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[CRITIQUE] : Retour à Zombieland


Réalisateur : Ruben Fleischer
Acteurs : Jesse Eisenberg, Emma Stone, Woody Harrelson, Abigail Breslin, Zoey Deutsch, Rosario Dawson, Luke Wilson,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie, Epouvante-Horreur, Action.
Nationalité : Américain
Durée : 1h40min

Synopsis :
Le chaos règne partout dans le pays, depuis la Maison Blanche jusqu’aux petites villes les plus reculées. Nos quatre tueurs doivent désormais affronter de nouvelles races de zombies qui ont évolué en dix ans et une poignée de rescapés humains. Mais ce sont les conflits propres à cette « famille » improvisée qui restent les plus difficiles à gérer…



Critique :


À une époque ou le genre zombies cher à feu George Romero, était devenu étrangement hype (ce qu'il est encore un peu, soyons honnête), que ce soit aussi bien à la télévision que sur grand écran, il était évident que des petits malins allaient jouer la carte de la parodie, avec plus ou moins de finesse.
Si le vénéré Edgar Wright s'en est sorti avec les honneurs via son cultissime - et très sérieux malgré les apparences - Shaun of The Dead, gageons que Ruben Fleischer avait plutôt bien surpris son monde également en 2009 avec son Bienvenue à Zombieland, satire enlevée à la rigueur exemplaire dans son premier tiers (humour au poil, énergie enthousiasmante, concept maîtrisé à la perfection notamment dans sa proposition du guide de survie en pleine apocalypse zombie, avec ses règles géniales), qui glissait pourtant peu à peu vers le comico-gore gentillet et faussement irrévérencieux par la suite, malgré un amour sincère envers le genre et une propension honorable à offrir des personnages finement croqués et attachants.



Un bon B movie joussif et régressif à l'esprit vidéoludique et au capital sympathie énorme - pensé au départ comme une série TV -, véhiculé en grande partie par son excellent casting vedette, qui a tranquillement gagné ses galons de péloche culte au fil de la décennie, mais qui n'appelait pas forcément une suite, même si elle était vivement demandée par la majorité depuis.
Sauf que voilà, dix piges ont passé et Hollywood étant ce qu'elle est, ce second opus est bel et bien devenu une réalité (on n'oublie pas pour autant, la tentative foirée d'une série produite par une Amazon l'ayant intelligemment euthanasié dès son pilote), et il débarque dans les salles obscures pour un Halloween étrangement pauvre en bandes flippantes (Doctor Sleep et... c'est tout).
Sobrement intitulé Retour à Zombieland (on lui préférera son titre US, Zombieland : Double Tap), et rappelant tous ses protagonnistes pour un nouveau ride, censé se dérouler quelques mois après les aventures du premier opus, la péloche suit la droite lignée de son illustre ainé en reprenant autant ses qualités véritables que ses défauts les plus frustrants.
Intercalé entre le fan-service assez lourd, le remake pas totalement assumé et la séquelle plus ou moins consistante, le film, qui aurait très bien pu paraître comme un Evil Dead 2 totalement décomplexé (refaire le premier long-métrage pour le rendre encore plus fou), joue pleinement la carte de la redite,  porté par les mêmes thèmes (la famille, se séparer pour mieux se retrouver, la remise en question de soi comme seule véritable épreuve à surmonter,...) et le même postulat de départ (survivre dans une Amérique apocalyptique et dévastée, avec quelques survivants cocasses en prime).
Un manque d'ambition proprement frustrant - même dans son ironie plus totalement mordante -, qui pourrait même être totalement rédhibitoire si le charme de ses interprètes, et la joie sincère de les retrouver dessouder son prochain déjà bien mort, nous explosait au visage dès son introduction, jouant totalement sur notre empathie et notre nostalgie.



Alors on se laisse berner, même si Tallahassee ne cherche plus ses si précieux Twinkies, et l'on suit sans trop de déplaisir une aventure dynamique et même parfois étonnante (quelques effets de mises en scène audacieux et nerveux de Fleischer, que l'on pensait lessivé après le four critique - mais pas public - de Venom), où les comédiens titres visiblement heureux d'être là, s'en donnent à coeur joie dans le cabotinage joyeux (on t'aime Woody), même les petits nouveaux (Luke Wilson et Rosario Dawson sont des valeurs sûres, Zoey Deutsch séduit par son abbatage hystérique), qui se glissent sans trop de mal dans un moule calibré et une nouvelle fois assez prévisible.
Pas dénué de longueurs, véritable calque ambulant du film original sans pour autant être la catastrophe redoutée, Retour à Zombieland fait le job, provoque plus d'un rire gras (il ne faut pas louper la géniale scène post-générique), charme solidement son auditoire et s'avère être une parfaite séance légère pour décompresser entre les gros hits de cette fin d'année ciné, où la course aux statuettes dorées commence gentiment à faire rage.
Et c'est déjà pas si mal...


Jonathan Chevrier