[CRITIQUE] : Albert à L'Ouest
Réalisateur : Seth MacFarlane
Acteurs : Seth MacFarlane, Charlize Theron, Liam Neeson, Neil Patrick Harris, Amanda Seyfried, Giovanni Ribisi, Sarah Silverman,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie, Western.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min.
Synopsis :
La couardise d'Albert au cours d'une fusillade donne à sa fiancée volage la bonne excuse pour le quitter et partir avec un autre. Une belle et mystérieuse inconnue arrive alors en ville et aide le pauvre Albert à enfin trouver du courage. Des sentiments s'immiscent entre ces deux nouveaux alliés, jusqu'au jour où le mari de la belle, un hors-la-loi célèbre, découvre le pot-aux-roses, et n'a plus qu'une idée en tête : se venger. Albert aura-t-il le courage nécessaire pour venir à bout du bandit ?
Critique :
On ne le répétera jamais assez, le désopilant Ted a beau avoir eu l'effet d'une bombe au sein de la comédie ricaine lors de sa sortie en 2012, il n'en était pas un moins un triomphe et une révolution hautement prévisible vu que le génie de la plume de Seth MacFarlane avait déjà méchamment su s'implanter avec succès depuis près d'une décennie sur le petit écran, avec les animés Les Griffin et American Dad.
Petit bonhomme au (très) grand talent, inutile de préciser que son second passage derrière la caméra pour un film live - belle promesse de western parodique pouvait dépoussiéré, dans le bon sens, l'un des genres les plus usés du septième art du pays de l'oncle Sam -, était salement attendu au tournant, surtout que le Seth s'est ajouté un handicap de taille pour le coup : la triple casquette de réalisateur, producteur et scénariste (comme sur Ted), mais surtout assurer également la vedette via un premier rôle aux petits oignons de loser au grand cœur.
Dans une année ciné ricaine qui manque cruellement de vraies et grosses poilades bien grasses - on attend encore la sortie de Nos Pires Voisins et Légendes Vivantes date déjà de décembre dernier -, Albert à L'Ouest tombe donc judicieusement à pic et ce, même si il s'est méchamment gaufré au box-office US le mois dernier, tout comme les retrouvailles du duo Barrymore/Sandler dans Blended.
Alors, flop mérité pour un film en deçà des nombreuses exigences suscitées par la fougue de MacFarlane, ou vrai boycott incompréhensible de la part d'un public ricain déjà blasé par le talent de l'une de ses plus belles plumes ?
Albert à L'Ouest ou l'histoire du malheureux Albert, dont la couardise au cours d’une fusillade donne à sa fiancée volage la bonne excuse pour le quitter et partir avec un autre.
Peu après, une belle et mystérieuse inconnue arrive alors en ville et aide le pauvre Albert à enfin trouver du courage et à être l'homme qu'il a toujours voulu être (enfin presque).
Petit à petit, des sentiments s’immiscent entre ces deux nouveaux alliés, jusqu’au jour où le mari de la belle, un hors-la-loi célèbre, découvre le pot-aux-roses, et n’a plus qu’une idée en tête : se venger de ce pauvre Albert.
La question reste alors entière, aura-t-il le courage nécessaire pour venir à bout du bandit, ou jouera t-il de nouveau de sa couardise légendaire ?
Autant l'annoncer tout de suite histoire de répondre à la question dès le départ et sans détour, aussi bon et jouissif soit-il, A Million Ways To Die in the West (bien meilleur titre que celui choisit dans nos contrées) n'est clairement pas la hauteur de l'immensément jubilatoire Ted.
Mais est-il réussi pour autant ?
Pour tous fans du grand burlesque qu'incarne l'humour de MacFarlane, la réponse ne peut être qu'affirmative, tant son nouveau long métrage accumulent les gags potaches et incontrôlables à la seconde, rend infiniment savoureux le vulgaire et le grotesque dans une accumulation de moments trash proche de l'indigestion - quitte à parfois paraître même un poil hors de propos.
