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[CRITIQUE] : Long Way Home


Réalisateur : Jordana Spiro
Acteurs : Dominique Fishback, Tatum Marilyn Hall, John Jelks, Max Casella, Erin Darke, James McDaniel,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
A sa sortie de prison, Angel, 18 ans, retrouve sa jeune sœur Abby dans sa famille d’accueil à Philadelphie. Malgré leur profonde complicité, le drame qui les a séparées a laissé des traces. Avant de tourner la page, Angel sait qu’elle doit se confronter au passé et convainc Abby de l’accompagner dans son périple. Ensemble, elles prennent la route, sans mesurer ce que va provoquer chez elles ce retour aux sources.



Critique :



Il y a des séances qui, sans que l'on ne les voit franchement venir, vous bouleversent au plus haut point par la simplicité de leurs histoires, ancrées dans une authenticité de ton et d'émotions tellement fort que l'on se demande même à la sortie de la salle, si tout ce que l'on a pu voir est réellement tiré d'un vrai bout d'existence de ces interprètes, ou simplement un petit bijou de cinéma naturaliste et plein de grâce.
Comme bon nombre de petites bombes indépendantes made in USA, Long Way Home de Jordana Spiro - dont c'est le premier long, et qui fut produit dans la douleur - s'inscrit sans forcer dans cette catégorie, avec son portrait intime et pudique de deux soeurs lancées dans une odyssée rédemptrice absolument déchirante.
Tout en douceur et en sobriété, ne tombant jamais dans l'écueil facile du misérabilisme et encore moins dans la critique politique d'un système au moins autant à la dérive que ses héroïnes, sans pour autant se priver d'effleurer du bout de la caméra, plusieurs thèmes sociaux importants (les failles abusives du système de protection de l’enfance US, le délaissement d'une partie de la population, majoritairement noire, le traitement de la délinquance, ici juvénile,...); le film de Spiro ne fait que prendre fait et cause de sa sororité, vagabondant dans les rues désolées de Philadelphie : Angel (Dominique Fishback, incroyable), jeune adolescente sur le fil et fraîchement sorti de taule, et la plus jeune Abby (Tatum Marylin Hall, touchante), pour qui sa grande soeur est un modèle, deux exemples cruels et tragiques d'une enfance malmenée et frappée par la tragédie.



Deux âmes aussi fragiles que le lien qui les unit, se lançant à corps perdus dans une quête de rédemption passant par la vengeance (par la confrontation à un passé douloureux, personnifié par un père qui a tout brisé et précipité ses filles dans le malheur absolu) mais aussi la reconstruction (familiale) inévitable, pour mieux entrevoir un lendemain jamais vraiment esquissé, et encore moins pétri d'optimisme.
Long Way Home s'inscrit dans l'instant T, joue habilement du non-dit et de l'ellipse tout en prenant son temps pour narrer avec délicatesse et sobriété, l'intensité d'une escapade aux douloureuses allures de perdition, de deux enfants qui ne le sont plus depuis bien trop longtemps, et dont l'intensité, l'incompréhension et la rage qui les habite, n'est qu'une cocotte-minute qui ne demande qu'à exploser à la face d'un monde qui les rejette sans raison.
En ne s'attachant qu'à ses deux soeurs, dont la journée passée ensemble va considérablement les changer - en bien -, Jordana Spiro signe une oeuvre poétique et honnête sur la connexion humaine et ce besoin cruel d'amour, nécessaire à toute (sur)vie, autant qu'un beau film sur un sujet infiniment grave, traité avec sobriété.
Il a décemment mérité son Prix du Jury lors du dernier Festival du Film Américain de Deauville.


Jonathan Chevrier


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