[CRITIQUE] : Rio 2
Réalisateur : Carlos Saldanha
Acteurs : avec les voix en vo de : Jesse Eisenberg, Anne Hathaway, Will.i.am, Jamie Foxx, George Lopez, Tracy Morgan, Jemaine Clement, Leslie Mann,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.
Synopsis :
Blu a pris son envol et se sent désormais chez lui à Rio de Janeiro, aux côtés de Perla et de leurs trois enfants. Mais la vie de perroquet ne s’apprend pas en ville et Perla insiste pour que la famille s’installe dans la forêt amazonienne alors qu'ils découvrent que d'autres aras bleus y vivent.
Critique :
Blue Sky ou le studio d'animation dont on ne cesse de répéter qu'il a tout pour devenir l'un des plus grands faiseurs de rêves de l'animation made in Hollywood.
Force est d'admettre pourtant que de relayer cette affirmation relève de la pure insulte assénée à un studio qui n'a strictement plus rien, ou presque, à prouver depuis bien longtemps.
Si il est vrai qu'artistiquement parlant, ceux-ci ont pas mal de retard face à leurs ainés de chez Dreamworks, Sony Pictures et Pixar, financièrement et niveau côte populaire par contre, elle les devance toutes largement, avec la faculté constante qu'ils ont depuis dix ans de produire beaucoup pour pas cher, s'assurant toujours ainsi de combler ses espérances et exigences commerciales.
Succès répétés qui s'explique certainement d'ailleurs par son soin si particulier à soigner ses franchises, plutôt que de faire comme tout le monde en balançant sans regarder, à chaque vacances scolaires, des suites pâles et bâclées, faisant amèrement regretter l'aura génial et inventif de leurs concepts originaux (Dreamworks les aligne à la pelle, Shrek, Kung-Fu Panda, Madagascar,...).
Mais là ou la concurrence commence à sérieusement musclé son jeu (Dragons, Les Cinq Légendes et Les Croods chez Dreamworks, L'Etrange Pouvoir de Norman et le futur Boxtrolls chez Laïka), Blue Sky se devait de franchement s'activer pour se détacher de l'étiquette peu flatteuse de " simple racoleur de mioches ", que la critique bien pensante lui a collé sur le derrière, et qu'il est difficile de contredire quand on pense à la franchise étirée de l'Age de Glace, et son humour certes débridé mais très (trop) enfantin.
Rio 2 a donc beau être une suite d'un succès retentissant qui fleure bon la franchise à rallonge comme celle nommée juste au-dessus, mais là ou les aventures de Sid et compagnie peinait de plus en plus à se renouveler au fil des épisodes, Blu et sa bande démontre que suite ne rime pas forcément avec stagnation, voir ni même régression.
Trois ans plus tard, on retrouve avec un certain enthousiasme Blu et sa savoureuse bande de copains, le plus humain des aras bleu étant aujourd'hui l'heureux papa de trois bambins, qu'il a eu avec son amour Perla.
Muni de sa banane fourre-tout, de sa familles et ses amis, il prend la décision de voyager jusqu'au cœur de la jungle amazonienne pour tenter de retrouver d'autres oiseaux de leur espèce.
Un périple qui sera loin de tout repos puisqu'ils seront suivis de près par le maléfique et rancunier Nigel, le fameux cacatoès estropié et avide de vengeance, cette fois-ci accompagné de Gabi, une grenouille venimeuse rose folle d'amour et d'un tamanoir accro aux fourmis...
Autant l'avouer tout de suite, si l'intrigue de ce second opus est loin de péter dans la soie de l'originalité et que ses grandes lignes sont très vite prévisible (même si sa structure narrative, ou les péripéties du tandem humain entrecoupent celles de la famille de perroquets, est très maline), difficile de ne pas en revanche, tomber littéralement à la renverse face à la beauté plastique incroyable de la photographie carte postale de ce Rio 2, qui vaut à elle seule le déplacement.
Les scènes de vols sont enivrantes, les images - magnifiées par une 3D soignée - sont impressionnantes, joliment colorées et fourmillent de petits détails, à tel point que l'on a qu'une seule envie une fois la bande terminée : faire son sac et partir découvrir sur le terrain, la jungle amazonienne et les chaudes terres Brésiliennes.
Dépassant aisément l'humour et l’esthétique du pourtant honorable Rio premier du nom, cette nouvelle aventure de Blu foisonne d'inventivités et de références toutes plus folles les unes que les autres, pimentées par une bande originale sympathiquement rythmée.
Du Star Amazonie (clin d’œil à The Voice) à la culture footballistique, capoeira et samba do Brazil (pub pour la coupe du monde 2014 oblige), en passant par un message écolo rappelant fortement Avatar - là ou également, des bleus tentaient de sauver leur écosystème -, la péloche a également le bon gout d'injecter du sang frais via de nouveaux personnages proprement délirant, de la grenouille Gabi au footballeur dragueur Roberto, sans oublier les tortues sœurs Capoiera, et le papounet de Perla, un chef militaire un tantinet autoritaire.
Mieux, ce retour aux source et à la vie sauvage de Blu et sa famille parlera intimement aux plus grands, via une humanisation poussée des animaux peuplant la bande, que ce soit aussi bien dans leurs actes (les rejetons usant de la nouvelle technologie, démontre la société consumériste dans laquelle on vit) que dans leurs liens, notamment via la relation parents/enfants mais surtout mari/beau-père, qui change de l'habituel conflit épouse/belle-mère, poncée jusqu'à la moelle dans les comédies populaires.
Peu importe donc si le scénario ne vole pas haut, qu'il manque de profondeur et que la morale est un peu palote et convenue, Carlos Saldanha privilégie une ivresse visuelle dans un cadre estivale paradisiaque menée tambour battant et sans aucun temps mort, ainsi qu'une bonne humeur communicative via des dialogues hilarants et finement écrits.
On ne peut que le féliciter d'avoir pris une telle direction artistique.
Alors oui, la compagnie de Chris Wedge n'a pas encore écrasé sa rude concurrence d'un chef d’œuvre indiscutable, mais elle offre jusqu'à maintenant - en attendant Dragons 2 -, la péloche d'animation la mieux foutu de l'année, derrière le chef d’œuvre La Grande Aventure Lego.
Certes Rio 2 n'est pas son cheval de Troie pour mettre Hollywood complétement à ses pieds, mais patience, aux vues des énormes progrès fait par le studio, le grand jour approche...
Jonathan Chevrier