[CRITIQUE] : Tully
Réalisateur : Jason Reitman
Acteurs : Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston, Mark Duplass,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
Marlo, la petite quarantaine, vient d'avoir son troisième enfant. Entre son corps malmené par les grossesses qu'elle ne reconnaît plus, les nuits sans sommeil, les repas à préparer, les lessives incessantes et ses deux aînés qui ne lui laissent aucun répit, elle est au bout du rouleau.
Un soir, son frère lui propose de lui offrir, comme cadeau de naissance, une nounou de nuit. D'abord réticente, elle finit par accepter. Du jour au lendemain, sa vie va changer avec l’arrivée de Tully…
Critique :
Dans la veine des précédents films du duo Jason Reitman/Diablo Cody, #Tully incarne une dramédie mélancolique, acerbe et inspirée sur l'accomplissement maternel (loin d'être toujours idyllique) autant qu'un portrait tendre et humain de la 40aine, porté par la fantastique C.Theron pic.twitter.com/Ir1j6SxHKp— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 13 juin 2018
On avait laissé le cinéma de Jason Reitman pas forcément au beau fixe il y a un tout petit peu plus de trois ans maintenant avec le peu fameux Men, Women and Children, tentative désespérée de revenir aux sources de son cinéma bienveillant (que beaucoup n'hésiteront pas à taxer de surcoté et complètement inoffensif) au regard hautement affuté, mais sans la présence tutélaire de Diablo Cody au scénario.
Un manque que n'aura décemment pas son retour sur grand écran, Tully, puisque le bonhomme a fait en sorte de réunir autour de lui le duo magique qui avait fait de son brillant et amer Young Adult, son dernier grand film : Cody au scénario et Charlize Theron face caméra; pour une vision loin d'être idyllique de l'accomplissement maternel.
Décortiquant l'envers du décor de ce moment de grâce qu'est le miracle de donner la vie, le septième long-métrage de Reitman ne se prive jamais de montrer les mille et une difficultés que peut rencontrer toute femme choisissant d'être mère, de la fatigue accumulée à la cadence infernale des habitudes d'un quotidien presque ingérable appelées à se répéter sans cesse (une exploration prenante des thèmes de l'épuisement parental et de la dépression postpartum).
Avec une approche intimiste proche du documentaire, Tully, plus encore que Young Adult, appelle au droit à l'imperfection de ses super-héroïnes de la vie de tous les jours, obligées de plier sous le poids d'exigences impossibles, et Marlo (Charlize Theron, fantastique et douloureusement empathique), la mère courage au bout du rouleau du métrage, a cruellement besoin d'aide.
Une aide qui prendra les traits angéliques de Tully (Mackenzie Davis, touchante), une baby-sitter tout en énergie et en délicatesse, qui viendra prendre le relai une fois la nuit venue, et qui bouleversera dans les grandes largeurs le quotidien de la matriarche fraîchement quarantenaire.
Comédie acerbe et inspirée glissant tendrement vers la tragédie mélancolique, plongeant souvent tête la première dans les scènes attendues et les tics de tout drame indépendant US tout en épousant, à travers certains dialogues, une vérité aussi brutale que nécessaire, sublimés par des comédiennes totalement impliquées; Tully s'inscrit dans la droite lignée du précédent long du trio ReitmanDiablo/Theron (et peut-être même de Juno, au fond), et incarne un portrait tendre et humain de la quarantaine, de cet âge du milieu de vie tiraillés par les questionnements et les conséquences de nos choix passés.
Bref, un beau film simple, vrai, mature et joliment bouleversant, qui nous réconcilie clairement avec le cinéma du rejeton d'Ivan Reitman.
Jonathan Chevrier