[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #46. Teenage Mutant Ninja Turtles
© 1990 New Line Cinema |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#46. Les Tortues Ninja de Steve Barron (1990)
Avant que tonton Michael Bay ne vienne saloper nos souvenirs d'enfants nostalgiques et bouffeurs infatigables de VHS, avec un reboot kaboom et boursouflé aux CGI, dans lequel il ne faisait que recyclé sa recette " Transformers " (avec même Megan Fox au casting) déjà balbutiante passé le premier film de 2007, Tortues Ninja avait connu les honneurs d'une belle et enthouasiasmante transposition du petit (qui était à la base, une adaptation de comics) au grand écran avec un premier film absolument génial, bien plus d'ailleurs que ses deux suites, bien moins défendable - surtout le troisième, aussi ridicule que fauché.
Car à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître - et ne cherche sans doute pas à le faire non plus -, les tortues ninjas étaient aussi populaires que les superhéros en collant d'aujourd'hui, mais surtout infiniment plus drôles et barrées.
Il faut l'avouer, des héros charismatiques qui vivent dans les égouts, lachent des coups de tatanes comme Bruce Lee avec des physiques de Carlos, et qui bouffent des pizzas à gogo, ça séduit facilement les petits, et peut-être même tout autant les grands.
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Mais si l'équation est logiquement gagnante en dessin animée, ce n'était pas aussi évident que cela que le tout fonctionne pour un film live, et encore moins avec un usage réduit des effets spéciaux et un budget tout riquiqui.
Pourtant, le film Steve Barron réussit à combler toutes les attentes avec une modestie rare.
Du cascadeur dans des costumes vraiment ressemblants, de l'humour enfantin (principalement shooté à la pop culture) et un tantinet potache - dans le bon sens du terme -, une intrigue rudimentaire mais d'une efficacité à toute épreuve (avec une origin story en prime), des décors immersifs (une production design proche du Batman de Burton, avec une vision asdee glauque de la rue), du fight très bien emballé, Shredder, April, le clan des foot, de la pizza et même un Casey Jones campé par cette géniale trogne d'Elias Koteas; la péloche coche toutes les cases du divertissement familial réussi, tout en n'ayant pas peur d'être gentiment sombre autant dans ses scènes (le passage à tabac de Raphaël, particulièrement dur) que dans son propos (une criminalité qui gangrène la rue, une jeunesse totalement perdue qui rejette ses aînés et tombe tête la première dans la criminalité), il est vrai nettement plus soft et moins sanglant que dans les comics.
Mais la plus grande force du film, qui laisse de côté tout l'aspect " super gadget " du dessin animée (exit le gros camion, les voitures volantes etc,...), c'est de retranscrire les caractéristiques si reconnaissables des amphibiens mutants pro du karaté, tout en leur offrant suffisamment d'espace individuel pour qu'il existe autrement que dans la vie de groupe (qui vit entre les chamailles sympathiques et un vrai sentiment de fraternité émouvant).
Et à ce petit jeu là, c'est clairement le rebelle Raphaël et (surtout) le gaffeur Michelangelo qui s'en sortent le mieux.
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Astucieusement construit, entre scènes d'action solidement chorégraphiés et un humour vif et fédérateur, le cocktail explosif et résolument rétro de ce petit miracle sur pellicule, pur produit de son époque (irréalisable aujourd'hui), incarnait pour tous les mômes de l'époque ce que l'on pouvait faire de plus joyeux et addictif.
Force est d'avouer qu'il n'a rien perdu de sa superbe même trois décennies plus tard, et qu'il supporte admirablement bien les visions à répétitions, à tel point qu'il pourrait gentiment regarder dans les yeux toutes les productions populaires actuelles (surtout celles venant d'un studio aux grandes oreilles...) visant à racoller en masse les familles dans les salles obscures, sans forcément leur en donner pour leur (de plus en plus conséquent) investissement.
Il n'y a rien de mal à regarder dans le rétroviseur les bonnes péloches du passé, et encore moins dans l'idée de réhabiliter Tortues Ninja comme un put*** de bons films comme on en voit plus.
Allez, rematons-le avec une bonne pizza, dans le plus pur esprit Cowabunga...
Jonathan Chevrier