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[CRITIQUE] : L'Amant Double (Cannes 2017)


Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Marine Vacth, Jérémie Renier, Jacqueline Bisset, Dominique Reymond,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Érotique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Chloé, une jeune femme fragile, tombe amoureuse de son psychothérapeute, Paul. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble, mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité.



Critique :



Toujours plus insaisissable que jamais, François Ozon n'aura mit que quelques mois avant de retrouver nos salles obscures, après avoir embellit notre rentrée ciné avec Frantz, douloureux drame humain engoncé dans l'entre-deux guerre porté par l'étonnant couple Pierre Niney/Paula Beer.
Changement de registre cette fois avec L'Amant Double, pour lequel il retrouve sa muse Marine Vacth, qu'il avait révélé à la face des cinéphiles dans le bouillant Jeune et Jolie; sorte de thriller citant autant les cinémas de Polanski et Cronenberg que celui, évidemment, d'Hitchcock - LA figure majeure qui plane comme une ombre imposante sur toute la filmographie du cinéaste français - comme son récent Une Nouvelle Amie.



Épopée singulière aussi mystérieuse qu'elle est troublante, entre fantasme et cauchemar sur pellicule, respectant à la lettre les codes du film noir flirtant langoureusement avec le charnel et le fantastique le plus pur, L'Amant Double est de ses petits moments de cinéma que l'on ne voit pas forcément venir, qui fascine autant par sa faculté à se jouer de son auditoire que par la richesse de son contenu.
Contenu qui justement, le situe instinctivement, comme l'héritier des thrillers psychologiques racés et intelligents des 70's; péloches auxquels il rend hommage avec révérence.
Amusant d'ailleurs que de voir le film projeté sur la Croisette en même temps que le monument Twin Peaks du roi Lynch.



Plongée anxiogène dans les méandres captivants d'une intrigue tortueuse et paranoïaque orchestré par un cinéaste pervers et limite machiavélique, férocement attiré par ce côté obscur de la nature humaine (et encore plus ici dans ce jeu du chat et de la souris bestial); le Ozon nouveau est une expérience volontairement malaisante, sublimé par la partition féline et vénéneuse d'une Marine Vacth à tomber, qui incarne la quintessence des personnages féminins forts du cinéaste.
Radical, malin et haletant même si un poil prévisible (son final pourrait logiquement, en faire tiquer plus d'un, lui qui cite amoureusement le merveilleux Faux-Semblants du canadien fou Cronenberg), L'Amant Double est un beau diamant noir, sulfureux et fouillé, définitivement incontournable au sein d'un mois de mai ciné particulièrement grisant.


Jonathan Chevrier