[CRITIQUE DVD] : Hapiness Therapy
Réalisateur : David O.Russell
Acteurs : Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Jackie Weaver, Julia Stiles, Chris Tucker,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min.
Date de sortie en salles : 30 janvier 2013
Date de sortie en DVD/Blu-Ray : 4 juin 2013
Synopsis :
La vie réserve parfois quelques surprises…
Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme.
Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents.
Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme.
Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé.
Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour.
Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.
Critique :
Hautement attendu à l'époque vu qu'il était précédé d'un buzz assez incroyable pour une comédie romantique indé US, Hapiness s'était permis de rafler huit nominations aux Oscars, et de figurer aux côtés des Argo, Lincoln donc, mais aussi Zero Dark Thirty ou encore Les Misérables dans la catégorie très convoité du Meilleur Film.
Un peu l’intrus de la bande il faut l'admettre, et beaucoup se demande encore ce qu'il a prit à l'académie d'en faire un des favoris de la compét (un peu comme Slumdog Millionaire, en même temps, et y'a qu'à regarder la moisson qu'il y a fait après...), surtout qu'il n'a aucun engagement politique, et qu'il a encore moins été calibré pour partir à la course à la statuette, même si il est produit par les Weinstein qui ont le sait depuis quelques temps maintenant, ne jure que par l'or académique.
Alors, la péloche incarne t-elle un gros buzz et une pluie de nomins pas franchement méritées, ou au contraire mérite t-elle tout le bien que l'on peut penser d'elle, et toutes les belles récompenses qu'elle a pu glaner, notamment grâce à la brochette de talents incroyables qui lui sert de cast ?
Thérapie nécessaire ou pas nécessaire, voilà la vraie question, et si son marketing avait appuyer sur une aura faussement " à l'eau de rose ", après vision il est difficile de ne pas admettre que le métrage mérite amplement tous les louanges qui lui sont portées, car en plus d'être franchement drôle et bouleversant, il incarne une vision rafraichissant de la romcom US intelligent et profond, qui se place là comme le premier (et certainement le meilleur) feel good movie de 2013 !
Hapiness Therapy, ou titre plus juste en version originale (traduire de l'anglais en anglais, on est fort dans l'hexagone) vu qu'il colle parfaitement au thème du film, Silver Linings Playbook (ou clairement la stratégie de l'optimisme), nous raconte l'histoire de Pat Solotano, un type franchement banal qui a tout perdu, et qui pourrait easy être la vedette de la prochaine émission merdique de NRJ12, Tellement Vrai.
Interné pendant huit mois en hôpital psychiatrique, le bonhomme, bipolaire à la franchise acide, vient tout juste d'être libéré.
Il part emménager chez ses parents après avoir paumé femme, boulot et maison.
C'est la loose c'est clair mais ce n'est pas pour autant que le lascar va se laisser abattre.
Même au fond du fond du fond du trou, il affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme, mais ça c'est un peu une peine perdue...
Très rapidement, il va faire la rencontre assez improbable et déjanté de la très jolie Tiffany, lors d'un diner entre amis.
Elle est une jeune veuve tout aussi paumé et amochée que lui, et elle a également sombré dans la dépression.
Celle-ci se proposera de l'aider à reconquérir sa femme, à condition qu'en échange il lui rende un petit service, que celui-ci accepte d'être son partenaire pour un concours de danse...
Peu à peu, un lien inattendu mais pas sans étincelles, commence à se former entre eux et ensemble, même si ils ont des caractères bien opposés, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives assez mouvementés...
Adapté du roman Matthew Quick du même nom, Silver Linings Playbook n'est certes pas la claque de l'année, ni même la romcom de la décennie comme le diront beaucoup de critiques (en même temps qui a dit qu'elle cherchait à briguer ses deux mandats, hein ?), mais elle est indiscutablement la plus drôle, réjouissante et touchante bande de cette première moitié de 2013, tout aussi profonde qu'intelligente, aussi grave qu'enthousiaste, porté par un casting de folie et un scénar aux dialogues salement léchés, né de la plume franchement impressionnante du David O. Russell, qui en plus à le talent de bien choisir ceux qui l'entoure.
Si il y a bien un mot qui peut caractériser l’œuvre sur toute sa longueur, c'est bien le mot honnêteté, d'abord parce qu'elle incarne le trait de caractère, maladif, le plus marquant de la personnalité du héros, mais surtout et avant tout parce qu'elle est le but premier qui motive toute sa vision, du début jusqu'à la fin.
Honnêteté et sincérité, le film l'est dans son écriture, au thème d'une justesse et d'une sincérité incroyable, touchant autant en plein cœur son auteur (le fils du David est également bipolaire donc le bonhomme sait de quoi il parle), que le spectateur, obligé d'être le témoin conscient des angoisses face à la vie de citoyens moyens qui nous ressemble, luttant comme ils peuvent face à une existence pas toujours rose, angoisses pouvant ronger n'importe qui, n'importe quand.
Oui, Hapiness c'est une magnifique comédie grave sur la réhabilitation sociale d'âmes amochées, d'excentriques voulant re-escalader la vie et ses malheurs pour mieux aller de l'avant et retrouver un bonheur perdue, drame qui plutôt que de creuser le sillon noir de son histoire, va peu à peu aller vers la légèreté d'une romcom certes loin d'être surprenante dans sa forme mais savoureuse dans son fond.
On suit donc avec plaisir cette romance pas vraiment comme les autres entre deux protagonistes fascinants qui agissent comme des aimants l'un envers l'autre, s'attirant et se repoussant, se comparant toujours à l'autre pour savoir lequel est le plus taré de deux, s'aimant mais niant leur compatibilité avant de réaliser in fine qu'ils ont besoin mutuellement de l'autre pour guérir.
