[CRITIQUE] : Spider-Man : New Generation
Réalisateur : Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman
Acteurs : Avec les voix de Shameik Moore, Jake Johnson, Hailee Steinfeld, Mahershala Ali, Brian Tyree Henry, Nicolas Cage, Liev Schreiber,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Animation, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min.
Synopsis :
Spider-Man : New Generation présente Miles Morales, un adolescent vivant à Brooklyn, et révèle les possibilités illimitées du Spider-Verse, un univers où plus d’un peut porter le masque…
Critique :
C'est en misant sur l'animation que Sony semble enfin avoir tout bon avec l'homme araignée tant #SpiderManNewGeneration est un véritable OFNI pop, expérimental, fun et coloré ressemblant à un vrai comic-book porté sur un écran ne paraissant jamais suffisamment grand. Un pur kiffe pic.twitter.com/cnczIZPI4I— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 14 décembre 2018
2002, le merveilleux Spider-Man de Sam Raimi débarque dans les salles obscures, fier d'incarner un rêve devenu réalité pour tout fan du comic-book créé par Stan Lee et Steve Ditko.
2018, cinq films supplémentaires - dont deux reboots - plus tard, et loin d'être aidé par une méthode " Marvelienne " ayant totalement gangrené toutes les majors Hollywoodienne, le tisseur est devenu la figure de proue d'un univers partagé aux savoureuses allures de gros bordel désorganisé nourrit aux spin-offs en tous genre, majoritairement promis à être les cibles d'une moquerie publique programmée si leurs productions s'avèrent aussi limitées que la castrophique atomique (mais écononomiquement très lucrative, aussi incohérent que cela puisse paraître) Venom de Ruben Fleischer.
Une étiquette pas forcément reluisante pour la saga, voire même limite inquiétante quand on sait que le pilier censé soutenir l'édifice est lui-même, un spectacle certes généreux et appréciable, mais surtout furieusement balisé et bancal : Spider-Man Homecoming de Jon Watts.
Pas forcément le climat le plus propice donc, pour qu'un film Spider-Man entièrement animé, vienne pointer le bout de son nez au sein d'une fin d'année ciné 2018 boursouflée en sorties alléchantes et variées.
Et pourtant, c'est justement en misant sur l'animation que la firme semble, enfin, avoir tout compris au matériau de base.
Complètement en avance sur son temps tant il ne ressemble à aucun de ses petits concurrents (même les gros films d'animation de chez Disney), Spider-Man : New Generation est un véritable OFNI pop et coloré ressemblant à un vrai comic-book porté sur un écran ne paraissant jamais suffisamment grand.
Plus singulier encore, il se paye le luxe d'offrir une vraie évolution mythologique à la figure de l'homme araignée, en explosant les coutures castratrices de la simple origin story pour mieux incarner une aventure shootée aux possibilités multiples d'un multivers délirant (nouveaux personnages, décors, vilains,...).
Chaque parcelle d'humour est savamment dosée, chaque morceau de bravoure, en plus d'être formellement virtuose, est en outre porteur d'un véritable enjeu, qualité faisant méchamment défaut à bon nombre de films super-héroïques actuels.
Mettant tout ce qu'il a dans sa besace à l'écran avec une générosité sans bornes (quitte à paraître franchement bordélique), le film affiche tout du long sa volonté de nous en donner pour notre argent, tout en préservant autant la poésie et la folie enthousiasmante que le ton férocement décomplexé de son riche univers.
Transcendant constamment les limites d'un scénario volontairement prévisible et simplifié, porté par une animation léchée, des personnages joliment attachants (et auxquels le film s'attache réellement en retour) et des références habilement digérées, Spider-Man : New Generation est une oeuvre expérimentale et brillante qui célèbre avec maestria la figure de l'homme-araignée, qui rythme nos " geekeries " depuis plus d'un demi-siècle maintenant.
On a sans doute pas autant pris notre pied devant une bande animée depuis le fantastique La Grande Aventure Lego de Phil Lord et Chris Miller - lui aussi franchisé très tôt après sa sortie en salles.
Stan Lee peut reposer en paix, tant qu'il reste dans le giron de l'animation, son Spidey a de beaux jours devant lui...
Jonathan Chevrier
Spider-Man est le super-héros le plus réadapté ces vingt dernières années. Depuis les années 2000, l’araignée est apparue sept fois (sans compter cette nouvelle adaptation, dont nous allons parler). De 2002 à 2007, dans la (superbe) trilogie de Sam Raimi, interprété par Tobey Maguire, dans les deux films Amazing Spider-Man (pas si amazing que cela finalement), interprété par Andrew Garfield, puis l’homme araignée fait sa grande entrée dans le MCU (Marvel Cinematic Universe) en 2016 dans Captain America : Civil War, interprété par Tom Holland. Chaque nouvelle adaptation des aventures de Peter Parker avait une raison : un désaccord entre la production et Sam Raimi pour un éventuel quatrième film qui n’a jamais vu le jour, Sony ne voulant pas perdre les droits s’est mis en tête de tout rebooter et de prendre un autre réalisateur, Marc Webb. Ensuite, Marvel a voulu récupérer Spider-Man dans leur univers, Jon Watts s’est vu à la tête des films sur le personnage dans le MCU avec Homecoming et Far From Home qui sortira en 2019. Mais quid de Spider-Man : New Generation ? Il est vrai que nous n’avons jamais eu de film d’animation pour ce super héros, c’est donc une grande première. La nouvelle devient bigrement intéressante quand on s’aperçoit que le film sera centré non pas sur Peter Parker, mais sur Miles Morales, un autre Spider-Man apparu en 2011 dans les comics. Cela donne le ton du film, centré sur les différents hommes et femmes araignée d’univers différents.
Si le projet faisait peur, le résultat est là et il est bon. L’animation se trouve être une bonne idée et rend ses lettres de noblesse à un super héros dynamique, drôle et coloré. Le style comic book de New Generation se plie à l’histoire et permet des plans ambitieux. Un vent frais et jeune traverse le film, où nous avons enfin l’impression de voir autre chose concernant Spider-Man. Miles est un adolescent au lycée, comme Peter, tout en se démarquant par sa personnalité. Il se fait également piqué par une araignée, mais ses pouvoirs sont différents. Tout est fait pour contenter les fans (en allant même insérer des petites blagues méta bien placées). Le scénario s’amuse avec son spectateur, prenant en compte le fait qu’il connaît déjà l’histoire.
Si les méchants ont une place si minime finalement c’est parce que le film s'intéresse au combat interne du personnage. Comment trouver sa place et passer après Peter Parker, LE Spider-Man pour la majorité du public ? Le film exploite cette problématique et le message qu'il délivre est d’une surprenante bienveillance. En alliant l’intime et passage de bravoure grandiose et héroïque, Spider-Man : New Generation est sans aucun doute un des meilleurs films de la mythologie de l’araignée, la naissance d'un nouveau super-héros
Oeuvre pop, fun et multidimensionnelle, Spider-man : New Generation sonne comme le renouveau inattendu d’un genre super-héroïque plus que figé ces dernières années. Un film jouissif, drôle et rythmé, portant un véritable éloge à la diversité.
Laura Enjolvy