vietnam), cousin éloigné et énervé de John Rambo, dans la jouissive trilogie Portés Disparus, dont le premier opus est certes le moins jouissif (le second, tourné en même temps, est un pur spectacle musclé et régressif qui déboite), mais sans doute le plus solide, avec l'honnête faiseur Joseph Zito à sa barre.
Ancien officier prisonnier de guerre au Vietnam, le lascar a réussi à s'échapper et à rentrer au pays, non sans être marqué - moins que Rambo tout de même -, ce qui motive grandement une grosse ponte du gourvernement, le sénateur Maxwell Porter, à lui proposer de repartir sur le terrain et d'escorter une délégation chargée d'enquêter sur la présence de soldats américains toujours prisonniers dans des camps nord-vietnamiens (histoire de contredire la déclaration du Général Tran, assurant qu’il n’y a plus un seul prisonnier de guerre sur le sol vietnamien), et de les ramener dans le domaine du possible.
Évidemment, et pour notre plus grand bonheur d'afficionados de divertissements manichéens et bourrins, rien ne va se passer comme prévu et le Chuck va faire parler les guns, plus d'une fois, mais aussi du bazooka, du lance-flamme,...
Produit dans l'ombre de Rambo par une Cannon ayant très bien assimilé le potentiel immense qu'un tel concept de réécriture de l'histoire et de glorification de l'Amérique, pouvait détenir (le film débarque d'ailleurs au Vietnam un an avant le cultissime Rambo II : La Mission de George P. Cosmatos, dont l'intrigue n'est pas si éloignée), et encore plus en pleine ère Reaganienne (ou la relecture de la défaite primait sur une réalité au traumatisme béant), louchant sur le pitch du formidable Retour vers l'Enfer de Ted Kotcheff (papa de... First Blood, comme quoi le hasard hein), Missing in Action va strictement à l'essentiel en privilégiant l'action autant à la cohérence qu'à l'émotion, faisant de son héros une sorte de Punisher froid ou le jeu monolithique (les plus méchants diront salement limité) de Norris fait des ravages.
Charismatique en diable, impassible même face à la mort (le lascar ne laisse même pas échapper une goutte de sueur de sa carcasse affûtée), Braddock n'a nullement le temps de discuter : soit il te tue d'un regard (ou pas loin), soit il te rentre dans le buffet, et sa mission vengeresse ne se fera jamais dans la nuance.

© 1985 Cannon Productions, NV


Rustre, machiste (comme bon nombres péloches de l'époque), assez répétitif et même parfois un poil amorphe (malgré le score pétaradant de Jay Chattaway), Portés Disparus vise l'épure et l'efficacité brute à tous les niveaux, même s'il bégaie plus souvent qu'il captive son auditoire, et que le poids des années ne lui a pas franchement rendu service - et encore plus depuis le virage des deux dernières décennies.
Pur plaisir coupable bien moins fun que son second opus (qui est en fait un prequel, tourné avant mais sortie après parce que Golan et Globus le trouvaient... moins bon, shame), mais brillant en comparaison du troisième opus (qui voit Braddock rechercher femme et fils au Vietnam, alors qu'il n'a techniquement jamais pu avoir de vie familial là-bas, entre la guerre et une longue période de captivité), le film incarne la première pierre de la transformation de Norris en véritable héros américain - pas le meilleur des plans de carrière -, qui s'en va bouter fièrement les terroristes ou les ennemis (toujours communistes) du pays de l'Oncle Sam, sans jamais penser à une quelconque défaite ni prendre une seule balle - même perdue - au passage, sous la bannière d'une Cannon qui aura profité de son aura jusqu'à son trépas.
Pas forcément le plus empathique des action men - et le mot est faible -, mais décemment un ami de la famille, pour tous les amoureux des 80's que nous sommes.


Jonathan Chevrier

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