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[CRITIQUE] : Lou ! Journal Infime


Réalisateur : Julien Neel
Acteurs : Lola Lasseron, Ludivine Sagnier, Kyan Khojandi, Nathalie Baye,...
Distributeur : Studio Canal
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min.

Synopsis :
Lou est une jeune fille créative et rêveuse d’une douzaine d’années. Elle vit seule avec sa mère, Emma, qui a mis de côté sa vie de femme ces dernières années pour se consacrer à l’épanouissement de sa fille. Leur cocon confortable cache malgré tout quelques failles : Emma stagne et glisse doucement vers la mélancolie alors que Lou est obnubilée par Tristan son petit voisin, délaissant sa bande de copains... Leur bulle éclate alors qu’Emma entame une renaissance amoureuse et qu’un premier baiser fait rentrer Lou dans les années enivrantes de l’adolescence.



Critique :

Même si sa bande annonce nous apparaissait joliment sympathique et haute en couleur, force est d'admettre que nous avions tout de même de quoi être un brin inquiet face à la vision de ce Lou ! Journal Infime, signé par un Julien Neel qui débute devant la caméra pour adapter sa propre bande dessinée.

Inquiet, puisque la comédie française cuvée 2014 fut tellement étonnante - dans le bon sens du terme pour une fois -, qu'on se demande bien comment un premier film à l'aspect aussi barrée pourrait bien tutoyer du bout de la pellicule, les qualités d'un Babysitting, d'un Situation Amoureuse : C'est Compliqué ou encore d'un Libre et Assoupi, pourtant eux aussi issus de premier passage derrière la caméra de leur metteur en scène.

Pire, si l'arrivée de la petite tête blonde à l'imaginaire débordant sur grand écran faisait craindre les cinéphiles que nous sommes - plutôt séduit par la BD contant les aléas de cette sympathique ado -, c'était surtout face au gâchis évident qu'aura accomplit le septième art hexagonal en pillant depuis plusieurs décennies, la richesse du neuvième art français.


Les Astérix (excepté Mission Cléopatre), Blueberry, Boule & Bill, Les Daltons, Michel Vaillant ou encore Lucky Luke, Largo Winch, Ducobu et leurs suites, que de purges dont on se serait volontairement bien passé, même si ils ont pour la plupart, tous réussi la prouesse de faire sauter la baraque au box-office.

Nous étions loin d'être serein en entrant en salles et pourtant, bien mal nous en aura pris, car non seulement Lou ! Journal Infime est une excellente adaptation qui reprend à merveille toute l'essence qui faisait le charme des cases de la BD, mais il est également un rafraichissant feel good movie aux personnages méchamment attachant.

Lou donc, ou l'histoire de la jeune Lou, Lou une pré-ado créative et rêveuse d’une douzaine d’années.
Elle vit seule avec sa mère, Emma, qui a mis de côté sa vie de femme ces dernières années pour se consacrer à l’épanouissement de sa fille, et aux joies de parties de jeux-vidéos interminables sur console.
Leur cocon confortable cache malgré tout quelques failles : Emma stagne et glisse doucement vers la mélancolie alors que Lou est obnubilée par Tristan son petit voisin, délaissant sa bande de fidèles copains.

Mais leur bulle éclatera alors qu’Emma entame une renaissance amoureuse - bien aidée par sa fille - et qu’un premier baiser fait rentrer Lou dans les années enivrantes de l’adolescence...


Il est indiscutable d'avouer que la bande dessinée Lou - à l'instar de Titeuf - est l'un des succès populaires les plus agréable à suivre de la dernière décennie dans les librairies, tant la jeune Lou, que l'on a vu grandir album après album, passant de l'âge ingrat à la vie tout aussi complexe d'adulte, a su attiser avec le temps, l'affection des lecteurs, grâce notamment, à une retranscription rarement aussi juste de l'adolescence. 

Alors voir son papa de plume, Julien Neel, retranscrire lui-même son univers sur grand écran avait ce petit côté un brin rassurant, tant il est connu que personne ne connait mieux une œuvre que son auteur lui-même, et ce même si le bonhomme est un bleu côté réalisation.
Si tout le monde ne peut pas prétendre être un auteur d'une série de bandes dessinées, il en va de même pour ce qui est d'être réalisateur et même scénariste.
Pourtant, pour une première fois le Neel s'en sort plutôt avec les honneurs, citant aussi bien le cinéma bricolé et rêveur de l'inestimable Michel Gondry, que la magie colorée et merveilleuse du grand Jean-Pierre Jeunet.

Comme chez ses précieux ainés - la petite touche de génie en moins il est vrai -, Neel ne s'impose aucune limite et transporte son spectateur dans un monde d'une richesse folle (adapté des quatre premiers tomes de la BD : Journal Infime - Cimetière des Autobus - Laser Ninja - L'Age de Cristal), un véritable bric-à-brac so 70's décalé et enthousiasmant, parsemés de quelques pincées de surnaturel savoureuses (notamment les excellents passages animés), aux décors aussi fouillés que les couleurs sont acidulées, et le tout parcouru par des personnages fortement attachants.

Dynamique et esthétiquement inventif et irréprochable, Neel travaille sa mise en scène tout comme il avait travaillé ses cases, avec un soin certain et un imaginaire débordant, qui masque les nombreuses maladresses de sa générosité (son casting pas toujours convainquant, ou encore sa volonté, un brin fourre-tout, de vouloir TOUT mettre de sa bande dessinée dans le film, au point de laisser sur le côté les spectateurs n'ayant jamais lu la version sur papier), pour offrir ni plus ni moins que le plus bel hommage possible sur pellicule, à son héroïne adorée, mais surtout pour offrir aux cinéphiles le feel good movie français le plus réjouissant de l'année avec Libre et Assoupi.


Côté casting, c'est du quatre étoiles pour interpréter une galerie de personnages aussi attachants que savoureux.

L'immense Nathalie Baye est jouissive en grand mère acariâtre et pince-sans-rire tandis que Ludivine Sagnier est d'une justesse de ton improbable dans la peau de la mère de Lou (on ne l'a plus vu aussi épatante depuis longtemps), campée ici par l'inconnue - mais plus pour très longtemps - Lola Lasseron, véritable révélation du métrage, tout en fraicheur et en sincérité.
Même Kyan Khojandi, pour son premier grand rôle sur grand écran, assure dans la peau du voisin/love-interest compositeur.

Charmant, original, rythmé (notamment par une séduisante bande originale) et à l'humour intelligemment calibré pour tous, Lou version cinéma est une franche et audacieuse réussite, un formidable divertissement sur l'enfance sous forme de bouffée d'air frais mené tambour battant.

On n'en attendait pas autant mais maintenant, inutile de dire que l'on attend sa potentielle suite avec une furieuse impatience...


Jonathan Chevrier