[CRITIQUE] : Need For Speed
Réalisateur : Scott Waugh
Acteurs : Aaron Paul, Dominic Cooper, Imogen Poots, Rami Malek, Ramon Rodriguez, Michael Keaton,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : 66 000 000 $
Genre : Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Tobey Marshall et Dino Brewster partagent la passion des bolides et des courses, mais pas de la même façon… Parce qu’il a fait confiance à Dino, Tobey s’est retrouvé derrière les barreaux. Lorsqu’il sort enfin, il ne rêve que de vengeance. La course des courses, la De Leon – légendaire épreuve automobile clandestine – va lui en donner l’occasion. Mais pour courir, Tobey va devoir échapper aux flics qui lui collent aux roues, tout en évitant le chasseur de primes que Dino a lancé à ses trousses. Pas question de freiner…
Critique :
Inutile de dire que Need For Speed était l'un des - voir LE - blockbusters les plus attendus de ce premier semestre 2014, par les cinéphiles amateurs de série B burnées et motorisées, tout autant que par les fans de la première heure de la franchise vidéoludique dont il s'inspire - ou pour être plus honnête, dont il pique simplement le titre.
Parce qu'il faut bien être honnête, aujourd'hui qui ne connait pas la saga NFS, hein ?
Référence ultime du jeux de courses sur console, dont il était presque obligatoire de le voir débarquer un de ses quatre sur grand écran, vu la mode Hollywoodienne du moment (bon, de toujours) à chercher à capitaliser sur tout produit ou toute licence un minimum populaire et fédératrice.
Et si l'on doutait dès le départ, légitimement, du bien fondé de la chose - mis à part chercher à concurrencer la lucrative franchise Fast and Furious sur son propre terrain et glaner autant de pépette au box office mondial -, Dreamworks a su solidement nous appâter à coups de trailers aguicheurs, de scènes d'actions emballantes ainsi que d'un casting pour le moins enthousiasmant.
Un dit cast porté par l'excellent Dominic Cooper mais surtout le mésestimé Aaron Paul, révélation de la série Breaking Bad, que l'on rêvait depuis longtemps de voir quitter le statut de gentil partisan du cinéma indé pour celui de next big thing de l’industrie Hollywoodienne.
De quoi nous foutre une trique d'enfer avant même d'entrer en salles, même si l'on sait déjà, à l'avance, que la péloche ne brillera pas par son originalité, et c'est d'ailleurs ce qui pourrait en faire tout son charme.
Need For Speed donc, ou l'histoire de Tobey Marshall, qui travaille dans l'entreprise familiale Marshall Motors dans la banlieue de New York.
Depuis le décès de son père, il est endetté et a du mal à joindre les deux bouts, du coup après le travail, le bonhomme, pilote plutôt doué, participe à des courses clandestines dans l’espoir de remporter un gros montant d’argent histoire d'éponger ses dettes.
L'ennemi de Tobey, le riche et arrogant Dino Brewster lui rend visite et lui donne une occasion en or de rembourser ses dettes.
En échange de 500 000$, Dino lui demande de construire Mustang extrêmement rapide, avant de justement le défier dans une course en un contre un une fois la caisse terminée.
Le hic, c'est qu'un terrible accident arrive durant la course - l’homicide involontaire de Little Pete, leur ami commun -, et le lâche de Dino s’enfuit, laissant Tobey seul face aux autorités.
Il écopera de deux piges de taules, deux piges durant lesquelles il jure vengeance.
Vengeance qu'il entreprend de prendre lors d'une course illégale dont les participants sont triés sur le volet.
Et pour y participer, Tobey va tout faire pour impressionner son organisateur, l'énigmatique Monarch...
Basé sur une histoire de rédemption aussi épaisse qu'une feuille de papier cul Lotus, l'intrigue de Need For Speed est d'une simplicité et d'une prévisibilité frisant foutrement avec l'indécence, soit exactement comme toutes celles des opus vidéoludique - ou presque - de la firme EA, dont l'unique utilité au fond, n'est que de servir de prétexte à une accumulation de scènes d'actions toutes plus impressionnantes les unes que les autres.
Un problème en soit ?
Pour les amateurs de série B non, pour les autres en revanche, le caca nerveux guettera les estomacs fragiles dès le premier quart d'heure.
Étant clairement de la première catégorie, difficile pour moi de ne pas consommer la péloche telle qu'elle est : soit un divertissement total cherchant purement et simplement à faire triquer comme des malades ses spectateurs comme il l'a promis durant sa campagne promotionnelle; le tout dans un enchainement non-stop de jets d'adrénalines méchamment délectable.
Ne retenant que le réalisme des courses de la franchise sur console, Need For Speed est donc un gros délire jouissif sur pellicule et littéralement à couper le souffle, roulant à un rythme effréné et sans (grosses) embuches pendant plus de deux heures, bourré jusqu'à la gueule de scènes et de cascades toutes plus folles les unes que les autres, réalisés sans CGI - mais avec des cascadeurs, comme à la grande époque des 80's/90's -, et dont il est évident de ressentir la dangerosité à chaque instant.
Une approche réaliste (accentuée par les énergiques plans à la première personne) fort louable que le cinéaste Scott Waugh avait déjà adopté lors de son précédent et premier long, Act of Valor, et qui apporte une plus-value certaine au métrage.
Le seul terrain ou elle bat d'une certaine manière, les films de Dom et sa bande.
Car si, en revanche, il nous venait la mauvaise idée de comparer Need For Speed a Fast and Furious (hormis l'erreur de parcours Tokyo Drift, bien entendu), inutile de préciser que le pauvre Tobey se verrait très vite distancer dès les premiers mètres par la poule aux œufs d'or de chez Universal.
Alors tant pis si le script cliché est plus plat qu'une planche à repasser, que l'humour ne vole pas très haut ou encore que les acteurs font ce qu'ils peuvent pour faire vivre des personnages caricaturaux et manquant cruellement de profondeur (après Robocop, R.I.P. again pour le jadis vénéré Michael Keaton) - excepté un Aaron Paul bouillant de charisme -; l'important c'est l'ivresse et la vitesse, et Need For Speed en a à revendre, comme tout bon grand huit spectaculaire que ce doit d'être chaque blockbuster estivaux.
A défaut d'être mémorable, le film est joliment divertissant, sincère et foutrement généreux pour faire passer à tout amoureux du cinéma d'action, un excellent moment confortablement installé dans son fauteuil.
Dommage donc que son insuccès en salles outre-Atlantique, nous prive vraisemblablement d'une suite, parce que l'on est de ceux qui rechignerait difficilement face à un second tour de manège...
Jonathan Chevrier