Car c'est aussi bien la plus grande force que la plus dommageable faiblesse du métrage, la volonté du Seth à balancé une tonne de gags à la minute via une pluie de personnages et d'idées toutes salaces les unes que les autres, mais plus sage et moins corrosif dans le fond, que son illustre passé.
Ici, le bonhomme va trop vite pour son film, et quand celui-ci se fait plus lent et moins comique - notamment quand il se veut plus romantique, ou qu'il se laisse aller à quelques gags faciles -, il perd instinctivement en intérêt mais surtout en maitrise, là ou Ted arrivait justement (et étrangement, pour un premier film) à trouver l'équilibre parfait entre humour crade et émotion la plus sincère.
Ce qui n'empêche pas, dans cet excès de tous les instants, de trouver cet Albert à L'Ouest profondément attachant, tant la volonté du cinéaste d'offrir un divertissement total est constamment honnête et plaisante.
MacFarlane ne s'interdit rien dans son nouveau film profondément old school, au point qu'il rappelle en de nombreux points, les fameux western parodiques cultes ritales, portés notamment par les géniaux Terrence Hill et Bud Spencer.
Mieux, au final, c'est bien plus vers les comédies familiales délurées des 80's, que le bonhomme offre un hommage des plus sincères, des désopilants Y'a t'il un Pilote dans l'Avion à Hot Shots en passant même par les Monty Python, il s'impose sans faiblir comme l'unique et fier héritier contemporrain de Mel Brooks et Jerry Zucker.
D'ailleurs, comme Mel Brooks, il s'offre un rôle dans son métrage, et pas des moindres puisqu'il incarne le personnage principal (et accessoirement son premier grand rôle au cinéma, ce qui se sent assez vite pour le coup), Albert, gentil fermier naïf, gauche et trouillard bien trop moderne pour l'époque dans laquelle il vit - un rôle qui aurait été parfait pour Jerry Lewis -, et qui va devoir devenir un vrai dur de dur pour reconquérir sa bien-aimée et survivre face à dure loi de l'Ouest sauvage et lourdement dangereux.
A ses côtés, il aura eu le bon gout de convoqué les géniaux Neil Patrick Harris, Sarah Silverman et Giovanni Ribisi, habitués de ce genre d'humour, mais surtout la bellissime Charlize Theron, qui trouve ici (enfin) un premier vrai rôle comique qui lui sied, avec surprise, à merveille.
On notera également les présences remarqués mais assez sous-utilisées, d'une Amanda Seyfried qui en prend salement pour son grade, mais aussi d'un Liam Neeson excellent en hors-la-loi badass.
Décomplexé, débridé, méchamment référencé (il s'auto-cite avec Ted, mais cite joliment également le cinéma de Jerry Lewis, Quentin Tarantino et comme dit plus haut, ceux de ZAZ et des Monty Python) et magnifié par des caméos de luxe géniaux (Nom de Zeus, pour ne pas spoiler plus), avec un humour sans limite et encore plus quand il vogue dans les mers du mauvais gout, un regard malin et décalé sur le Far-West cher à Sergio Leone - dont il s'amuse de tous les codes et clichés -, Albert à L'Ouest est une franche réussite, à peine plombé par son message moralisateur, une intrigue qui peine à demarrer et une durée (très) proche des deux heures.
Dans une volonté de marier comédie familiale d'antan et comique à sketch moderne, Seth MacFarlane fait souvent mouche avec panache, dans un n'importe quoi général un peu lourd parfois mais jouissif tout du long, un pur délire sous forme de gros bonbon acidulé pour cinéphiles avertis, dont la cinéphilie n'aura de cesse d'être convoquée à coups de clins d’œils vraiment plaisant.
Et rien que pour « If you’ve only got a moustache », tout aussi délirante que « La chanson du Tonnerre » de Ted, dites-vous que la vision de A Million Ways To Die in the West vaut déjà méchamment son pesant de popcorn...
Jonathan Chevrier