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[CRITIQUE] : L'Extraordinaire Mr. Rogers


Réalisatrice : Marielle Heller
Acteurs : Tom Hanks, Matthew Rhys, Chris Cooper,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américaine.
Durée : 1h47min

Synopsis :
L'histoire de Fred Rogers, un homme de télé américain dont le programme éducatif Mister Rogers' Neighborhood a été suivi par des millions de téléspectateurs entre 1968 et 2001. A l'occasion d'une rencontre en vue d'écrire un article sur ce sujet, un journaliste du magazine Esquire va découvrir un homme à l'opposé de ce qu'il en pensait a priori.




Critique :



Force est d'avouer que pour ceux qui n'ont pas eu la chance de pouvoir découvrir l'excellent documentaire Won't You Be Ny Neighbour? de Morgan Neville, ou qui n'ont pas forcément pu vivre aux États-Unis et connaître ses émissions phares, la personnalité de M. Rogers et ses conseils aussi doux et élogieux, risque de paraître aussi mystérieuse et étrangère, que totalement... anecdotique, voire même presque sans le moindre intérêt, même avec la présence du vénérée Tom Hanks au casting, de loin le seul véhicule attractif sur le papier, pour le spectateur lambda.
Ce n'était donc pas une mince à faire pour la cinéaste Marielle Haller (le magnifique The Diary of a Teenage Girl, l'excellent Les Faussaires de Manhattan), qui s'impose de plus en plus comme l'une des valeurs sûres du cinéma indé US, de rendre L'Extraordinaire Mr. Rogers passionnant, au moins un tant soit peu divertissant même pour les non-initiés.




Sans trembler, elle fait de son troisième essai un petit miracle sur pellicule, un équilibre serein et mûrement maîtrisé entre le biopic habile pouvant satisfaire les fans et une étreinte chaleureuse vers la connaissance d'une légende de la télévision pour les autres, une oeuvre simple qui choisit la confortable voie de l'éloge de la compassion universelle que préconisait Rogers, plutôt que de plonger tête la première dans le mélodrame cousu de fil blanc, décortiquant ce qui la faisait vibrer.
Profondément accessible, Heller choisit le prisme malin de nous confronter indirectement à la figure imposante de Rogers, en s'appuyant sur la personnalité plus cynique de son interlocuteur, le journaliste d'Esquire Lloyd Vogel, loin d'être la figure parfaite sur le papier, pour signer un papier sur le présentateur télé vedette.
Suspicieux, comme nous, sur cette bienveillance constante dans un médium contemporain faisant du beurre sur le conflit plus que l'amour, le bonhomme va pourtant se laisser porter par la magie de cette définition humaine de la gentillesse, et le film va profiter de cette magie pour retourner habilement la question du " pourquoi tant de patience et de bienveillance ? " et ainsi mieux remettre en cause notre scepticisme constant, dans une sorte de cocon méditatif prenant les contours d'une guérison émotionnelle zen et sincère.
Exit l'exploration intime et particulièrement vrai d'un homme dont l'énigme n'est au fond que partiellement effleurée (le documentaire de Neville de son côté, pointe parfaitement du bout de sa caméra en trouvant le doute et la douleur au cœur de la gentillesse de M. Rogers), bonjour le film plein de douceur, véritable baume cinématographique sur la nécessité de chérir un minimum son prochain, dans un monde actuel turbulent qui semble récompenser la cruauté plus que la compassion et l'entraide.




Comme pour ses deux précédents essais, Heller rend sa caméra toujours aussi empathique et discrète, et laisse exploser son talent plus que certain pour la comédie pour pimenter les destin de personnes réellement en difficulté.
Jamais précipité et d'une lenteur enivrante, sublimé par la prestation ahurissante de Tom " zenitude incarné " Hanks (qui fait ici exploser son quotient de gentillesse pourtant déjà immense jusqu'alors), L'Extraordinaire Mr. Rogers, faux biopic mais vrai drame familial, est un bel appel à la bienveillance et à l'abandon total, ou les larmes ne sont jamais vraiment loin.


Jonathan Chevrier




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