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[CRITIQUE] : Cassandro The Exotico !



Réalisateur : Marie Losier
Acteur : Cassandro.
Distributeur : Urban Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h13min.

Synopsis :
Dans le monde flamboyant de la Lucha Libre, Cassandro est une star incontournable. Il est le roi des Exóticos, ces catcheurs mexicains travestis. Malgré ses mises en plis et ses paupières maquillées, Cassandro est un homme de combat extrême, maintes fois Champion du Monde, qui pousse son corps aux limites du possible. Après 26 ans de vols planés sur le ring, Cassandro est en miettes, le corps pulvérisé et le moral laminé par un passé traumatique. Il ne veut cependant pas s’arrêter ni s’éloigner du feu des projecteurs...





Critique :



Aussi théâtrale et cynégétique soit-il, le catch, véritable sport spectacle - et encore plus depuis la main mise sur le business de la surpuissante WWE -, n'a pourtant pas réellement eu les honneurs de péloches dignes de ce nom sur grand écran, mis a part le bijou The Wrestler de Darren Aronofsky.
Après tout à quoi bon faire du cinoche avec un sport qui, sur le ring, fait justement du cinéma avec des combats ampoulés à l'issue aussi courue d'avance que les coups assénés ?
Avec une telle pensée, évidemment, cela ne servirait strictement à rien de se donner la moindre peine à filmer ce qui peut s'assimiler à des pros de la gonflette aux punchlines (souvent) faciles.
Et pourtant, ce serait décemment se priver de découvrir moultes figures fascinantes - surtout quand elles sont en bout de course -, d'apprendre à connaître ces hommes et ces femmes défiant la raison et dédiant leurs corps sur l'autel de l'entertainment, pour mieux électriser une foule se laissant volontairement berner par leur " fausses " bagarres, tout en étant ébloui par leurs vrais exploits physiques (c'est un fan qui aime justement se faire berner depuis qu'il est tout petit, qui écrit ces mots).




Et en parlant de figures singulières, Cassandro The Exotico aka Saúl Armendáriz, luchador mexicain légendaire et véritable icône gay/transgenre, en est une, une vraie.
Roi de la Lucha Libra (la lutte est une véritable religion au Mexique,) sans doute la branche la plus spectaculaire du catch moderne et donc la plus exigeante pour les corps (c'est un délice pour les yeux de tout fan de lutte professionnelle), il est aujourd'hui au crépuscule de sa carrière et inévitablement, à un carrefour de sa vie.
En narrant avec une vérité sans bornes autant les traumas d'une vie passée (enfance difficile, addiction à la drogue, alcoolisme,...), sa manière d'imposer de force son exubérance dans un monde boursouflé par la virilité écrasante et compétitive, les douleurs physiques et mentales du présent que les peurs terrifiantes du futur (et la douloureuse question du : et après ?), Marie Losier sonde l'infini détresse d'un homme qui s'est construit et défini par le personnage qu'il a crée aux yeux du monde au point de littéralement se confondre dans les deux figures de sa propre personnalité; un témoignage fort que la cinéaste capte en plaçant à la fois sa caméra et sa personne (elle est un vrai personnage du film à part entière) au plus près de son sujet.
Bouffant de vérité et d'authenticité, vraie morceau de confession intime sans la moindre pudeur filmé de manière totalement folle et inventive pour mieux accentuer la proximité entre le spectateur et Cassandro, Losier fait parler les images plus que les mots, tout comme son héros fait parler son corps et son exubérance plus que toute autre chose, tel un artiste peignant sa performance sur le ring, une peinture physique et tout en muscle toujours differente car chaque soir, chaque combat à sa propre histoire - parfois tragique.




Documentaire totalement nourrit et hypnotisé par son sujet (Losier et Armendáriz sont réellement amis dans la vie), fantaisiste, drôle et dégoulinant la culture latine de tous les pores de sa pellicule, Cassandro The Exotico ! est une vraie proposition de cinéma à part entière, un portrait touchant, colorée et d'une humanité déchirante sur un homme dont le corps meurtri demande un repos du guerrier que l'ego de ce même guerrier ne peut donner, quitte à faire le show de trop.
L'adversaire peut vous river les épaules pour le compte de trois, mais seule la vie peut réellement vous mettre k.o., que ce soit sur ou en dehors du ring...


Jonathan Chevrier




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