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[CRITIQUE] : Thunder Road


Réalisateur : Jim Cummings
Acteurs : Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain
Durée : 1h31min.

Synopsis :
L'histoire de Jimmy Arnaud, un policier texan qui essaie tant bien que mal d'élever sa fille. Le portrait tragi-comique d'une figure d'une Amérique vacillante.




Critique :

A la mort de sa mère, Jimmy Arnaud, policier texan, rencontre une crise existentielle. Il est sur le point de perdre la garde de sa fille et ses nerfs commencent à lâcher.
D’abord court-métrage basé sur la chanson de Bruce Springsteen (ici absente), Thunder Road est devenu, face à son succès, un long. Après une présence plus ou moins discrète mais souvent auréolées dans plusieurs festivals dont Sundance ou Deauville, le film est sorti sur les écrans français, proposant au public de l’hexagone une vision un peu différente du flic texan. Loin des stéréotypes viriles, Jimmy est en perte de repère, à la fois ramené, par le décès de sa mère, à une condition d’enfant et poussé par la volonté de se distinguer au sein de sa brigade. Le personnage fait face, tout au long du film, à des déconvenues parfois extrêmement difficiles à vivre, qu’il accueillera avec une trop grande naïveté, ne parvenant jamais à s’en dépêtrer. L’idée d’une pathologie arrive et on se demande si le vrai sujet du film n’est en fait pas la forme de dépression dont souffre Jimmy.


A travers un registre tragi-comique exploité à merveille, qui déconstruit à la fois cette image du flic mentionnée précédemment, Thunder Road fait revenir l’homme à l’état de l’enfant qui, face à la tournure que prend sa vie et au décès de sa mère, est désarmé face au quotidien. C’est le réalisateur, Jim Cummings, qui interprète le rôle principal, passant du rire au larme dans une interprétation parfois et volontairement hystérique. Cette position peut agacer tout comme la façon dont la tendance du film à patiner ou tomber dans de la redondance. On regrettera d’ailleurs un ventre mou au milieu, un instant pendant lequel la temporalité du monde réel se fait à nouveau ressentir. Néanmoins, ce patinage n’est pas ce que l’on pourrait qualifier d’une posture vaine car l’usure sert aussi l’œuvre, jouant habillement avec les espoirs et la chute de son personnage, coincé dans sa situation qu’il ne cesse d’embourber par ses excès émotifs.
Pour laisser un instant parler l’affect, Thunder Road est aussi un film profondément bienveillant. D’abord envers son personnage puisqu’à aucun moment il ne passe pour complètement ridicule (malgré la pente glissante sur laquelle on semblait être engagé) mais également par sa volonté de traiter le deuil de la manière la plus juste possible. Que reste-t-il après avoir perdu un parent, quand les piliers d’une éducation s’écroulent et l’homme redevient un enfant ? Comment surmonter cette épreuve ? Toutes les réponses se trouvent dans l’introduction mais ne sont acquises qu’après le chemin mené par le personnage au fil de l’œuvre. Ce chemin est d’ailleurs habillement construit, les scènes sont toutes un peu plus fines qu’elles en ont l’air, les indices étant globalement bien dissimulés sous des pitreries ou les absurdités existentielles.


On constate finalement que sous son hystérie générale et ses gags mâtinés de drames, Thunder Road traite ses thèmes avec une sensibilité et une justesse inattendue. La comédie permet de ne jamais tomber dans le misérabilisme face à cette descente aux enfers d’un personnage qui émeu par son incapacité à trouver sa place. Toujours trop bruyant, faisant sans cesse preuve de sentiments exacerbés, ne parvenant guère à se canaliser, cette figure en marge est davantage l’illustration d’un mal-être et d’une difficulté personnelle que d’un (malgré tout et pour notre grand plaisir bien présent) exercice d’acteur. Si le film n’évite pas tous les défauts on se surprend tout de même, à plusieurs reprises, à avoir la gorge nouée.


Manon Franken

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