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[CRITIQUE] : Justice League

 

Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Ben Affleck, Gal Gadot, Henry Cavill, Jason Momoa, Ezra Miller, Ray Fisher, Jeremy Irons, Amy Adams, Diane Lane,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
Après avoir retrouvé foi en l'humanité, Bruce Wayne, inspiré par l'altruisme de Superman, sollicite l'aide de sa nouvelle alliée, Diana Prince, pour affronter un ennemi plus redoutable que jamais. Ensemble, Batman et Wonder Woman ne tardent pas à recruter une équipe de méta-humains pour faire face à cette menace inédite. Pourtant, malgré la force que représente cette ligue de héros sans précédent – Batman, Wonder Woman, Aquaman, Cyborg et Flash –, il est peut-être déjà trop tard pour sauver la planète d'une attaque apocalyptique…




Critique :



Censé être le pilier majeur d'un DCEU bandant sur le papier mais sérieusement brinquebalant dans les faits, tellement imprévisible qu'il semble capable de partir dans toutes les directions possibles (même les pires), alors qu'il est lui-même un projet douloureusement amputé par une production - encore une fois - chaotique (avec en point d'orgue, le départ abrupt de Zack Snyder remplacé par Joss " j'étais l'ancien big boss du MCU" Whedon); Justice League est indiscutablement à l'image de l'édifice du duo Warner/DC sur grand écran depuis Man of Steel : généreux et fun mais jamais à la hauteur de ses ambitions.
Blockbuster polymorphe calqué dans les grandes largeurs sur le sympathique mais limité Avengers premier du nom - à qui le temps ne rend pas service -, dont le spoiler majeur (la résurrection de Superman) avait déjà été dévoilé dès la maladroite campagne promotionnelle, Justice League semblait pourtant suivre les traces glorieuses de l'injustement mal-aimé Batman v Superman, à savoir une péloche super-héroïque dramatiquement puissante et visuellement impressionnante (le spectre de Watchmen se fait parfois ressentir), avant d'être littéralement sacrifiée sur l'autel du divertissement total sans âme par un rafistolage aberrant et - surtout - incompréhensible.



Si l'absence de Snyder du montage final nous faisait craindre le pire, que l'on se rassure (un peu d'ironie ne fait pas de mal), c'est bel et bien le cas à l'écran tant la patte sombre et singulière du bonhomme, sa vision sérieuse d'un monde contemporain en pleine autodestruction (déjà bien présente dans BvS, avec sa violence surprésente et la lente agonie de l'espoir en l'être humain) est ici totalement dilué au sein d'une intrigue anémique et creuse remplie par du vide, saupoudrée avec la finesse d'un hippopotame en rute de CGI foireux et d'un humour à la légèreté effarante.
Une catastrophe à peine contrôlée et encore moins sauvée par son casting vedette (Affleck en à marre d'être le Bat, et cela se sent), aux grosses allures d'opus de transition pour la majorité des membres de la ligue, jamais iconisés face caméra (un comble pour une oeuvre estampillé " Snyder ").
Cyborg est totalement sous-utilisé (alors qu'il est, sans doute, celui qui a le background le plus intéressant), tandis qu'Aquaman et (Kid)Flash volent la vedette - surtout le premier - dans des numéros comico-badass ne les faisant pourtant jamais dépasser le rôle de sidekick de luxe.



Vrai-faux film de Zack Snyder à l'apparence ni stylisé, ni léchée (à peine mieux torché qu'un téléfilm de luxe), aussi bruyant qu'il est émotionnellement creux et dénué de toute profondeur dramatique, dominé par méchant peu menaçant et loin d'être charismatique (et on tease encore avec des pincettes Darkseid... comme Thanos dans la phase 1 du MCU) et un score en roue libre; Justice League est un opus malade et difforme autant tiraillé par la vision bien distincte de deux cinéastes aux styles et ambitions esthétiques cruellement différentes (on préfère mille fois celui de Snyder), que par l'indécision d'une major de plus en plus agaçante dans son habitude à jouer les girouettes.
Gros blockbuster de destruction massive inoffensif et férocement décevant, qui fait simplement le boulot alors qu'il avait le potentiel d'être infiniment plus fort, Justice League marque la fin d'une ère chez DC, celle de Zack Snyder, vite intronisé roi avant d'être remplacé par " l'ennemi ", lui-même roi chez la concurrence il y a encore peu.
Comme au départ du pape Christopher Nolan, la firme perd gros, sans doute trop gros cette fois...


Jonathan Chevrier