[FUCKING SERIES] : The Witcher saison 1 : Superman and The Monsters
Force est d'avouer que, sur le papier, l'absence laissée par le départ cohérent mais follement frustrant sur de nombreux points, de la vénérée Game of Thrones, faisait de l'alléchante The Witcher l'incarnation la plus crédible des propositions d'héroic fantasy sur le petit écran, potentiellement capable d'emporter l'affection du public, en attendant le show Lord of The Rings sur Amazon.
Il faut dire qu'elle semblait cocher toutes les cases pour, tant elle est elle aussi basée sur une série de romans existants et populaires (signés par l'écrivain polonais Andrzej Sapkowski), eux-mêmes déjà adaptés dans l'univers du jeu vidéo, et que le monde déployé s'avérait suffisamment vaste et léchée, pour massivement capter notre intérêt, le tout avev rien de moins que Superman - Henry Cavill - en vedette, adoubé majoritairement par les fans depuis l'annonce de son engagement.
Copyright Katalin Vermes/Netflix |
Trébuchant autant quelle marche droit, cette première saison estampillée Netflix, qui jouit évidemment de la même tare presque génétique de toutes les productions de la firme (les épisodes sont bien trop long), sait comment se rendre attrayante même si elle souffre considérablement d'un manque de consistance tonale, dans une sorte spectacle à rallonge entre moments de bravoure grisant et généreux et une violence sombre et craspec à souhait - loin d'être un défaut pour le coup -, parcourut par un humour décalé et un chouïa puéril, qui s'amuse à taillader sévère dans l'intensité de sa sensibilité dramatique déjà balbutiante.
Il faut dire que voir la carcasse imposante de Cavill, dont les saillies humoristiques précédentes étaient bien plus subtiles (The Man from U.N.C.L.E.), se transformer en une sorte de Deadpool amer complètement cynique sur sa condition (Geralt de Rivia fait partie d'une race de sorceleurs mourants, des tueurs de monstres rares et hautement qualifié aux mutations diverses, à la fois bénis et maudits), a de quoi rebuter un brin, même s'il sait parfaitement vendre la brutalité de son personnage, aussi bien que la morosité profonde et sage qui l'habite.
Le bonhomme dégaine peu (il est mué non pas par un sentiment de neutralité louable, mais plus par une indifférence écrasante de tout conflit qui ne le concerne pas) mais bien, rendant de facto les instants ou il dégaine sa lame - et donc de boucheries jouissives - d'autant plus accrocheur.
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Reste que si elle offre à son héros, un temps de présence très marqué, la série a toujours le bon ton de ne pas totalement se focaliser sur le bonhomme, tant l'univers proposé est bondé - dans le bon sens - de personnages intriguants et variés, notamment ceux de la sorcière Yennefer de Vengerberg et la princesse Ciri en son pouvoir, deux intrigues secondaires qui sont les véritables poumons narratifs de cette saison.
La première étant peut-être même le personnage le plus passionnant de la série (excellente Anya Chalotra), survivant entre un héritage lourd (en partie elfique, qui en fait la cible parfaite pour une société sexiste et raciste, accentuant son dysmorphisme), une agressivité relative et un savoir magique croissant.
Esthétiquement léchée mais peut-être encore un peu trop tendre (l'ampleur de son histoire paraît un poil limité, articulé uniquement autour des thèmes de la magie et des mythes) et sans réelle vision centrale (ses personnages ne sont pas encore assez développés pour que le show incarne un grand spectacle d'ensemble choral à la Game of Thrones, avec qui la comparaison est malheureusement inévitable), ce qui est d'ailleurs sévèrement problématique puisque c'est justement ce regard décentralisé qui pointe tous ses défauts importants (le vertige de la fusion des récits des trois protagonistes principaux arrivent bien trip tard pour que cette première salve ne ressemblent pas à une amorce beaucoup trop allongée), The Witcher, parfois perdu entre ses dialogues sans vies et une exploration timide de ses réflexions (des réflexions intrigantes, même si pas toujours incohérentes, sur la discrimination, la haine raciale, l'oppression subit par les femmes,...), n'en reste pas moins une proposition passionnante si on lui laisse le temps de le démontrer.
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Si elle fait fit assez souvent de sa maladresse (paresse ?) narrative et de sa lenteur, tapant sensiblement dans son exploration réfléchie du genre (même si elle en garde dans le ventre pour la suite, que ce soit dans son étude des origines de Geralt, des raisons de son itinéraire à la nature de son altérité de sorceleur), elle trouve pourtant sa voie et son énergie dans une représentation furieusement graphique de sa violence, bien aidée par le score puissant - et " Thronesque " - de Sonya Belousova et Giona Ostinelli.
C'est peu diront certains, mais c'est sensiblement bien plus intéressant et plaisant à suivre, que la fausse purge promise par des premiers avis sévères...
Jonathan Chevrier