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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #72. Semaine du 8 au 14 décembre 2019



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.


Semaine du 8 Décembre au 14 Décembre




Dimanche 8 Décembre. 

La Charge Héroïque de John Ford sur Arte.

En 1876, après la défaite du général Custer à Little Big Horn, le capitaine Nathan Brittles, qui a passé plus de trente ans dans la cavalerie, est sur le point de prendre sa retraire. L’officier doit toutefois accomplir une ultime mission : contenir la menace indienne et escorter la femme et la nièce de son supérieur jusqu’au relai de la diligence.

Deuxième volet d’une trilogie comprenant Le Massacre de Fort Apache en 1948 et Rio Grande en 1950, La Charge Héroïque, contrairement à son titre français, n’est pas un film épique jonché de part et d’autre de scènes de bataille. Non, La Charge Héroïque est une chronique qui puise sa puissance dans l’émotion. Ford dépeint ici l’intimité de ses soldats, leur vie quotidienne entre patrouille et protection des frontières, donne lieu au déploiement d’un microcosme empreint d’un certain folklorisme. Le cinéaste parvient à exalter les traditions militaires sans pour autant signer une œuvre militariste, notamment, par le très beau portrait qu’il dresse des indiens. Mais surtout, La Charge Héroïque est un sublime film, esthétiquement parlant l’une des plus belles réalisations de Ford qui au travers de l’image; de ces couleurs flamboyantes, de ces paysages monumentaux parvient a insuffler une véritable poésie faisant de ce western un pur chef-d’œuvre.

La soirée continue... avec L’étoffe des Héros de Philip Kaufman sur France 2 à 23 h 15. Alors oui, il faut être un/une veille tard, le film dure 3 h 10, mais cette adaptation d’un bouquin de Tom Wolfe vaut le détour. Le cinéaste parvient à instaurer un spectacle intense et chaleureux, fluide et efficace. Derrière cette imposante fresque, l’humain pourrait être secondaire, il est pourtant le cœur du récit, il est celui qui lutte pour s’imposer face aux machines, il est celui qui bouleverse tout du long.



Lundi 9 Décembre. 

Witness de Peter Weir sur France 5.
À la mort de son mari, Rachel et son fils Samuel, membres de la communauté amish, prennent quelques jours de repos à Baltimore. Mais à la gare de Philadelphie, Samuel se retrouve témoin du meurtre d’un agent secret de la division des narcotiques. L’enquêteur John Book, chargé de les protéger, se voit contraint d’aller se réfugier avec eux dans la communauté amish.

Un film de commande ne fait pas forcément un mauvais film, et c’est bien ce que vient affirmer Witness de Peter Weir. Mettant en scène un Harrison Ford au sommet — il sort de Star Wars, Indiana Jones et Blade Runner, Witness dépeint avec minutie les rites anachroniques de la communauté amish sans jamais tomber dans la ridiculisation. Mais, loin de s’attacher à une description rigoureuse qui renverrait le film à un pur exercice documentaire, Weir vient juxtaposer les genres pour finalement s’extirper des cases. Surtout, Witness contient une prestation remarquable de Ford qui s’émancipe de son image de superstar et se savoure comme l’une des plus belles preuves de son talent.

Mais aussi... TMC continue sa rétrospective Star Wars avec L’attaque des clones. Un second volet meilleur que La Menace Fantôme, si le film patine sérieusement quand il tente de nous faire adhérer à la romance entre Anakin et Padmé; il vient épaisseur la dimension politique, bien moins palpitante que des rebelles luttant contre un empire, mais qui illustre comment les manipulations peuvent effriter une république.

La soirée continue... France 5 propose à 23 h 50 Captaine sans peur de Raoul Walsh. Un film d’aventure, qui coche les obligations du genre, scènes d’abordage prenantes et splendides décors. Mais, lentement l’œuvre trouve une étonnante puissance dans ses non-dits. Le réalisateur fait le choix, salutaire, de ne pas tout expliquer, de ne pas tout expliciter, imbibant ainsi son film d’une ambigüité qui côtoie un sublime lyrisme.



Jeudi 12 Decembre. 

Maman, J’ai raté l’avion de Chris Columbus sur TMC.

Les McCallister ont prévu de passer Noël en famille à Paris. Mais dans la précipitation du départ, ils ne se rendent pas compte que Kevin, le plus jeune de leurs enfants, n’est pas monté dans la voiture avec eux. Kevin se retrouve seul dans la maison et s’accommode très bien de la situation.


Beh oui, forcément, décembre est là et donc Maman, j’ai raté l’avion est programmé à la télé. C’est devenu une tradition est on peut aisément comprendre pourquoi, ce film est un régal, aussi bien pour les nouvelles générations que pour les plus nostalgiques d’entre nous. Il faut dire qu’entre le scénario espiègle de John Hugues, la délicieuse BO de John Williams et le savoir-faire de Chris Columbus; tout est réuni pour offrir un chaleureux moment de divertissement, qui, parvient de façon assez magique à passer l’épreuve du temps, peut-être car l’humour burlesque dont le film est affublé ne vieillit jamais totalement. Après tout, qui ne rit pas façon à une chute ?

Mais aussi... Cherie25 programme L’échange de Clint Eastwood. Un film qui vient rappeler, une chose qu’on a tendance à oublier, c’est à quel point le cinéaste a su dresser quelques sublimes portraits de femmes, Sur la route de Madison par exemple. Ici, cela donne corps à un film traumatique, qui ne cesse de fouiller chaque recoin l’éloignant durablement du qualificatif de « classicisme », car, ici, Eastwood empoigne une noirceur absolue.

Dans la catégorie thriller je demande... The American d’Anton Corbijn sur Cstar. De prime abord on pourrait croire que The American est un nouveau film d’espionnage dans le sillage d’un Mission Impossible. Le long-métrage d’Anton Corbijn en est une antithèse, empruntant bien plus à Hitckcock et Sergio Leone qu’à JJ Abrams ou Brad Bird — rien de péjoratif. Le film, loin de toute pyrotechnique, se drape dans une ambiance rugueuse, égnimatique, inquiétante et pourtant fascinante ou évolue un Clooney au sommet de son talent.





Thibaut Ciavarella