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[FUCKING SERIES] : Désenchantée saison 1 : Welcome to Dreamland


(Critique - avec spoilers - de la première saison)



Il y avait quelque chose d'incroyablement alléchant à l'idée de voir Matt Groening, papa du monument Les Simpson (mais aussi de la mésestimé Futurama), se laisser séduire par les sirènes de la plateforme Netflix, pour y créer un tout nouvel univers animé, profitant autant des avantages de la firme (possibilité de diffuser une saison entière, et donc de pouvoir lier les épisodes et intrigues entre elles) que de la possibilité d'élargir son terrain de jeu sans trop de contraintes.
Mieux, le voir planter son décor en pleine Terre du Milieu improvisée et référencée (nommée Dreamland, tout un symbole), et de faire d'une princesse singulière comme ce n'est pas permis - Bean, effrontée et alcoolique -, avait tout du high concept aussi simpliste que génial; une potentielle parodie qui pouvait pleinement s'inscrire comme un monument Netflix, au même titre que la vénéré BoJack Horseman.
Et aussi jouissivement potache soit-elle, Disenchantment en v.o, satire médievale façon remake un poil R Rated de Shrek (comme lui, il prend en grippe tous les codes des contes folkloriques populaires), louchant généreusement sur les cultissimes Le Seigneur des Anneaux et Game of Thrones (dont les clins d'oeil sont légion), ne répond jamais réellement à toutes ses belles promesses.


Porté par un humour (très) lourd plus ou moins savoureux pour les initiés (et évidemment moins pour les autres), dont les gags visuels et verbaux, sont incisifs mais plus rares, le show ne décontenance pas réellement de prime abord, surtout visuellement dans son animation, tant toute la patte de Groening transpire à l'écran (on est en terrain connu, et les personnages ressemblent clairement à ceux de ses deux précédents shows) autant qu'elle se permet quelques disgressions étonnantes (une utilisation de couleurs plus claires et moins criardes), mais pas forcément désagréable.
Ce n'est uniquement que lorsque le show déroule tranquillement mais surement ces micros rendez-vous, que le bas blesse et qu'il dévoile plus clairement les faiblesses de son édifice.
Car si le quotidien moribond de l'American way of life (et encore plus depuis l'élection de Trump) permet aux Simpson de gentiment nourrir ses épisodes sans trop avoir à forcer ses plumes, en revanche, s'attacher à un détournement fantaisiste en bon et dû forme du genre médiaval et de l'héroïc fantasy, avec un minimum d'originalité, c'est une autre paire de manches, surtout pour un sitcom animée.


À la différence des Simpson et Futurama, dont chaque épisode était indépendant des uns des autres, Désenchantée semble constamment étirer sur la longueur ses effets (quitte à en affaiblirconsidérablement leur impact et leur explosivité) autant que son histoire, au demeurant charmante et plaisante à suivre, mais surtout, il semble avoir clairement laissé de côté l'esprit corrosif et frondeur de la " méthode Groening " (plus tourné vers l'émotion, visant à être autant tourné au ridicule qu'être empathique), déjà elle-même éprouvée par la structure narrative " Netflixienne ", littéralement à l'opposée (et cela se sent) de ce qu'à pu et sait faire, le bonhomme et sa team depuis trente ans.
En résulte donc un show divertissant mais point inspiré, aux personnages à la fois horribles et attachants - comme les Simpson -, et qui aurait clairement mérité un poil plus de mordant dans son écriture.
Décidémment, hors GLOW, l'été série - et même cinéma - du côté de chez Netflix, n'est pas forcément très ensoleillée... ay caramba.


Jonathan Chevrier



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