Breaking News

[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #47. Angoisse

Copyright Droits réservés

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#47. Angoisse de Bigas Luna (1987)

Rares sont les films qui atteignent le niveau de maestria du film de Bigas Luna en terme de mise en abîme au cinéma. Angoisse commence comme un film d’horreur surréaliste efficace, développant une intrigue à base de relation mère/fils malsaine, de tueur obnubilé par les globes oculaires et de séances d’hypnose obsédantes. En bref ça démarre comme une bonne grosse péloche horrifique made in 80’s, avec du gore sale, une bonne dose d’onirisme macabre et des tronches de cinéma mémorables. (Zelda Rubinstein et Michael Lerner, tous deux complètement dingues).
Mais assez vite, on va se rendre compte que ce que l’on voit depuis le début est un film dans le film, et on va être introduits à de nouveaux personnages ; des jeunes femmes, au cinéma, regardant le film avec nous. Et ça devient brillant quand le tueur décide d’aller accomplir sa prochaine tuerie… Dans un cinéma. La notion de réel devient alors de plus en plus floue à mesure que le film gomme les limites entre les deux univers, entrainant le spectateur dans les abîmes d’une angoisse, tout est dans le titre, vertigineuse. 

Copyright Droits réservés

C’est le génie de Bigas Luna dans ce film culte : intriquer non pas deux en vérité, mais trois niveaux de réalité, le troisième étant celui vécu par le spectateur. La salle de cinéma dans laquelle il se trouve devient une extension du film, un décor à part entière de celui-ci. En brouillant constamment les frontières entre ces différents niveaux de réalité de par la réalisation, le montage, la lumière ou encore le merveilleux travail sur le son, il plonge le spectateur dans un climat suffoquant et paranoïaque qui ne lui laissera pas une seconde de répit. La salle de cinéma du film, la salle de cinéma du film dans le film, et sa salle de cinéma à lui, dans laquelle il est confortablement installé avec son popcorn : tout se ressemble, tout se mélange et cela fait d’Angoisse plus qu’un film horrifique. C’est une véritable expérience sensorielle, qu’aucune technologie de cinéma en 4D n’égalera jamais. C’est un grand film radical, pervers et manipulateur, au pouvoir de fascination sans borne.
Vous aurez compris qu’Angoisse, même s’il reste un excellent film à voir dans son salon, est un film qui a été pensé pour prendre tout son sens lors d’un visionnage en salle. Alors si une occasion se présente de le voir dans les bonnes conditions, ne la laissez pas passer, ou vous pourriez bien passer à côté d’une expérience de cinéma unique.


Kevin