[CRITIQUE] : Pattaya
Acteurs : Franck Gastambide, Malik Bentalha, Anouar Toubali, Gad Elmaleh, Ramzy Bedia, Sabrina Ouazani,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h37min.
Synopsis :
Franky et Krimo rêvent de quitter la grisaille de leur quartier pour partir en voyage dans la célèbre et sulfureuse station balnéaire thaïlandaise de PATTAYA. Pour pouvoir s’y rendre à moindre coût, les deux amis ont la folle idée d’inscrire à son insu le nain de leur quartier au championnat du monde de Boxe Thaï des Nains. Mais ce qui devait être pour eux des vacances de rêves va se transformer en l’aventure la plus dingue et périlleuse de leurs vies.
Critique :
#PattayaLeFilm ou une comédie délirante et référencée, un pur tsunami de gags volontairement gras et méchant qui partent dans tous les sens— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 16, 2016
La comédie française va de mieux en mieux depuis environ deux ans, merci pour elle.
Et si la présence accrue des talents made in Canal (Camille " Connasse " Cottin, La Bande à Fifi, Kaïra Shopping,...) nous a permit de respirer entre deux navets ne faisant trembler que les zygomatiques du troisième age (hein Dany Boon et Kad Merad); on ne peut que se réjouir devant la tenue franchement réjouissante de la production comique hexagonale, se permettant même quelques bobines un tantinet trash (Babysitting et sa suite, Les Kaïras).
Car il faut avouer que par chez nous, la comédie potache ce n'est pas du tout notre fort, et c'est même peu le cas de le dire.
Rappelez-vous, pour concurrencer les ricains et leurs American Pie et Cie, on avait lancé dans l'arène des salles obscures, les piteux Sexy Boys, ou encore le passable - pour être poli - Les Beaux Gosses.
Heureusement, Philippe Lacheau et Franck Gastambide sont arrivés avec leurs premiers (et excellents) longs pour corriger la donne, le second s'étant même depuis offert le statut de seconds couteaux de luxe dans bon nombres de péloches du bon gout (Les Gazelles, Toute Première Fois, Enragés et le toujours inédit Made in France).
Trois ans et demi après le carton imposant des Kaïra (plus d'un million d'entrées mais surtout le titre flatteur de film français le plus rentable de l'année ciné 2012), petite boule d'énergie prenant pour héros des petites frappes de cités accumulant une pluie de situations - souvent WTF - dans leur quête pour devenir acteur porno; Gastambide nous revient donc en ce début d'année 2016 encore pauvre en comédie (Les Tuches 2, La Vache...), avec un second passage derrière la caméra, Pattaya - dont il a également signé le script.
Si Medi Sadoun et Jib Potchier ne sont plus de la partie, Gastambide semble pourtant miser sur la même dynamique du trio singulier que son précédent long, tout en reprenant - pour un temps - le cadre du bitume des tiécards dans lequel les héros ont, une fois encore, des envies d'ailleurs.
Sur ses premiers traits de caractère, Pattaya semble évidemment s'inscrire dans la droite lignée des Kaïra, mais fort heureusement, loin du copie-calque facile de recette au succès reconnu, le film incarne indiscutablement un sommet de comédie politiquement incorrect alignant les punchlines et les gags avec une frénésie étonnante.
Du grotesque trash pur jus, qui ravira les fans des Kaïra tout en révulsant vivement ses réfractaires...
S'appuyant sur un pitch plus nanardesque et barré encore que Les Kaïra (Deux amis usent de la crédulité d'un homme de petite taille de leur quartier pour l'inscrire à un championnat du monde de Boxe Thaï des Nains, et ainsi voyager à moindre cout dans la célèbre station balnéaire thaïlandaise de PATTAYA) et des seconds couteaux de malade - Gad Elmaleh et Ramzy Bedia en tête -; le métrage s'inscrit sur les pas de Babysitting 2 (le cadre paradisiaque pour nouveau terrain de jeu) pour pousser jusqu'à son paroxysme l'humour borderline sous toutes ses formes et variantes au sein d'une odyssée menée tambour battant ou la vanne est le meilleur ami du mauvais gout.
Car dans Pattaya, tout le monde en prend plein la gueule, personne n'est à l’abri de rien et le verbe de banlieue n'a jamais paru aussi désinvolte, notamment grâce à la verve savoureuse du génial Malik Bentalha, qui trouve enfin ici un bon rôle sur grand écran.
Même Gastambide semble prendre un malin plaisir à s'acharner sur sa personne, notamment dans une première partie (la meilleure) ou, en wannabe sosie de Vin Diesel, il incarne une victime assumée de sa petite amie - la belle Sabrina Ouazani.
Bref, Pattaya c'est un beau délire référencé (on pense logiquement à Bloodsport, Very Bad Trip, La Plage mais surtout à Kickboxer,...), mais qui, au final, ne peut que séduire par sa fraicheur et sa volonté d'incarner un vrai moment de poilades pour les initiés de ce genre de comédie XXL.
Alors certes, tout n'est peut-être pas à garder dans ce tsunami de gags scatos mais pour une seconde exploration du genre potache, Franck Gastambide s'en sort une nouvelle fois avec les honneurs.
Jonathan Chevrier