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[CRITIQUE] : La Voie de la Justice


Réalisateur : Destin Daniel Cretton
Acteurs : Michael B. Jordan, Jamie Foxx, Brie Larson, Rafe Spall,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h17min.

Synopsis :
Le combat historique du jeune avocat Bryan Stevenson.  Après ses études à l’université de Harvard, Bryan Stevenson aurait pu se lancer dans une carrière des plus lucratives. Il décide pourtant de se rendre en Alabama pour défendre ceux qui ont été condamnés à tort, avec le soutien d’une militante locale, Eva Ansley. Un de ses premiers cas - le plus incendiaire - est celui de Walter McMillian qui, en 1987, est condamné à mort pour le meurtre retentissant d’une jeune fille de 18 ans. Et ce en dépit d’un grand nombre de preuves attestant de son innocence et d’un unique témoignage à son encontre provenant d’un criminel aux motivations douteuses. Au fil des années, Bryan se retrouve empêtré dans un imbroglio de manœuvres juridiques et politiques. Il doit aussi faire face à un racisme manifeste et intransigeant alors qu’il se bat pour Walter et d’autres comme lui au sein d’un système hostile.



Critique :


Au cinéma, il y a des histoires vraies qui nous sont assénés avec une telle force dans les salles obscures, qu'il est quasiment impossible de rester impassible face à elles, de ressortir de la salle sans qu'elles ne nous imprègne autant la rétine que nos mémoires pendant un bon petit moment.
Et encore plus aujourd'hui, ou le biopic est devenu l'une des réponses certes facile mais nécessaire pour vaincre un tant soit peu, une crise créative de plus en plus effrayante et désespérante.
Passé deux excellents premiers longs (Glass Castle mais surtout Short Them 12), Destin Daniel Cretton a réussi cette prouesse louable avec Just Mercy/La Voie de la Justice par chez nous, puissant drame judiciaire flanqué dans le couloir de la mort - et basé sur le roman éponyme de Bryan Stevenson -, pointant du bout de la caméra les horreurs de l'injustice, de la pauvreté et d'un racisme profondément enraciné outre-Atlantique.



S'il ne renouvelle rien au genre (il n'en a pas fondamentalement l'intention non plus, au fond), et que l'expérience qu'il représente s'avère même sensiblement prévisible pour un auditoire un minimum averti (le souci de toute histoire vraie, la marge de manoeuvre pour surprendre étant de facto plus qu'infime), il n'en est pas moins infiniment nécessaire, déjouant les pièges du récit manichéen et maladroitement moralisateur dans son hommage vibrant à un vrai homme de justice, Bryan Stevenson justement, avocat tout droit sortie de Harvard, dont la quête idéaliste et déterminée à offrir une assistance juridique indispensable aux détenus condamnés à mort (souvent défendus de manière médiocre, qu'ils soient coupables ou non), lui a permit de réparer de nombreuses injustices et, clairement, de sauver des vies.
Un homme d'honneur infatigable, qui détient une connaissance et une compréhension parfaite des droits de l'homme, et dont le parcours est ici au coeur du film, et plus directement via l'initiative Equal Justice qu'il a fondée, ainsi que sa défense de Walter McMillian qui, en 1987, est condamné à mort pour le meurtre retentissant d’une jeune fille de 18 ans, sur la base de preuves si absurdement fragiles et honteusement non refutées, que cette histoire ne pouvait qu'être vraie.
C'est ce cas qui rend Just Mercy profondément électrique et passionnant, cette course trouble et rude vers la vérité, entre racisme et hostilité, pressions et désespoir, système juridique aussi arriéré que résolument obtu à l'idée d'admettre ses torts.
Une lutte intense et consciencieusement détaillé pour renverser la condamnation, sublimée par les partitions remarquables du charismatique et éloquent duo Michael B. Jordan/Jamie Foxx, aux rapports passionnés quand ils partagent l'écran, mais aussi et surtout par la mise en scène subtile et épurée du cinéaste, retenant le plus possible ses effets pour se rapprocher au plus près de la pureté d'émotions simples mais devastatrices (même s'il à la facheuse tendance à s'appuyer sur un score peu nuancé).



Épopée inspirante, humble et galvanisante, certes un poil limitée et assez prévisible mais dont l'humanité et l'optimisme suffisent à emporter même le plus réfractaire des auditoires (notamment dans son message final), La Voie de la Justice remet habilement la question de la peine de mort au centre du débat (les statistiques montrant le nombre de détenus condamnés à mort qui se sont avérés par la suite innocents, sont carrément stupéfiants... dans le mauvais sens du terme), de la justice (volontairement ?) balbutiante autant que les maux raciaux qui gangrènent le pays de l'Oncle Sam - mais pas que -, et incarne un solide drama juridique, bienveillant et prenant, où l'émotion est l'énergie la plus implacable et positive qui soit.


Jonathan Chevrier


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