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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #16. Con Air

© Buena Vista Pictures- all rights reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



#16. Les Ailes de l'Enfer de Simon West (1997)

Dans l'univers mi-grisant mi-désespérant des DTV de luxe, entre les tataneries forcées de Steven Seagal, JCVD et autres Wesley Snipes, ses légendes coincés à casser du brigand de l'est entre deux usines à yaourt désaffectées bulgares, il y a l'ovni Nicolas Cage, comédien de renom qui, suite à de nombreuses dérives financières - ou à sa passion pour l'achat de châteaux hantés, au choix -, s'est lui-même condamné à coller son nom et son crâne depuis en plus dégarni, sur des productions (majoritairement) à la limite du défendable et ce, même s'il est toujours capable d'immenses fulgurances (Joe, Mandy) quand il est dirigé par de solides faiseurs de rêves.

Un constat douloureusement amer pour tous ses fans ayant grandit autant avec ses incursions rendus populaires chez des cinéastes majeurs (De Palma, Scorsese, Jonze, tonton Coppola,...) que ses pérégrinations jouissives dans le cinéma burné des 90's, faisant de lui le déjanté des héros de l'écurie Bruckheimer; une époque bénie où il pouvait parader fièrement tout en haut de la chaîne alimentaire Hollywoodienne.


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Et le bien nommé Les Ailes de l'Enfer de Simon West était clairement l'une de ces prods rutillantes, au même titre que Rock de Michael Bay et Volte/Face de John Woo - qui a déjà eu les honneurs d'un billet plein d'amour dans cette section où il ne pouvait décemment pas ne pas en être un membre immédiat.
C'est ce souvenir de lui que l'on gardera, quoiqu'il arrive, en bons cinéphiles nostalgiques que nous sommes, chérissant plus que raison des DVD qui étaient jadis des VHS nettement moins solides face aux visionnages intenses de leurs bandes.

Sorte de rip-off totalement assumé du chef-d'oeuvre Die Hard, au scénario aussi simpliste qu'il est d'une épure salvatrice pour un B movie à concept jouant allégrement de la testostérone (des détenus dangereux et psychopathes détournent un avion-cargo, seul un gentil prisonnier tentera de les arrêter et... c'est tout), Con Air en V.O, n'en reste pas moins la quintessence du package burné de l'époque : de la badassitude à en revendre, du gunfight et des explosions à gogos, des méchants over-the-top qui cabotinent comme ce n'est pas permis et du gentil vraiment gentil, à qui il ne faut pourtant pas baver sur les rouleaux sous peine d'avoir la b*te dans un tupperware (on t'aime Chuck ♡)... où pire.

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Nuque longue flamboyante, muscles saillants et marcel blanc piqué à son lointain cousin John McClane, Cage y campe Cameron Poe, un béret vert condamné à sept ans de prison ferme pour avoir accidentellement flingué un alcoolo lors d'un fight à la sortie d'un bar, après qu'il est lourdement dragué sa femme serveuse et enceinte.
Catapulté en taule sans pouvoir voir grandir sa fille, il va vivre de zenitude, de petites douceurs à la noix de coco et de musculation jusqu'à ce qu'on lui accorde une libération sur parole... pile poil le jour où le plus barré des détenus ricains, Cyrus Grissom, décide de détourner avec quelques potos, l'avion qui le ramenait jusqu'aux bras aimants des deux femmes de sa vie.

Même François Pignon pourrait paraître un put*** de gagnant du loto face à lui.
Mais c'est un bon gars le Poe, et comme il ne veut pas laisser seul son BFF diabétique, et qu'il a une étique - les méchants ça gagne pô -, il va rester dans l'avion, saborder le plan d'évasion des criminels avec l'aide d'un Marshall à terre, et faire que les choses rentrent dans l'ordre - happy end oblige. 

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Défiant de tout son long les lois de la logique et même de la relativité dans un dernier tiers absolument WTF-esque dans les rues de Vegas, shooté à la surenchère invraisemblable comme on l'aime, Les Ailes de l'Enfer vaut autant pour ses scènes d'action qui dépotent que pour sa galerie de gueules cassées venues cachetonner dans la joie et l'explosion de masse.

De Danny Trejo (en violeur tatouant autant de roses qu'il a de victimes sur son bras) à Ving Rhames (en chien fou accro à la gachette) en passant par Steve Buscemi (flippant en Hannibal Lecter jouant à la poupée avec les petites filles) et John Malkovich (énorme en figure du mal et de la folie absolue), tout le monde en fait des tonnes (sauf peut-être un John Cusack sobre et un poil en retrait), sublimant la partition impliquée d'un Nic Cage on fire, parfait en superman humain aux valeurs très américaines (tuer c'est mal, sauf si on veut voler le lapin en peluche de la prunelle de nos yeux), dont on se délecte des exploits tout en sachant pertinemment qu'il est impossible qu'il ne parvienne pas à atteindre son but : la définition du parfait héros increvable du cinéma musclé des 80's/90's, tout simplement. 

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Politiquement incorrect et totalement décomplexé jusque dans ses punchlines barrées, tapant en-dessous de la ceinture sans jamais vraiment chercher à viser plus haut (à quoi bon ?), le premier long - et meilleur - de Simon West, est de ses séances nécessaires pour toute déconnection cérébrale salutaire entre amis, une de ses séances régressives qui vous rendent nostalgique d'une action sans collants ni fonds verts, peu boursouflée en CGI et portée par des comédiens charismatiques dans lesquels on pouvait se reconnaître un minimum, ou auxquels on aimerait ressembler, le popotin gentiment enfoncés dans nos fauteuils.

Pas du grand cinéma (et le mot est faible), c'est certain, mais assurément du cinéma que l'on aime démesurément, et sans la moindre retenue.


Jonathan Chevrier