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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #58. Shocker

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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 ! 


#58. Shocker de Wes Craven (1989)

Feu Wes Craven nous manque, terriblement, même si son cinéma n'était devenu que l'ombre de lui-même - en dehors du retour de Ghostface -, comme lors des heures les plus sombres de sa carrière, au coeur des 80's, riches en plaisir coupables et en ratages magnifiques comme... Shocker, un pur slasher fantastique aux effets visuels franchement dépassés, pour lequel le papa de Scream rêvait de refaire le même hold-up que Les Griffes de la Nuit six ans plus tôt.
Le hic, c'est qu'au-delà d'un constat purement économique (l'un est un triomphe au B.O., l'autre un flop gênant), A Nightmare on Elm Street est un sommet du cinéma horrifique moderne alors que le dernier nouveau né, à l'époque, du cinéaste, n'est qu'un petit rip-off mal luné de Hidden, savoureux dans ses travers là où il aurait pu, avec plus d'ambition et de rigueur, être une version encore plus sombre et mature des aventures sanguinaires et fantasmagoriques du tueur à la gueule cramée.

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Tout ce qu'aurait pu/dû être le film, tient dans son premier tiers haletant et d'une noirceur abyssale : un tueur en série insaisissable et terrifiant, Horrace Pinker (le génial Mitch Pileggi, parfait en crevure déglinguée), tue sans réfléchir tout ce qui passe en travers de son chemin, et fait vivre une terreur sans nom à L.A.
Le hic, c'est qu'en se prenant à la mauvaise famille, il va se mettre à découvert en hantant les rêves prémonitoires d'un jeune lycéen, Jonathan Parker (Peter Berg, devenu meilleur cinéaste que comédien), qui voit la mort de sa mère adoptive et de ses petits freres et soeurs avant qu'il n'arrive, sans pouvoir l'empêcher pour autant.
Un lien unit les deux hommes, et une fois Pinker arrêté (il tuera juste avant, la petite amie de Jonathan, par pire vengeance, dans un bain de sang défiant toute rationalité) et condamné à la chaise électrique, le calme ne revient pas pour autant dans leur existence, puisque le tueur résistera à une charge de 200.000 volts - grâce à une incantation au dieu... de la télévision (Michel Drucker ?!) -, et continuera, même plus ou moins mort, a mener la vie dure à Jonathan et ses proches, en sautant de corps en corps...
Et c'est à ce moment-là que Shocker se transforme en gros nanar des familles risible à souhait, là ou il aurait pu être un bijou de bande horrifique peu aimable et angoissante dans sa crudité viscérale.
Plombé par une intrigue facile et peu crédible, qui ne s'embarasse ni d'explication ni d'une potentielle complexité (à quoi bon hein) et encore moins de dialogues bien écrits (c'est un festival de répliques foireuses, sublimées par une VF au diapason), abandonnant le thriller surnaturel (mais pas totalement, puisqu'il s'entête à ajouter une pluie de séquences de rêves dispensables) pour se diriger lourdement et sûrement vers le slasher comique avec un clown fantôme qui n'a plus rien de flippant - mais qui devient du coup vraiment drôle grâce au cabotinage assumé de Pileggi -, mais surtout une aventure sur pellicule plus vraiment captivante et défendable, jusqu'à un final WTF-esque (au coeur d'une télévision et de ses programmes).

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Un gros sentiment de gâchis s'en dégage durant sa longue dernière heure et pourtant, ce bon gros film d'horreur heavy metal et bouffon n'en reste pas moins un pur plaisir coupable et nostalgique, qui mérite bien sa petite vision au hasard d'une soirée où le souvenir béni des 80's revient nous hanter.
Tout comme celui affreusement triste de se dire, que l'un de ses plus grands cinéastes, n'est désormais plus...


Jonathan Chevrier