[CRITIQUE] : Football Infini
Réalisateur : Corneliu Porumboiu
Acteurs : ...
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Roumain
Durée : 1h10min
Synopsis:
Laurentiu Ginghina vit dans la petite ville de Vaslui en Roumanie depuis 1972. Le jour, il est un haut fonctionnaire travaillant en préfecture. La nuit, il invente les règles d'un nouveau football qui devraient permettre d'augmenter la vitesse du jeu et de réduire considérablement les fautes. Et si la révolution du foot se préparait en Roumanie ?
Critique :
4 ans après #MatchRetour, Corneliu Porumboiu nous revient à nouveau pile avant la Coupe du Monde de Football avec #FootballInfini, chronique intimiste et légère d'un homme voulant révolutionner les règles d'un sport qu'il aime plus que tout. Naïf, absurde mais surtout très drôle pic.twitter.com/g9xtj6PGw7— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 9 juin 2018
À une heure où la Coupe du Monde 2018 est en passe de débuter dans les plaines froides russes, le cinéaste roumain Corneliu Porumboiu, auteur consacré autant que vrai fan de football (remember son excellent et bouillant Match Retour, sortie il y a tout pile quatre ans et qui comptait un derby de Bucarest houleux daté de 1988, qu'il commentait avec son père, arbitre du match à l'époque), se console et réconforte sa nation d'une non-qualification pour ce Graal du ballon rond, avec une nouvelle péloche aussi intimiste que volontairement absurde : Football Infini.
Passé l'affrontement crispé pré-chute du mur de Berlin entre la police et l'armée (qui se terminait sur un match nul et vierge hautement symbolique), Porumboiu offre un complément parfait à son précédent essai avec une oeuvre infiniment plus lunaire et légère, sur un homme, Laurentiu, qui la faute à une grave blessure sur le terrain dans sa jeunesse, à dû dire adieu à ses rêves de devenir un footballeur professionnelle pour bifurquer vers une carrière de gratte-papier loin d'être gratifiante pour le gouvernement roumain.
Mais s'il ne peut pas être professionnel, sa passion pour le football elle, reste toujours aussi obsédante à tel point que le bonhomme fantasme d'en changer les règles, une révolution où la non-violence et le respect de l'autre serait la pierre angulaire.
Une utopie relativement naive pour qui aime et connaît le football (un terrain aux angles arrondis, etc) mais profondément touchante dans le fond tant jamais le cinéma n'avait réellement pu/voulu donner la parole à ses exclus du foot business, fauchés en pleine (potentielle) ascension mais dont l'esprit et le coeur reste complètement et irrémédiablement tourné vers le ballon rond; ses hommes qui dribblent la morosité d'un quotidien frustrant pour mieux adapter à leur portée, la philosophie du sport-roi.
S'il n'hésite jamais à pointer du doigt l'impossibilité d'exécution autant que les incohérences de cet espoir presque mort-né, Porumboiu en profite pourtant pour croquer en filigrane, une vision pleine d'espoir d'une mini-révolution tentant de chambouler l'immobilisme d'un monde (le football mais également une Roumanie post-communiste gangrenée par la lourdeur de son administration - mais pas que).
Encore une fois, le cinéaste refait le match à grande échelle et nous fait encore plus aimer ce sport si populaire, même dans sa face la plus mélancolique et burlesque.
Jonathan Chevrier