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[CRITIQUE] : Mademoiselle de Joncquières


Réalisateur : Emmanuel Mouret
Acteurs : Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz, Natalia Dontcheva, Laure Calamy,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h49min.

Synopsis :
Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère...



Critique :

À l'abri des regards mais point des cinéphiles, Emmanuel Mouret s'est constitué un cinéma d'exception remplit d'envolées romantiques savoureuses, allant de Laissons Lucie Faire ! à Vénus et Fleur, en passant par les plus récents et excellents L'Art d'Aimer et Caprice.
Un expert de l'amour et des relations de couples made in France, qui a par ailleurs, toujours le bon gout de très bien s'entourer, preuve en est avec son neuvième long-métrage, Mademoiselle de Joncquières - inspiré d'un court récit de Diderot -, première incursion dans un siècle des Lumières qui lui sied pourtant si bien (il était fait pour les films en costumes), pour laquelle il s'est attaché les services d'un trio d'exception : Cécile de France, Alice Isaaz et Édouard Baer.


S'il traite encore une fois avec intelligence et malice de ses thèmes les plus chers (les chassés-croisés romantiques, l'adultère, l'amour multiple mais surtout à plusieurs, l'hésitation amoureuse et le désir face à la tentation), l'attachant Emmanuel Mouret parvient pourtant encore une fois à éblouir son spectateur avec Mademoiselle de Joncquières, petite merveille de dramédie aux dialogues ciselés et chantants, une nouvelle étude ciselée et minutieuse de l'amour (avec même une petite pointe de féminisme) totalement cohérente avec ses précédents longs et subtilement par une histoire aussi simple en apparence que follement captivante, retors et pertinente.
En suivant le marivaudage amoureux et machiavélique d'une femme qui se refuse à l'amour avant d'y céder, de voire son coeur se briser et de concocter une vengeance qui n'aura nulle pareil, tout autant que le jeu de pouvoir et de séduction qui la lie avec un amant plus intéressé qu'attaché, le cinéaste plonge à corps perdu dans le drame burlesque (les acteurs sur-joue volontairement, quitte à un poil rebuter certains spectateurs), flirte parfois dangereusement avec le fil tenu de la redite mais charme de tout son long en faisant une nouvelle fois mouche avec une mise en scène légère et gracieuse, ainsi que par sa vision très personnelle de l'amour doublée d'une plongée remarquable au coeur d'une époque en pleine évolution, porté par des personnages finement croqués et interprétés de manière magistrale.


D'une Cécile de France incroyable en femme amoureuse puis blessée (cousine pas si éloignée de la Marquise de Merteuil de Choderlos de Laclos) à un Édouard Baer dont la gouaille légendaire fait toujours autant de merveilles, sans oublier les partitions pleine de justesse d'Alice Isaaz (étonnante), Natalia Dontcheva et Laura Calamy, tous s'échinent à faire de Mademoiselle de Joncquières un délice de divertissement tendrement décalé, sombre et manipulateur mais tout aussi personnelle qu'il est judicieusement dans l'air du temps.
Un tourbillon d'élégance intriguant, rafraîchissant et passionnant, qui mérite amplement son pesant de popcorn en ces douces - mais pas trop - derniers jours d'été.


Jonathan Chevrier


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