[CRITIQUE] : Brooklyn
Réalisateur : John Crowley
Acteurs : Saoirse Ronan, Domhnall Gleeson, Emory Cohen, Jim Broadbent, Julie Walters,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Irlandais, Britannique, Canadien.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Dans les années 50, attirée par la promesse d'un avenir meilleur, la jeune Eilis Lacey quitte son Irlande natale et sa famille pour tenter sa chance de l'autre côté de l'Atlantique. À New York, sa rencontre avec un jeune homme lui fait vite oublier le mal du pays... Mais lorsque son passé vient troubler son nouveau bonheur, Eilis se retrouve écartelée entre deux pays... et entre deux hommes.
Critique :
#Brooklyn ou un drame intimiste à la beauté incroyable, renouant avec la poésie des grandes fresques romantiques de l'âge d'or Hollywoodien— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 8, 2016
Et force est d'avouer qu'outre un teen movie difficilement recommandable (Les Âmes Vagabondes), la belle a connu un parcours quasi-parfait depuis près de huit ans maintenant, que ce soit chez des cinéastes chevronnés (Peter " Lovely Bones " Jackson, Peter " Les Chemins de la Liberté " Weir, Joe " Hanna " Wright ou encore Wes " The Grand Budapest Hotel " Anderson et Neil " Byzantium " Jordan) ou des wannabe cinéastes prometteurs (Geoffrey " Violet & Daisy " Fletcher, Ryan " Lost River " Gosling).
Bref, On l'adore.
Cerise sur le gâteau du bon gout, cette année, elle est même devenu une prétendante sérieuse dans la course aux statuettes dorées grâce au soin de l'excellent John Crowley, qui avait déjà révélé à la face du monde la bouille talentueuse d'Andrew Garfield dans le merveilleux Boy A.
Nouveau long métrage du bonhomme après le prenant Closed Circuit porté par le duo Eric Bana/Rebecca Hall, Brooklyn est l'adaptation du roman de Colm Toibin pour laquelle le metteur en scène s'est entouré d'un casting vedette aux petits oignons : Ronan mais également Emory Cohen, les inestimables Jim Broadbent, Julie Walters et - surtout - Domhnall Gleeson, sans conteste l'un des comédiens britanniques les plus doués et en vue du moment (oui, on l'adore aussi).
Le film conte l'histoire d'Eilis Lacey, une jeune immigrante irlandaise à Brooklyn dans les années 1950.
Attirée par la promesse des États-Unis, elle quitte l'Irlande et le confort de la maison de sa mère pour les rives de la ville de New York.
Le mal du pays qui la tourmentait au début diminue lorsqu'Eilis se laisse emporter par une nouvelle romance.
Rapidement, sa nouvelle vivacité est perturbée par son passé et Eilis doit choisir entre deux pays et les vies qui y sont rattachées...
Contre toute attente malgré son étiquette de " mélo à oscars ", Crowley dynamite l'aspect classique de son mélodrame d'époque en focalisant sa caméra sur des personnages follement attachants et empathiques, ainsi qu'un propos plein de pudeur et de délicatesse, prenant pour point d'appui la vague immigrante (ici irlandaise) des 50's pour mieux aborder une pléthore de thèmes majeurs (l'émancipation, l'exil et la recherche du bonheur, l'American Dream, la quête identitaire après une rupture totale avec ses origines, l'intégration dans un pays/une culture qui n'est pas la sienne, le mal du pays et la douleur d'être séparer de ses proches,...); via le prisme d'une romance à trois cœurs séparés par l'Atlantique, à la sensibilité dévastatrice.
D'une richesse folle, chaque émotions - à la sincérité indéniable - qui parcourent le métrage nous bouleverse, nous bouscule et nous enivre par la puissance d'un scénario formidablement écrit (signé par le génial romancier/scénariste Nick Hornby), mélangeant drame sincère, romance contrariée et humour fin avec une habileté folle; mais également par l'élégance et la sobriété d'une mise en scène joliment immersive, orchestré par un metteur en scène en parfaite osmose avec son sujet.
Tout comme son casting vedette, totalement voué à sa cause et d'une justesse indécente de naturel.
D'une retenue et d'une subtilité renversante, la belle Saoirse Ronan est l'âme du métrage (Crowley n'a d'yeux que pour elle et, finalement, nous aussi) et porte avec intensité les questionnements et les tourments d'Eilis, dont le morceau de vie sur pellicule et sans conteste l'un des plus touchants vu sur grand écran ses derniers mois.
A ses côtés, si Broadbent est incroyable en prêtre/guide sympathique, ce sont surtout Emory Cohen (convaincant) et Domhnall Gleeson (grandiose) qui en imposent le plus, respectivement dans la peau des prétendants italien (Tony) et irlandais (Jim).
Brooklyn, ou un " petit " film intemporel, intimiste à la puissance et à la beauté incroyable, un poil académique certes mais renouant merveilleusement avec la poésie nostalgique des grandes fresques romantiques de l'âge d'or Hollywoodien.
Une belle péloche qui ne se regarde pas uniquement, mais se savoure et se vie sans réserve jusqu'à son final poignant et enivrant.
Sans aucun doute l'un des plus beaux films de ce premier semestre de la décidément très riche année ciné 2016...
Jonathan Chevrier