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[CRITIQUE] : La Tendre Indifférence du Monde


Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov
Acteurs :Dinara Baktybayeva, Kuandyk Dussenbaev, Teoman Khos,...
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Kazakh, Français.
Durée : 1h39min.

Synopsis :

La belle Saltanat et son chevalier servant Kuandyk sont amis depuis l’enfance. Criblée de dettes, la famille de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage. Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, Saltanat quitte son village pour l’inconnu. Les deux jeunes gens se trouvent entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels et tentent d’y résister de toutes les façons possibles.   



Critique :



Il y a des petites claques cinématographiques qui, parfois, se perdent dans des festivals pourtant faits pour les mettre en lumière, la faute - souvent - à une programmation souvent trop riche en bonnes péloches.
Ce qui fut le cas, justement, du merveilleux La Tendre Indifférence du Monde, sixième long-métrage d'Adilkhan Yerzhanov ayant timidement pointé le bout de son nez lors de la dernière Croisette (dans une section Un Certain Regard vampirisée par les exceptionnels Girl et Border), comme tout film venant d'une Asie du sud-est (ici le Kazakhstan) ayant sensiblement envie d'elle aussi, apporter sa (belle) pierre à l'édifice du septième art mondial.
L'histoire suit celle de la belle Saltanat (Dinara Baktybayeva, sublime) et de Kuandyk (Kuandyk Dussenbaev, touchant), amis depuis toujours et vivant dans la campagne kazakhe.
Criblée de dettes après la mort du patriarche, les proches de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage histoire de sauver la famille.
Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, ils vont quitter leur village et vite être entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels...  




Véritable fable dramatique et humaine articulée autour d'un amour impossible très Shakespearien - avec des héros follement romantiques -, et une opposition fascinante entre la beauté de l'art  (le rappel à l'art est constant, dès le titre d'ailleurs) et la corruption/violence qui gangrène un pays boursouflé par la pauvreté et le crime (ou encore le décalage puissant entre la beauté rugueuse de la campagne et la rudesse sauvage de la ville), La Tendre Indifférence du Monde, vraie bande opaque jamais écrasée par ses multiples références, est avant tout et surtout, une péloche à l'esthétique aussi grandiose qu'inattaquable, tant elle résulte d'un travail incroyablement minutieux autant du point de vue du cadre que de la lumière et des couleurs, comme si Yerzhanov (dont on ne connaît pas réellement le reste de son cinéma), visualisait tout son film non pas comme un long-métrage, mais bien comme une multitude de peintures couchées sur la pellicule.


Alors tant pis s'il se perd parfois dans des sous-intrigues pas forcément utiles, légitimes ou même tout simplement maitrisées, et que l'esthétique léchée prend sensiblement le pas sur l'histoire (simpliste il est vrai) : l'important ici, c'est l'ivresse que peut apporter la beauté bouleversante d'une vraie expérience de cinéma sensorielle, à l'univers aussi riche et sublime que ses personnages sont furieusement attachants et empathiques.
Un bijou de poésie et de grâce tout autant qu'il est un vrai film d'artiste, tout simplement.



Jonathan Chevrier



Derrière ce long titre élégiaque - très Un Certain Regard au demeurant - se cache un singulier conte moderne. Le Kazakhstan est aussi rare à l’écran que plaisant à découvrir, tant au niveau des paysages et personnages que des parti-pris de réalisation
La Tendre Indifférence du Monde est filmé(e) avec beaucoup de distance : l’action est observée de loin comme avec pudeur et les deux protagonistes semblent systématiquement perdus dans les cadres, moyen le plus simple finalement de représenter leur décalage avec la société violente dans laquelle ils sont projetés.
L’oeuvre est un conte moral présentant deux personnages forts à leur humble façon mais en position d’infériorité face à tous les autres : Saltanat, une jeune femme surendettée et Kuandyk, jeune paysan en mal de responsabilités, épris de la première, qui décide de veiller sur elle.




Le film est incisif quant à l’état politique et économique du Kazakhstan et dénonce fermement corruption, comportement des oligarques et pratiques familiales vétustes. Il présente surtout un amour entre deux êtres aussi absolu qu’impensable de par les conditions évoquées précédemment.
On ne lui regrettera qu’une conclusion qui s’étire en longueur et ne parvient pas à marquer, faisant passer le film pour légèrement trop long malgré ses 1h40 pourtant classiques.




Augustin Pietron 



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