Un peu comme pour Fighter, le héros est entouré d'une famille et d'amis tout aussi déglingué qu'il l'est (le papa est peu bavard et bourré de tocs, la maman souvent dépassée, est toujours possédé par l'envie de vouloir toujours tout arranger, quand au frangin lui il refoule ses émotions), lui-même agissant comme un sacré catalyseur de mal-être.
Désinvolte, riche, enthousiasmant, ponctués de joutes verbales sous forme d'engueulades et d'affrontements forts et jouissifs, Silver est une putain de remise sur pied, d'ouverture des yeux face à la félicité sous fond de love-story rafraichissante et de chronique familiale en implosion (via la relation compliquée entre Pat et son père), qui perd cependant un peu en mordant dans son dernier tiers, notamment via les sous-intrigues sans intérêt du concours de danse et du pari sportif, expédié avec une certaine facilité et ne pesant pas très lourd face à l'union attendue (mais voulu par chaque spectateur) de Pat et Tiffany.
Mais même dans sa prévisibilité, le film reste toujours autant sympathique et réussi grâce à une mise en scène tout en justesse d'un David O. Russell s'appuyant un maximum sur des dialogues magnifiquement écrits, une très belle gestion de l'émotion, une sympathique bande originale et une cohérence impressionnante de ses acteurs presque tous au naturel, et frisant tous en tout point la perfection.
Bradley Cooper, en complet contre-emploi, est absolument superbe en Pat, tout aussi immature que déjanté, amoché qu'attachant.
Le bonhomme quitte pour un temps la carte de l'éternel séducteur (même si il reste ici tout aussi séduisant hein) et ce n'est pas un mal tant il est franchement convainquant en âme déchue à la langue plus que bien pendue.
Il lui aura fallu prendre le risque d'incarner un être bouleversant complétement à côté de la plaque (et donc plus humain) pour toucher le spectateur et y trouver son plus beau rôle, pourvu que sa carrière continue sur cette bonne note (comme avec une signature pour le biopic de Lens Armstrong quoi)...
La belle Jennifer Lawrence, plus belle que jamais (oui, je suis sous son charme comme tout le monde, en même temps comment ne pas l'être), est encore une nouvelle fois sublime, car même si elle est assez jeune pour le rôle (22 piges au compteur), elle est une Tiffany tout en souffrance et en dynamisme, capable de séduire avec une simple danse, de faire rire avec une simple réplique ou même d'impressionné dans une joute verbale déchainée ou elle remet en place le grand Rob De Niro !
Son talent explose à l'écran, et l'alchimie du couple qu'elle incarne avec Bradley est LA grande force du métrage.
Même si elle n'est qu'au début de sa (je l'espère) longue carrière, elle trouve déjà ici, comme Cooper, son plus beau rôle.
Derrière, si on est bien heureux de revoir Chris Tucker sur un écran de cinéma (moi le premier) dans un rôle poignant (mais qui ne laisse pas assez place à son immense talent comique), on est surtout bien content de revoir un Robert De Niro aussi génial qu'impliqué, lui qui aura laisser son talent et sa touche de génie trainé dans les vestiaires d'Hollywood durant la majeure partie (bon la totalité ok) des années 2000.
Tout en tocs, aussi pathétique que manipulateur et touchant, il est l’interprète parfait du père de Pat, et qui grâce à son immense talent, donne à chaque affrontements dramatiques une dimension émotive particulière.
A ses côtés même si son personnage n'est pas le plus développé, Jackie Weaver est formidable en mère en retrait, tout aussi aimante que dépassée par les événements.
En clair donc, même si il est parfois un peu conventionnel (dans son approche romantique), qu'il ne renouvelle pas grand chose dans le septième art d'aujourd'hui et qu'il est nettement moins fort que le précédant film de Russell Fighter, Hapiness Therapy est incontestablement le feel good movie le plus réussi que le circuit indé US nous ait envoyé depuis le culte Little Miss Sunshine en 2005, deux heures de bande aussi jubilatoire que touchante et criante de vérité.
Réjouissant, riche, juste et survolté sans jamais être moqueur malgré son sujet pas très aisé a maitrisé, le film se classe aisément au dessus du produit moyen des romcoms Hollywoodiennes tout en piochant allégrement dans ses codes, mais en les traitant avec un peu plus d'intelligence et de profondeur qu'à l'accoutumée.
Certains crieront à l'injustice de sa présence aux Oscars, moi au contraire je m'en balance, ça ne fait pas de mal de voir un peu de légèreté dans une compétition puant le sérieux (et la corruption aussi, on est d'accord).
Rien que pour son couple vedette exceptionnel de naturel et son traitement intelligent de blessures et de questionnements universelles, Silver Linings Playbook mérite le coup d’œil, ainsi qu'un bon buzz de sympathie.
Si tu sais pas quoi faire en ces après-midis de froideur et de pluie, va donc acheter cette pure et lumineuse bande au pays de l'optimisme jouissif, il n'y a définitivement rien de mieux en ce moment pour réchauffer les cœurs dans les bacs à DVD/Blu-Ray...
Ça ne mérite peut-être pas l'oscar de la meilleure comédie de l'année, mais ça fait passer un putain de bon moment et ça vaut amplement ces vingt euros d'investissement.
Et dans le fond, n'est-ce pas là tout ce que l'on demande à toute bonne péloche qui se respecte ?
Jonathan Chevrier