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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #62. American Ninja 2 : The Confrontation

© 1987 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#62. Le Ninja Blanc de Sam Firstenberg (1987)

D'une manière totalement délirante, quasiment toutes les peloches d'action venant tout droit du très (trop ?) riche catalogue de la Cannon, reussissent la prouesse incroyable de voir leur qualité régresser à mesure que l'on ponce avec gourmandise leur VHS.
Elles voient leurs " qualités " gentiment se désolidariser d'elles à mesure que les bandes s'usent... tout autant qu'elles réussisent le grand écart improbable de voir grimper en flèche leur statut de séances furieusement régressives et donc, de facto, toujours un minimum plaisantes à mirer.
Ça ne s'explique pas, même près de trois décennies plus tard, entre le patriotisme assumé (ah la Guerre Froide...) et des penchants intrinsèquement facistes, la Cannon et son concept de cinéma/restauration rapide, singé depuis par une Netflix qui n'a décemment pas inventé le concept (comme peu faussement le penser le consommateur de péloches le moins averti), fascine encore son cinéphile, et pas qu'un peu.

© 1987 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.


Sorte de Maxi Best-of du pire ayant incarné la recette parfaite du recyclage Ninja made in Golan/Globus (héros occidentalisé, pro de la tatane - ninjutsu pour les plus techniques - et ayant un poto black sachant aussi se fighter, le tout avec des méchants ninjas pas gentils), la franchise American Ninja, retitrée Warrior dans l'hexagone (causant du coup pas mal de migraines dans les étals de vidéoclubs, les titres mélangeant bêtement les sagas entre elles), aura connu cinq opus à la qualité relative - pour être poli -, un film original franchement efficace signé par l'honnête Sam Firstenberg, et quatre suites donc, torchées à la va-vite et portées alternativement par David Bradley mais surtout Michael Dudikoff, blondinet discret dont l'inexpérience en matière d'arts martiaux et le talent fantomatique pour la comédie, n'aura jamais vraiment posé un souci à la major pour lui faire porter sur ses larges épaules la saga (pire, il sera même l'une des stars maisons de la firme).
Si le bonhomme à réussi à faire son trou dans le business avant de mordre la poussière en même temps que la Cannon - au début des 90's -, il sera avant tout et surtout l'homme d'un rôle (dis comme cela, c'est noble alors qu'en fait pas du tout), pas forcément son meilleur (Matt Hunter dans le bouillant Avenging Force, toujours signé Sam Firstenberg) mais son plus mémorable : le rangers Joe Armstrong,  soldat ricain élevé au japon dans la plus pure tradition ninja, qui va se faire un malin plaisir à bouffer du trafiquant d'armes et du milliardaire accro à la génétique, dont le point commun est de toujours avoir une armée de ninjas pour garde personnelle.


© 1987 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Définitivement moins défendable qu'American Ninja, American Ninja 2, sobrement intitulé le Ninja Blanc dans l'hexagone, reste peut-être le plus jouissif de la saga, autant dans sa propension à totalement foutre en l'air tous les points positifs de son illustre aîné, que d'embrasser à pleine bouche les courbes de la série B totalement décomplexée et à la lisière du Z indéfendable.
Articulée autour d'une enquête nébuleuse faite par Armstrong et son pote Curtis Jackson dans les bas fonds d'une île fictive des Caraïbes (une passion de la Cannon), sur un milliardaire kidnappant du marines pour créer le ninja parfait et invincible pour abreuver les défenses de tous les dictateurs du monde, le film est avant tout et surtout le prétexte à une accumulation de fights chorégraphiés avec les pieds (les coups ne sont VRAIMENT pas portés), tellement ridicules qu'ils en deviennent géniaux (mention à l'attaque sur la plage, culminant à un saut d'une falaise de cinquante mètres pile poil, et sans bobos, à l'atterrissage parfait sur un petit bateau de plaisance) et feraient même passer tout savatage en règle de Terrence Hill et Bud Spencer, pour du fight millésimé orchestré par Donnie Yen.

© 1987 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Incarné avec une implication relative par des figurants sans talents se rêvant acteurs professionnels, bourré de stéréotypes absurdes et d'incohérences qui le sont tout autant, reprenant à l'aveugle la formule paresseuse mais seduisante du premier opus pour la décliner dans une histoire prétexte, entre le buddy movie limité et l'ébauche science-fictionnel d'une série pour ados made in MTV, n'ayant peur de rien pour divertir (quitte à empaler un comédien avec une lance de deux mètres fusionnée avec un balai à chiottes, où à rendre la tenue noire des ninjas, qui ont envahis en silence toutes les Caraïbes, jamais vraiment furtives puisque toujours montrée... en plein jour), pas même de se contredire (le grand vilain, " Le Lion ", jetant plusieurs millions de dollars d'investissement en l'air pour prouver la puissance de son armée de mutants ninjas... saccagée en quelques secondes par son bras droit); Le Ninja Blanc, c'est un nanar tellement WTF-esque qu'il en est génial, un sommet d'hilarité accidentelle qui incarne pleinement un produit de son époque : imparfait - et le mot est faible - mais qui te fout une nostalgie de dingue...


Jonathan Chevrier