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[GUINNESS, CORK ET CINE] #2. : Grease en version singalong !


#2. Grease en version singalong !

Bonjour, Bonsoir, me revoilà pour un deuxième article au cœur de la deuxième ville d’Irlande, vous racontant ma découverte de la culture irlandaise au travers du cinéma. J’ai pu voir beaucoup de films depuis le dernier article, dans des contextes très différents, et je suis très contente de ce premier mois cinéphile à Cork!
Ici, nous n’allons pas parler d’un film typiquement irlandais comme dans le billet précédent, mais bien d’un grand classique, d’un “film culte”. Je vous conseille ainsi l’excellente vidéo de Marion sur la chaîne Youtube Fucking Cinephiles qui analyse les raisons d’un tel qualificatif. En plus il y a plein d’extraits du film dans la vidéo pour vous remémorer ses séquences si jamais vous aviez besoin d’un petit rafraîchissement de mémoire. Ce film, c’est donc Grease de Randal Kleiser, sorti en 1978!


Photo: Courtesy of Paramount Pictures

Ce film a donc 40 ans, et pour l’occasion, la UCC (le nom de mon université à Cork) Musical Society (l’association qui produit des spectacles musicaux semestriels) a décidé de projeter le film dans un amphithéâtre en version “sing-along”. Cela stipule qu’il est fortement recommandé de chanter à tue-tête toutes les chansons du film en même temps que les protagonistes à l’écran. N’ayant jamais assisté à ce genre de séance et ayant une forte passion pour le chant, c’est tout naturellement que je me suis rendue à événement (et que par la suite je me suis rendue à “l’open mic” [scène ouverte] dans un pub avec la Musical Society afin de prouver que cette passion doit encore se travailler, mais c’est une toute autre histoire).
J’arrivai donc dans l’amphithéâtre à moitié plein, et déjà les popcorn et autres sucreries gratuitement mises à disposition circulaient. Les irlandais savent très bien vendre leurs événements. Je m’installe aux côtés de deux étudiantes irlandaises sympathiques qui répètent déjà You’re the One That I Want. Ca donne le ton ! La séance commence, présentée par l’enthousiaste président de l’association qui recommande de se présenter aux auditions pour la comédie musicale de Noël. Pourquoi n’a-t-on pas ce genre de society en France ? 



Photo: Courtesy of Paramount Pictures

J’avais déjà vu Grease en étant plus jeune, et je m’en rappelle en avoir adoré les chansons mais avoir complètement détesté la morale de fin. Dans ma perception, il s’agissait d’un film daté encourageant les femmes à changer pour leur homme et pas l’inverse, et j’avais trouvé cela éminemment détestable. Pourquoi Sandy devait-elle devenir sexy et se mettre à fumer des cigarettes alors que Danny pouvait aller danser avec la première championne de chacha venue et s’offusquer de ne pas pouvoir “peloter” sa petite amie ? Non, vraiment, cette implication me dérangeait beaucoup.
Mais ce deuxième visionnage a complètement changé ma perception du film. Je le revoyais ainsi en VO avec les sous-titres (ce qui aide lorsque l’on est pas encore complètement bilingue comme moi) et je pouvais ainsi comprendre toutes les subtilités des dialogues. Mais c’est également la nature de la séance qui a joué : en effet, les personnes présentes dans la salle réagissaient au film au-delà des chansons, en riant devant l’absurdité de certaines situations ou l’humour des dialogues. Et c’est ainsi que j’ai compris ce qu’était vraiment Grease, alors que la salle se moquait de l’attitude détestable de Danny : un film à prendre avec ironie, une critique mordante du sexisme et du poids des apparences, le tout avec des chansons rétros années 50! 



Photo: Courtesy of Paramount Pictures

De fait, le film sorti à la fin des années 70 a pour cadre un lycée des années 50, et n’a donc pas vocation à être réaliste, mais déjà à l’époque de sa sortie, d’évoquer la nostalgie de l’adolescence et de la critiquer à la fois. Cette seconde lecture m’est apparue évidente lors de la scène du drive-in, alors que la salle se moquait de la chanson de Danny après qu’il ait essayé sans succès d’embrasser et plus si affinités Sandy. Les gens la chantaient avec ironie et plaisir à la fois. Ou alors lors de la chanson Greased Lightning, à connotation très sexuelle, pendant laquelle la salle riait, chantait et même imitait la chorégraphie! Grease est un film “familial”, une comédie “tout public” tout en restant subversive, consciente de son kitsch et le maniant avec dextérité et ironie, et la salle l'avait très bien compris.
J’ai aussi pu comprendre beaucoup mieux la morale du film. De fait, Danny ne fait rien de mal avec la danseuse lors du concours, car qui peut le blâmer de vouloir gagner la compétition (ok, peut-être que mon âme de danseuse de salsa prend le pas ici). C’est aussi à ce moment que je me suis rendue compte que la chorégraphie de Las Ketchup était juste copiée de ce film, scandale ? De plus, lui aussi change à la fin du film en devenant plus sage et en se motivant pour intégrer l’équipe de sport pour faire bonne figure devant Sandy. 



Photo: Courtesy of Paramount Pictures

Finalement, les rires dans la salle et autres injonctions au film faites par les spectateurs m’ont permis de comprendre que le film se moque de chacun de ses personnages mais qu’en même temps il les aime profondément. La salle semblait ainsi porter un amour inconditionnel aux personnages de Frenchie et de Rizzo, personnages qui m'avaient paru insupportables au premier visionnage mais qui me semblaient désormais irrésistibles et touchantes. Les chansons sont toujours, 40 ans après, l’objet de passions et de chant en chœur dans un amphi sombre à 22h, et les répliques sont encore connues par des jeunes de 20 ans. Cette séance valait autant pour le film projeté que pour les spectateurs, tous à fond et beaucoup trop drôles. Et quand le public et le film sont autant en symbiose, c’est là que l’on reconnaît un film culte.


Bises irlandaises,
Léa


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