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[CRITIQUE] : Colette


Réalisateur : Wash Westmoreland
Acteurs : Keira Knightley, Dominic West, Eleanor Tomlinson,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
1893. Malgré leurs quatorze ans d’écart, Gabrielle Sidonie Colette, jeune fille à l’esprit rebelle, épouse Willy, écrivain aussi égocentrique que séducteur. Grâce à ses relations, elle découvre le milieu artistique parisien qui stimule sa propre créativité. Sachant repérer les talents mieux que quiconque, Willy autorise Colette à écrire – à condition qu’il signe ses romans à sa place. Suite au triomphe de la série des Claudine, il ne tarde d’ailleurs pas à devenir célèbre. Pourtant, tandis que les infidélités de Willy pèsent sur le couple, Colette souffre de plus en plus de ne pas être reconnue pour son œuvre…



Critique :

Qu'on se le dise, tout film historique - et ils sont légion - avec la sublime Keira Knightley, se savoure telle bonne Madeleine de Proust, pas toujours fine certes mais qui se mange sans faim.
Nouvelle pièce d'un édifice qui s'apparente de plus en plus à un Cinematic Universe digne du MCU,- ou presque -, Colette de Wash Westmoreland se pare d'une importance plus prégnante que les précédentes péloches de la comédienne, tant elle s'échine à offrir un regard racé et puissant sur la femme de lettres " scandaleuse " que fut Colette, femme aux talents multiples (romancière, actrice, mime,...) dont les écrits, épurés mais pas moins riches et complexes, l'ont élevé au rang de plume d'exception dans la littérature de l'entre-deux-guerres.


Une figure féminine moderne et rebelle - ou plutôt avant-gardiste, dont le cinéaste épouse totalement la cause dès les premières bobines du métrage, d'un mariage conventionnel et vampirique - dans tous les sens du terme - à une émancipation, une indépendance salvatrice, débarrassée de ces entraves patriarcales et d'un rapport prisonnier à la production littéraire, Colette incarne une véritable ode à la gloire de son héroïne, n'hésitant jamais à pointer du bout de la caméra, la nature compliquée de ses personnages, entre attitudes complexes (face à la sexualité, l'amour, la création,...) et désir ardent de bousculer les conventions.
Porté par un ton léger et aéré et une facture joliment familière (on est pleinement sur les sentiers du biopic dramatique so british, et c'est loin d'être déplaisant), la caméra voguant entre haute société et demi-monde avec fluidité, Wash Westmoreland rend justice à l'histoire, préfère les arcanes de la métamorphose, de la transformation de Colette plus que la vision de sa grandeur établie, un parti pris intelligent surtout qu'il a constamment le bout goût de ne pas se perdre pour autant dans un récit qu'il ne peut maitriser (la part sombre, sauvage de la romancière, est à peine esquissée) que dans un éclat stylistique grossier, et s'offre même quelques envolées poétiques séduisantes (les promenades dominicales dans les parcs parisiens en tête), digne des plus belles peintures de Georges Seurat.


Mieux, sa direction d'acteurs appliquée, permet à une Keira Knightley impliquée, de signer l'une de ses plus impressionnantes performantes à ce jour.
Joyeuse, exaspérée - et exaspérante aussi -, enflammée, l'actrice irradie le film de sa beauté et de sa prestance, tandis que l'excellent Dominic West incarne avec justesse son mari Willy, libertin plus ou moins spirituel à l'appétit aussi vorace pour les femmes que pour une gloire qu'il ne mérite pas.
Sans totalement révolutionner le genre, Colette incarne un biopic un poil poli mais plaisant et nuancé, sur une femme, un phénomène à l'aube de la consécration et de la vraie découverte du monde, qui se bat pour l'avenir et sa liberté (artistique et sexuelle en tête), là ou les conventions et son mari, restent furieusement coincés dans le passé.


Jonathan Chevrier



Colette l’écrivaine a toujours été un personnage fascinant de l’histoire littéraire française. Indépendante, multi-talentueuse et résolument moderne, son histoire n’en finit pas d’impressionner. Un film sur sa vie sera donc forcément passionnant de part le matériau de base. Colette, le film, est donc logiquement très intéressant. La vie de Colette, de sa rencontre avec son futur époux Willy à son début en tant qu’écrivaine à son propre compte, est retranscrite de manière détaillée, montrant ses choix, ses raisons et ses fulgurances.
Des décors bucoliques, Paris au début du XXème siècle, l’atmosphère d’un appartement haussmannien, tout invite au voyage dans l’univers de Colette.
Sa volonté de s’affirmer, sa sexualité libre et sa sensibilité artistique sont les trois vecteurs de ce film, bien mené et au rythme bien géré. Seulement ce récit semble très linéaire et n’arrive pas à s’écarter du biopic de bonne facture.


Keira Knightley reste sur ce qu’elle est habituée à faire, certes brillamment. Dominic West est meilleur dans son rôle de Willy, un homme de peu de principes mais à l’esprit d’entreprise visionnaire. Les autres acteurs peinent à se distinguer, la faute à une écriture qui ne leur laisse que très peu de place : la mère de Colette (pourtant jouée par Fiona Shaw), les autres écrivains de la maison Willy, les amantes de l'héroïne sont oubliables et ne servent que de personnages fonctions. Le film va vite, ne s’attardant que peu sur les moments d’ombre pour ne faire durer que les contrariétés rapidement suivies de succès.
Au final, Colette est un film plaisant à regarder mais qui ne transcende aucunement son objet de base. Il aura au moins le mérite de montrer au grand public une carrière de femme émancipée et réussie, aussi bien dans sa liberté créative que sexuelle.

Léa
 

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