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[CRITIQUE] : The Night Before - Secret Party


Réalisateur : Jonathan Levine
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt, Seth Rogen, Anthony Mackie, Lizzy Caplan, Mindy Kalling, Jillian Bell, Michael Shannon, James Franco,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min.
Disponible dès le 1er mars en VOD

Synopsis :
Trois amis d'enfance se rendent à New York pour leur traditionnelle sortie annuelle du réveillon de Noël.


Critique :



Dans la catégorie comédie légère mais potentiellement fun, The Night Before s'apprêtait à incarner un joli bonbon acidulé dans notre calendrier hivernale über chargé de 2015.
Il faut l'avouer, la réunion du formidable trio Joseph Gordon-Levitt/Seth Rogen/Jonathan Levine, auteur de la brillante dramédie 50/50, avait de quoi nous allécher au plus haut point; surtout que le Rogen semblait plus en forme que jamais - on prend pour preuve les excellentes bandes annonces.

Et c'était sans compter la greffe sur ce trio de tête, de l'excellent - et sous-estimé - Anthony Mackie (visiblement abonné aux films de potes après l'inédit Ten Years) et d'Adam Goldberg au script, ajouté en plus à une pluie de seconds couteaux au talent confirmé (l'inestimable Michael Shannon, les so cute Lizzy Caplan et Mindy Kaling, les apparitions furtives de James Franco, Miley Cyrus et Tracy Morgan); le tout sous fond de conte de noël façon bromance potache et attachante.

Sur le papier, c'est un doux euphémisme que d'affirmer que l'on était preneur à plus d'un niveau.
Reste que, de manière hautement surprenante (il a même eu un petit succès d'estime outre-Atlantique), la péloche s'est finalement vu offrir une sortie par la petite porte ces jours-ci...


En effet, cette péloche pour le coup assez attendue par chez nous, a directement été balancée sur les plates formes VOD (via le catalogue OVNI, " objets VOD non identifiés ").
Une décision qui laisse un brin songeur (pour être poli), comme si Sony Pictures se résignait d'avance face à l'insuccès potentiel de son film, en comparaison au flop quasi-constant des comédies ricaines dans l'hexagone; une comédie US qui est joliment concurrencée par la production nationale depuis plus d'un an maintenant.

Témoin à Louer et Get Hard - lourdement retitré En Taule : Mode d'Emploi par chez nous -, toutes deux dominées par un Kevin Hart on fire, avaient connu le même sort l'an dernier alors qu'elles incarnaient à n'en pas douter, deux des meilleurs délires produit par le pays de l'Oncle Sam en 2015.
Difficile pourtant de pleinement blâmer son distributeur, JGL ne pète pas la baraque par chez nous (le merveilleux The Walk a fait un flop incompréhensible en octobre denier), et Seth Rogen ne fait exploser le box-office que sur ses terres, à l'image des désopilants Will Ferrell (avec qui il joue dans Get Hard) et Adam Sandler, complétement boycottés dans nos salles obscures là ou ils font péter si souvent la barre fatidique des 100M$ outre-Atlantique.

Alors est-il finalement là, l'avenir des comédies made in US, le terrain de plus en plus triomphant de la vidéo à la demande ?


Espérons que non, surtout que dans son genre - il est vrai loin d'être fin -, The Night Before est un enthousiasmant conte de noël pour adulte, qui réserve aussi bien son lot de gags bien senties que des moments d'émotions franchement sincère.

Buddy movie méchamment référencé (les films de noël passent tous ou presque sur le grill, Maman j'ai raté l'avion, After Hours ou encore Le Grinch et Bad Santa en tête), le film suit l'histoire de trois amis d'enfance, Ethan, Isaac et Chris, qui ont pris pour tradition de se réunir le jour de noël pour faire la fête depuis que les parents d'Ethan sont morts dans un accident de voitures la veille du 25 décembre, il y a quatorze ans.
Le problème c'est que cette tradition qui tient tant à cœur à Ethan, n'est plus vraiment au gout de ses deux amis, Isaac étant bientôt papa et Chris un footballeur célèbre.

La nuit de noël qu'ils vont passer ensemble cette année sera la toute dernière, et les trois lascars veulent réellement marquer le coup cette fois, le hic c'est que tout ne se passera pas comme prévu.
Entre injection de drogues fatales et revival amoureux en passant par une fête légendaire, ce dernier noël de débauches entre amis sera décemment le plus mémorable qu'ils passeront ensemble...


Mélange hautement improbable de potacherie assumée, d'une pincée de drame mais également de bons sentiments de Noël, The Night Before réussit le pari incroyable de s'inscrire aussi bien dans la plus pure tradition de noël autant que dans l'illustre panthéon des comédies bien grasses du duo Rogen/Goldberg (Nos Pires Voisins mais surtout C'est la Fin).

Foutrement délirant - le mot est faible - et attachant, le nouveau Jonathan Levine ne connait aucune limite et se permet tout - ou presque -, que ce soit un Seth Rogen des grands jours (il porte le film sur ses larges épaules) qui se payent un long bad trip à coups de drogues diverses, un Michael Shannon parfait en ange de noël ou encore un blasphème hilarant en pleine église (Jésus sur la croix, bébé faussement maléfique, vomi en pleine messe, tout y passe !).

Décomplexé, sincère dans sa sensibilité, finement scripté, brassant une multitude de thèmes universels (la gestion du deuil, l'entrée de plein pied dans l'âge adulte, la peur d'être parent, la peur de l'engagement, l'amitié, la peur du rejet,...) et dominé par un casting criant de naturel (c'est un film de potes fait par des potes, cela saute aux yeux); The Night Before est une brillante comédie qui fonctionne à tous les niveaux, une belle surprise qui ne révolutionne jamais le genre mais l'embrasse sans restriction.


Simple et joliment efficace, le film n'est certes pas le hit comique de l'année - quoique -, mais il incarne sans contestation possible l'un des moments les plus drôles et touchants sur pellicule de ces derniers mois, tout autant qu'une nouvelle et pétillante référence dans le riche giron des films de noël.

Mieux, même si la saison ne le prête plus vraiment (sa sortie d'origine, en la veille du 25 décembre, était parfaite), force est d'avouer qu'il avait décemment sa place dans les salles obscures ces jours-ci, en lieu et place d'une vision des plus restreintes sur les plateformes de VOD...


Jonathan Chevrier