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[CRITIQUE] : La Fameuse Invasion des Ours en Sicile


Réalisateur : Lorenzo Mattotti
Avec les voix de : Jean-Claude Carrière, Jacky Nercessian, Leïla Bekhti,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Italien, Français
Durée : 1h22min

Synopsis :
Tout commence en Sicile, le jour où Tonio, le fils de Léonce, roi des ours, est enlevé par des chasseurs... Profitant de la rigueur d’un hiver qui menace son peuple de famine, le roi Léonce décide de partir à la recherche de Tonio et d’envahir la plaine où habitent les hommes. Avec l’aide de son armée et d’un magicien, il finit par retrouver Tonio et prend la tête du pays. Mais il comprendra vite que le peuple des ours n’est peut-être pas fait pour vivre au pays des hommes...



Critique :


Les films d’animation sont aux abonnés absents à Cannes chaque année. Si parfois un Disney se pointe en hors-compétition (comme en 2009 avec Là-Haut de Pete Docter), le reste de la compétition en est dépourvu. 2019 est donc vu comme un tournant. Un film à la Semaine de la critique, J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin qui a reçu le Grand Prix Nespresso (totalement mérité) et deux dans la section Un Certain Regard : Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec et La Fameuse Invasion des Ours en Sicile de Lorenzo Mattotti. Si celui-ci a le malheur de sortir en même temps qu’un des méchants les plus connus de l’univers DC Comics, il serait dommage de ne pas lui laisser sa chance. 

Copyright 2019 Prima Linea Productions – Pathé Films – France 3 Cinéma – Indigo Film

Dès le générique, Lorenzo Mattotti nous plonge dans le conte écrit par Buzzati en 1945. Histoire très connue en Italie, le réalisateur ne laisse pas nous autres en reste. Par un long travelling de côté, sa façon de nous dire “il était une fois”, le spectateur suit deux troubadours dans la montagne enneigée qui vont s’abriter dans les grottes. Pas de quoi s’inquiéter, les ours sont partis de la Sicile depuis un moment nous dit-on. Leur prouvant le contraire, un ours vient rendre une petite visite. Affolés, ils commencent à lui raconter la fameuse histoire de l’invasion des ours en Sicile, il y a bien longtemps… C’est leur métier de donner vie aux histoires pour éblouir les spectateurs, cela devient ici un moyen de survie pour Gedeone et la petite Almarina. Si cette mise en abyme a été ajoutée pour les besoins du film, l’idée est merveilleuse. Quoi de mieux que de montrer concrètement la force des récits, le partage de l’imaginaire pour comprendre davantage le monde dans lequel nous vivons. Et l’effet immédiat sur ceux et celles qui écoutent.
Tout commence par le fort lien de Leonce, roi des ours pour son fils Tonio. Malheureusement, il sera enlevé par les hommes. Après cette déchirante séparation, Leonce décide de mener les siens auprès des humains. Pour trouver de la nourriture, mais aussi avec un espoir non dissimulé de retrouver Tonio. Evidemment, les hommes ne les recevront pas les bras ouverts et les attaqueront violemment. A partir de là, se déploie une morale de conte simpliste certes, mais fondamentale ; l’acceptation de la différence, questionner notre place dans le monde et nos responsabilités vis à vis de la nature. Un joli happy-ending pour unifier le tout et repartir heureux. Mais … non. La Fameuse invasion des ours en Sicile va plus loin que cela. 

Copyright 2019 Prima Linea Productions – Pathé Films – France 3 Cinéma – Indigo Film

Car oui, après la fin de l’histoire de Gedeone et Almarina, l’ours se permet de les corriger. Ce n’est pas la fin de l’histoire, oh non. Le récit ne veut pas rester sur une morale simpliste mais aller au fond des choses et des questionnements. Voir les aspects plus sombre d’une histoire. Cette deuxième partie, avec ce changement de narrateur garde cependant la même esthétique. L’animation, mélange de 2D et 3D donne une imagerie colorée au film. Un côté aplati, comme si nous lisions le conte et tournons les pages, mais qui n’oublie pas d’être cinématographique dans son découpage (comme ce montage alterné quand les ours attaquent la ville avec un numéro de cirque). L’animation est à l’image du film de Mattotti, un côté simple qui cache une substance beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.
Malheureusement, si la deuxième partie arrive à nous convaincre pleinement par son récit qui tire sur le tragique, sondant le côté sombre du genre humain, la première partie peine un peu plus. Son côté didactique, son écriture bavarde nous noie dans une description alors que le visuel suffisait. Comme si le film avait peur du silence. Et pourtant… Quelle scène aurait pu être celle du manoir et du fantôme si le film était moins bavard ! 

Copyright 2019 Prima Linea Productions – Pathé Films – France 3 Cinéma – Indigo Film


Rendant un bel hommage aux contes pour enfant, Lorenzo Mattotti nous montre un beau premier long-métrage. Une sublime animation, un récit complet et complexe d’une tragédie digne d’un opéra. On regrette une première partie un peu faible. Malgré ses défauts, il reste un film d’animation à soutenir et à encourager !


Laura Enjolvy



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