[CRITIQUE] : Duelles
Réalisateur : Olivier Masset-Depasse
Acteurs : Veerle Baetens, Anne Coesens, Mehdi Nebbou,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame, Thriller
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h33min
Synopsis :
Au début des années 1960, Alice et Céline vivent avec leurs familles dans la banlieue de Bruxelles. Elles sont les meilleures amies du monde jusqu’au jour où survient un événement tragique qui vient bouleverser leur univers quotidien.
Critique :
À la lisière du cinéma béni d'Alfred Hitchcock, #Duelles est une merveille de thriller manipulateur et paranoïaque niché dans un drame intime bouleversant, une belle claque hypnotisante portée par deux héroïnes Lynchiennes, les fantastiques Veerle Baetens et Anne Coesens pic.twitter.com/JbPRoOBTH3— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 1, 2019
Doucement mais sûrement, à force de choix judicieux et de performances lumineuses, la sublime Veerle Baetens s'est gentiment installé comme l'une des plus belles étoiles d'un septième art belge encore trop meconnu malgré le talent certain qui vibre en lui.
Héroïne époustouflante de l'excellente série Tabula Rose l'an dernier, thriller psychologique inventif qu'elle domine de la tête et des épaules, la voici de retour au sein d'un nouveau thriller prometteur, sur grand écran cette fois, Duelles d'Olivier Masset-Depasse, aux fortes résonances Hitchcokiennes.
Flanqué dans la banlieue chic du Bruxelles des années 60, et articulé autour d'une amitié féminine fusionnelle entre deux voisines BFF, qui va douloureusement basculer lors de la mort tragique du fils de l'une d'elle, Duelles, qui porte formidablement bien son titre (et ce dès l'introduction, où les différences entre les deux femmes couplés à leurs attitudes hostiles et suspicieuses l'une envers l'autre, met directement dans l'ambiance) abat férocement les cartes du suspense viscéral pour mieux étoffer un drame intime suffocant sur une amitié excessive, nourrit par la paranoïa, la manipulation sournoise et l'ambivalence de deux héroïnes passionnantes dans leur travers, leur fragilité et surtout leur face sombre.
Brouillant constamment les pistes pour mieux garder la virginité de son mystère intacte le plus longtemps possible, jouissivement pervers comme tout bon De Palma qui se respecte - le meilleur des élèves du roi Hitchcock -, au sein d'une intrigue sinueuse et haletante, sondant la douleur aussi dévastatrice du deuil parentale que la peur terrifiante de perdre la chair de sa chair, Duelles est une belle petite claque obsédante, à la fois d'une rare beauté et delicieusement dérangeante, qui ne laissera aucun spectateur indifférent.
Surtout que dans ce cocktail molotov incroyablement explosif, où la mise en scène (très Lynchienne dans son approche sensorielle du roman de Barbara Abel, Derrière la haine) brille autant que le score, dément et formidblement pesant (Frédéric Vercheval), deux déesses, tout droit sorties d'un cauchemar Lynchien - Veerle Baetens la blonde et Anne Coesens la brune, so Mulholland Drive -, hypnotisent nos rétines et signent deux performances absolument éblouissantes.
Duelles est un tout fantastique, et le mot est faible.
Jonathan Chevrier