[CRITIQUE] : Deadpool
Réalisateur : Tim Miller
Acteurs : Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein, Gina Carano, T.J. Miller, Brianna Hildebrand,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Comédie.
Nationalité : Américain, Canadien.
Durée : 1h49min.
Synopsis :
Deadpool, est l'anti-héros le plus atypique de l'univers Marvel. A l'origine, il s'appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d'un humour noir survolté, Deadpool va traquer l'homme qui a bien failli anéantir sa vie.
Critique :
#Deadpool ou un pur moment de cinéma décomplexé et généreux, fait par des fans pour les fans. Un sommet du cool à la folie jubilatoire.— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 9, 2016
Mais là ou le Ryan aura fait très fort, c'est en portant à bout de bras et contre vents et marées le retour sur grand écran du singulier Deadpool, l'un des anti-héros les plus barrés et atypiques de l'univers Marvel - voir même de tout le catalogue super-héroique; dit personnage littéralement bousillé après une apparition aussi mince que pitoyable dans le très oubliable X-Men Origins : Wolverine.
Pour un comédien pas forcément aidé par les comics books movie (Blade Trinity, X-Men Origins : Wolverine ou encore Green Lantern), mais surtout un acteur pas forcément doué pour choisir ses blockbusters, le pari de déterré de son cercueil en colza un tel projet était osé, très osé.
Mais pourtant, à force d'acharnement et bien aidé par des fans totalement acquis à sa cause, la FOX - qui a déjà un bon catalogue d'adaptations salopées à son actif -, a finalement cédé à sa demande pour notre plus grand plaisir (et le sien aussi, dans sa volonté de produire un wannabe MCU autour des X-Men).
Car dans une distribution actuelle dominée par une surpuissante Marvel aux prises de risques fantomatiques (Les Gardiens de la Galaxie et... c'est tout) et un duo Warner/DC dont la riposte n'est pas encore totalement prête, l'arrivée en fanfare de Deadpool aurait presque des faux-airs de messie sur pellicule.
Perso trash, violent, égoïste, salement badass et à l'humour ravageur, Deadpool n'est ni Iron Man et encore moins Captain America, il n'a ni les supers pouvoirs divins de Thor et encore moins les muscles tout vert et nerveux de Bruce Banner; il est différent, tout simplement.
Et intelligemment, Tim Miller - dont c'est le premier passage derrière la caméra -, va pousser le vice de cette différence jusqu'à son paroxysme, en signant une œuvre complétement différente elle aussi, des productions super-héroïques actuelles; un film sanglant, potache et libéré de toutes contraintes - ou presque - cinématographique.
Classé R outre-Atlantique - simplement interdit aux moins de 12 ans chez nous -, au même titre que l'excellent Blade premier du nom et le moins bon The Punisher (avec le mésestimé Thomas Jane), transpirant de tous ses pores l'amour franc et sincère pour le Mercenaire Disert; Deadpool correspond parfaitement au fantasme décomplexé que l'on se faisait de lui dès son premier trailer, et incarne avec panache un divertissement super-héroïque passionné, fun, électrisant et littéralement aux antipodes des canons actuels.
Un tour de force bandant qui fait constamment mouche, fout sacrément la patate et qui, cerise sur le gâteau du bon (mauvais ?) gout, donne également un méchant coup de pied dans les valseuses à un genre qui en avait cruellement besoin; en attendant le tout aussi barré et prometteur Suicide Squad de David Ayer.
Origin story audacieuse et ambitieuse sur tous les plans (le métrage n'est freiné par aucune barrière, il les démonte une à une), dénuée de tout formatage tout en étant profondément méta, portée par un humour au pluriel (à la fois graveleux, noir, cynique, politiquement incorrect, second degré,...) totalement décomplexé et follement jouissif - démolissage du quatrième mur à la clé - tout autant que par une violence cru et sans concession; la péloche de Tim Miller respecte scrupuleusement son matériau d'origine tout en se parant esthétiquement d'un aspect comic book du plus bel effet.
Sommet du cool sur pellicule à la folie dégénérée et communicative, assumant autant sa radicalité que sa singularité, elle rappelle même sur de nombreux points les géniaux Kick-Ass mais aussi Kingsman sortie à la même époque l'an dernier - et tous deux de l'excellent Matthew Vaughn -, qui eux aussi brillaient par leur esprit libertaire et ultra-référencé, leurs scènes d'actions généreuses, leurs excès pop appuyés mais surtout par leur envie plus que louable de dynamiter un genre qui en avait grandement besoin (le film de super-héros pour le premier, celui d'espionnage pour le second).
Certes pas dénué de quelques défauts (le traitement limité des deux méchants, Ed " Ajax " Skrein et Gina " Angel Dust " Carano, le personnage de Negasonic Teenage Warhead, excellent mais sous-exploitée, les nombreux flashbacks qui ralentissent le récit,...) mais dominé par une vraie envie de bien faire et un Ryan Reynolds au débit mitraillette, totalement impliqué dans les délires WTF de son personnage; Deadpool est un semi-blockbuster généreux, maîtrisé et jubilatoire incarnant volontairement le rôle d'un trouble-fête prenant méchamment son pied à chier sur les plates-bandes de ses petits concurrents tout en leur prouvant qu'il n'est finalement pas si compliquer de faire bander les spectateurs et leur en donner pour leur argent.
Un film fait par des fans - qui ont tout compris - pour les fans, un O.F.N.I. qui fait des merveilles avec peu (son budget est à des années lumières d'une production X-Men), boosté par une B.O. du tonnerre et une énergie joliment communicative.
Bref, du pur bonheur, une vraie œuvre geek fédératrice comme on en voit finalement trop peu dans les salles obscures.
Que dire de plus si ce n'est que l'on espère vivement que les Dieux du box-office soit avec lui, car on supporterait très mal l'idée de ne pas voir la suite des aventures de notre super-héros favoris dans un futur (très) proche...
Jonathan Chevrier