[CRITIQUE] : Un + Une
Acteurs : Jean Dujardin, Elsa Zilberstein, Alice Pol, Christophe Lambert,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Antoine ressemble aux héros des films dont il compose la musique. Il a du charme, du succès, et traverse la vie avec autant d’humour que de légèreté. Lorsqu’il part en Inde travailler sur une version très originale de Roméo et Juliette, il rencontre Anna, une femme qui ne lui ressemble en rien, mais qui l’attire plus que tout. Ensemble, ils vont vivre une incroyable aventure…
Critique :
Entre réalisme et fantasme, #UnPlusUne est une épopée émotionnelle, drôle et dépaysante signé par un Lellouch éternel amoureux de l'amour
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 9 Décembre 2015
Généralement, lorsqu'un acteur se voit décerné une pluie de récompenses aussi imposante qu'un prix d'interprétation à Cannes (surtout) et un oscar (surtout pour le business), il a une forte tendance à être férocement surexposé dans les mois/années qui suivent.
Généralement, car le cas Jean Dujardin est un cas un poil à part.
Pas franchement plus productif qu'avant (petit passage dans 9 Mois Ferme, premier rôle dans Mobius et La French), ni même courtisé plus que de raison par Hollywood (second couteau de luxe dans Le Loup de Wall Street et The Monument Men) et encore moins résolu à l'idée d'abandonner ses délires entre copains (à la TV avec Platane et L'Embarquement, le tournage actuellement de Brice de Nice 3); le bonhomme ne semble pas avoir été changé par toute cette reconnaissance, et c'est assez exceptionnel pour être notifié.
Toujours attaché au septième art hexagonale tout comme un Omar Sy qui s'internationalise de plus en plus, le voilà donc de retour ces jours-ci dans une comédie romantique signé par l'un des rois du genre dans l'hexagone, Claude Lellouch, Un + Une, qui a la forte tâche de batailler au milieu de mastodonte qui risque de méchamment lui faire de l'ombre (Le Pont des Espions et Babysitting 2 hier, Au Cœur de l'Océan aujourd'hui, Le Réveil de la Force demain).
Joliment entouré par les excellentes Elsa Zilberstein et Alice Pol ainsi que par l'inestimable (oui, il l'est) Christophe Lambert, Dujardin y joue le rôle d'Antoine, un homme qui ressemble aux héros des films dont il compose la musique.
Il a du charme, du succès, et traverse la vie avec autant d’humour que de légèreté.
Un homme à femmes qui semble pourtant être sur le point de définitivement se ranger, puisqu'il a trouvé en la belle Alice, sa parfaite moitié.
Mais lorsqu’il part en Inde travailler sur une version très originale de Roméo et Juliette pour Rahul Abhi, célèbre cinéaste indien il rencontre lors d'un diner Anna, l'épouse d'un ambassadeur français, Samuel, un homme très épris et à la jalousie maladive.
Anna ne lui ressemble en rien, mais elle l’attire plus que tout.
Ne pouvant pas avoir d'enfant, celle-ci se lancera dans une quête vers le " chemin de la fertilité " à la rencontre d’Amma, une déesse vivante emplie d’amour qui a le pouvoir mystique de guérir et de changer les destins par la force de ses... câlins.
De manière fortuite, Antoine, hésitant face à la demande en mariage d'Alice, va suivre Anna et ensemble, ils vont vivre une incroyable aventure, au point de se demander si il ne serait pas en train de faire naître un second amour bien plus fort que ceux qu'ils vivent avec leur conjoint…
Sur la base hautement alléchante d'une love story à quatre cœurs - un carré amoureux - au sein d’un décor propice à la passion (L'Inde, Bollywood étant qui plus est le producteur number one de romance sur pellicule), Claude Lellouch, que l'on avait plus vu aussi inspiré depuis longtemps, signe sans aucun doute avec son nouveau long métrage, à l'instar de Clovis Cornillac (Un Peu Beaucoup Aveuglement), Louis Garrel (Les Deux Amis) et Emmanuel Mouret (Caprice), l'une des plus belles romcoms de l'année.
Entre réalisme et fantasme, méta (le tournage d'un métrage - Roméo et Juliette - dans le métrage, et la filiation certaine à Un Homme qui me Plait, déjà de Lellouch avec Jean-Paul Belmondo, idole de Dujardin) et spirituelle (avec tous les clichés qui vont avec), hautement classique et peu conventionnel à la fois, pas dénué d'incohérences (le fait qu'Antoine suive sans problème Anna vers sa quête de fertilité est un raccourcie peu trop facile) mais porté par une magie séduisante et une joie communicatrice; Un + Une est un film enjoué et enthousiasmant sur la beauté et les fondements de l'amour (notamment un questionnement sur la notion de couple), une épopée émotionnelle, drôle et dépaysante mise en boite avec fluidité et maitrise par un éternel amoureux de l'amour et de ses interprètes.
Car si la filmographie de Lellouch est plus que déclinante depuis And Now... Ladies and Gentlemen, on ne peut décemment pas lui reprocher de toujours avoir été un formidable directeur d'acteurs.
Dans la peau de l'énième duo homme-femme qui fait vibrer le cinéma du cinéaste, Jean Dujardin (parfait, cabotinant juste ce qu'il faut) et Elsa Zilberstein (plus belle que jamais) forme un couple joliment empathique - on se reconnait en eux comme dans tout film du metteur en scène -, et compose face caméra une mélodie de la séduction qui nous transporte par sa beauté et sa vulnérabilité.
Vaudeville tendre, délicat et humain, le Lellouch nouveau (point son meilleur ouvrage mais qu'importe) est une bulle de légèreté, de simplicité et de plaisir qu'on sera bien sot de se priver en cette riche fin d'année ciné 2015, décidément l'une des cuvées les plus exceptionnelles de la dernière décennie.
Jonathan Chevrier