[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #23. 3 Ninjas
© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#23. Ninja Kids de Jon Turtletaub (1992)
Qu'on se le dise, quand on est mômes, on a une faculté proprement exceptionnelle de s'amouracher de péloches (très) souvent indéfendables, une patience presque d'ange pour s'infliger des visions à répétition de métrages qui, une fois l'âge adulte consommé, ne passerait même pas le quart d'heure d'une première séance, sans être éjecté de notre lecteur DVD.
Un attachement inexplicable, qui ravive la nostalgie d'une régression enfantine - voire adolescente - totalement assumée, et qui fait que même des années plus tard, on se délecte de revoir encore et encore les mêmes scènes, de répéter tous les dialogues avec une précision effrayante (c'est fou la manière dont notre cerveau retient une multitude de futilités), et de trouver affreusement génial le surjeu extrême d'une bande de comédiens à la carrière aussi fugace qu'un concept original à Hollywood.
Épuisant jusqu'à la moelle les ultimes effluves du pouvoir d'attraction du cinéma d'arts martiaux américain, exploité à toutes les sauces (genre vraiment) possibles, 3 Ninjas de Jon Turtletaub incarne presque à lui seul l'idée d'un cinéma perdu, totalement conscient de ses limites et de sa déclinaison putassière de deux succès imposant de l'époque - Tortues Ninja et Maman, J'ai Raté l'Avion -, le genre de films qui se sait aussi fin que du gros sel, mais qui porte son concept à bout de bras tout du long, avec un aplomb incroyable.
Vendu comme une comédie Kung-Foufou à la lisière du polar sauce Diane, Femme Flic, le film suit l'apprentissage du ninjitsu de trois frangins à l'écart d'âge plutôt bien foutu (deux ans environ entre chaque môme), initiés à la castagne par leur grand-père japonais (alors qu'aucun de leurs parents ne paraissent vraiment japonais ni même un tant soit peu métisse... pourquoi pas).
Pas de bol pour eux, le dit papy a eu pour élève à l'époque, un yankee vite devenu un trafiquant d'armes et qui, doux hasard, est justement traqué par leur père, pas fan du karaté (mais des guns oui... ah America....), mais surtout vrai agent du FBI.
Évidemment, parce que ce ne serait pas fun sinon, Rocky l'aîné, Mustang celui du milieu (et décemment le plus supportable du trio) et Ramdan, le petit dernier qui est un ventre sur pattes, vont être mêlé à cette traque par amour pour leur grand-père (on aimerait aussi passionnément notre papy, si c'était le grand Victor Wong), et ils vont user de leur savoir familial pour tataner du lascar en masse, mais surtout les (trop) fines lois de la crédibilité et de la cohérence, qui ont une résistance toute relative dans ce genre de productions.
" Rocky aime Emily, Rocky aime Emily... "
À la lisière d'un Karaté Kid sauce Disney - Touchstone à la production - ou maître Miyagi aurait littéralement gonflé ses cours du soir (trois mômes pour lustrer/poncer, sa maison aurait été retapée en quinze jours), et aurait totalement perdu ses préceptes entre deux verres de saké (donner des noms de guerriers, pour pousser l'identification, à des enfants que l'on a entrainé tout l'été, avant de tout simplement leur interdire de se combattre par la suite), Ninja Kids en VF, prête tout du long à rire, que ce soit par le ridicule complet de ses situations, la dégaine improbable de son vilain (sorte de croisement malade entre Steven Seagal et le vénéré Walton Goggins) ou le déroulement sous acide de son intrigue.
Une histoire voyant trois mômes sachant plus ou moins se battre, qui se font totalement victimiser par deux brutes au collège (peu pô faire la bagarre), mais arrivent sans forcer à foutre la misère à des " casseurs flotteurs " du pauvre voulant les kidnapper (les frères/cousins demeurés du déjà atteint Marvin de Home Alone), à toute une armée de ninjas et même carrément à toute une organisation criminelle internationale, au nez et à la barbe d'un FBI plus incompétent tu meurs.
C'est, à peine, gros comme une maison, joué avec les pieds par des cabotineurs professionnels au sommet de leur art (mais que fais-tu là papy Wong...), scripté à peine avec l'ambition naïve d'un pilote d'une émission de télé-réalité et pourtant... on adore.
Cartoonesque à souhait, banalisant une violence bien réelle pour la rendre totalement inoffensive à l'écran (une force des divertissements familiaux 80's/90's), kitsch comme ce n'est pas permis et n'offrant strictement aucune proposition d'un point de vue mise en scène, 3 Ninjas est un vrai film de son époque, génial parce que simpliste à souhait, et ne visant jamais plus que le statut basique d'une séance aussi vite vue qu'oubliée.
Le plus fun dans tout ça ?
Il n'est que le premier opus d'une franchise de plusieurs films encore plus nanardesques (et ne reprenant pas totalement tous les membres du casting original à chaque fois...), culminant à un opus final dantesque, Les 3 Ninjas se Déchaînent, rip-off cheap de Die Hard dans une fête forraine avec Hulk Hogan en guest.
La magie des années quatre-vingt-dix...
Jonathan Chevrier
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#23. Ninja Kids de Jon Turtletaub (1992)
Qu'on se le dise, quand on est mômes, on a une faculté proprement exceptionnelle de s'amouracher de péloches (très) souvent indéfendables, une patience presque d'ange pour s'infliger des visions à répétition de métrages qui, une fois l'âge adulte consommé, ne passerait même pas le quart d'heure d'une première séance, sans être éjecté de notre lecteur DVD.
Un attachement inexplicable, qui ravive la nostalgie d'une régression enfantine - voire adolescente - totalement assumée, et qui fait que même des années plus tard, on se délecte de revoir encore et encore les mêmes scènes, de répéter tous les dialogues avec une précision effrayante (c'est fou la manière dont notre cerveau retient une multitude de futilités), et de trouver affreusement génial le surjeu extrême d'une bande de comédiens à la carrière aussi fugace qu'un concept original à Hollywood.
© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. |
Épuisant jusqu'à la moelle les ultimes effluves du pouvoir d'attraction du cinéma d'arts martiaux américain, exploité à toutes les sauces (genre vraiment) possibles, 3 Ninjas de Jon Turtletaub incarne presque à lui seul l'idée d'un cinéma perdu, totalement conscient de ses limites et de sa déclinaison putassière de deux succès imposant de l'époque - Tortues Ninja et Maman, J'ai Raté l'Avion -, le genre de films qui se sait aussi fin que du gros sel, mais qui porte son concept à bout de bras tout du long, avec un aplomb incroyable.
Vendu comme une comédie Kung-Foufou à la lisière du polar sauce Diane, Femme Flic, le film suit l'apprentissage du ninjitsu de trois frangins à l'écart d'âge plutôt bien foutu (deux ans environ entre chaque môme), initiés à la castagne par leur grand-père japonais (alors qu'aucun de leurs parents ne paraissent vraiment japonais ni même un tant soit peu métisse... pourquoi pas).
Pas de bol pour eux, le dit papy a eu pour élève à l'époque, un yankee vite devenu un trafiquant d'armes et qui, doux hasard, est justement traqué par leur père, pas fan du karaté (mais des guns oui... ah America....), mais surtout vrai agent du FBI.
Évidemment, parce que ce ne serait pas fun sinon, Rocky l'aîné, Mustang celui du milieu (et décemment le plus supportable du trio) et Ramdan, le petit dernier qui est un ventre sur pattes, vont être mêlé à cette traque par amour pour leur grand-père (on aimerait aussi passionnément notre papy, si c'était le grand Victor Wong), et ils vont user de leur savoir familial pour tataner du lascar en masse, mais surtout les (trop) fines lois de la crédibilité et de la cohérence, qui ont une résistance toute relative dans ce genre de productions.
© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. |
" Rocky aime Emily, Rocky aime Emily... "
À la lisière d'un Karaté Kid sauce Disney - Touchstone à la production - ou maître Miyagi aurait littéralement gonflé ses cours du soir (trois mômes pour lustrer/poncer, sa maison aurait été retapée en quinze jours), et aurait totalement perdu ses préceptes entre deux verres de saké (donner des noms de guerriers, pour pousser l'identification, à des enfants que l'on a entrainé tout l'été, avant de tout simplement leur interdire de se combattre par la suite), Ninja Kids en VF, prête tout du long à rire, que ce soit par le ridicule complet de ses situations, la dégaine improbable de son vilain (sorte de croisement malade entre Steven Seagal et le vénéré Walton Goggins) ou le déroulement sous acide de son intrigue.
Une histoire voyant trois mômes sachant plus ou moins se battre, qui se font totalement victimiser par deux brutes au collège (peu pô faire la bagarre), mais arrivent sans forcer à foutre la misère à des " casseurs flotteurs " du pauvre voulant les kidnapper (les frères/cousins demeurés du déjà atteint Marvin de Home Alone), à toute une armée de ninjas et même carrément à toute une organisation criminelle internationale, au nez et à la barbe d'un FBI plus incompétent tu meurs.
C'est, à peine, gros comme une maison, joué avec les pieds par des cabotineurs professionnels au sommet de leur art (mais que fais-tu là papy Wong...), scripté à peine avec l'ambition naïve d'un pilote d'une émission de télé-réalité et pourtant... on adore.
© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. |
Cartoonesque à souhait, banalisant une violence bien réelle pour la rendre totalement inoffensive à l'écran (une force des divertissements familiaux 80's/90's), kitsch comme ce n'est pas permis et n'offrant strictement aucune proposition d'un point de vue mise en scène, 3 Ninjas est un vrai film de son époque, génial parce que simpliste à souhait, et ne visant jamais plus que le statut basique d'une séance aussi vite vue qu'oubliée.
Le plus fun dans tout ça ?
Il n'est que le premier opus d'une franchise de plusieurs films encore plus nanardesques (et ne reprenant pas totalement tous les membres du casting original à chaque fois...), culminant à un opus final dantesque, Les 3 Ninjas se Déchaînent, rip-off cheap de Die Hard dans une fête forraine avec Hulk Hogan en guest.
La magie des années quatre-vingt-dix...
Jonathan Chevrier