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[CRITIQUE] : Before Midnight


Réalisateur : Richard Linklater
Acteurs : Julie Delpy, Ethan Hawke, Seamus Davey-Fitzpatrick,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre :  Romance, Drame, Comédie.
Nationalité : Américain et Grec.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Une île grecque, une villa magnifique, en plein mois d’août. Céline, son mari Jesse et leurs deux filles passent leurs vacances chez des amis. On se promène, on partage des repas arrosés, on refait le monde. La veille du retour à Paris, surprise : les amis offrent au couple une nuit dans un hôtel de charme, sans les enfants. Les conditions sont idylliques mais les vieilles rancœurs remontent à la surface et la soirée en amoureux tourne vite au règlement de comptes. Céline et Jesse seront-ils encore ensemble le matin de leur départ ?


Critique :

C'est fou de ce dire que cela fait exactement dix huit ans cette année que l'on a appris à connaitre Jesse et Céline, l'un des couples les plus charismatiques et attachants de l'histoire du septième art pour tout cinéphile ayant eu la chance de pouvoir mirer leur aventures, et Dieu sait qu'ils ne sont pas tant que ça.

En l'espace de deux films d'à peine trois heures, quintessence de ce que le cinéma indépendant US fait de meilleur, ils auront su habilement dynamiter et révolutionner un genre littéralement souillé dans les grandes largeurs par une Hollywood privilégiant le pathos de supermarché au réalisme naturel, dans ses comédies plus tragique que romantique.

Après avoir passé la plus belle nuit de leur existence à Vienne, l'américain Jessie et la frenchy Céline nous laissait il y a neuf ans à Paris, dans l'inconnue le plus complet à la suite d'un cliffhanger quasi-insoutenable : Jesse, qui avait définitivement manqué son avion, allait-il laissé femme et enfant aux États-Unis pour rester dans la ville lumière et y vivre pleinement, enfin, l'amour passionnel qui le lie à Céline ?


Point de suspens donc aujourd'hui, car dès les premiers instants du premier trailer de ce Before Midnight, la bande annonçait clairement la couleur : oui, Jesse est resté dans la capitale française, oui il s'est mis en couple avec la jolie blonde très bavarde et féministe, et les deux sont même désormais parents de jolies petites jumelles !

Si Before Sunrise épousait avec tendresse et romantisme la naissance d'un amour aux fausses apparences d'union impossible,  et que Before Sunset s'arrêtait lui sur les frustrations et les regrets d'une vie sentimentale décevante, justement à cause du fait de ne pas avoir pleinement pu vivre cet amour fantasmé, Before Midnight lui, s'attarde, non sans avec un certain humour salvateur, sur la dite consommation de cet amour passionnel, choisit consciemment au risque de l'érosion (comme toute passion pleinement vécue), qui se fait d'ailleurs de plus en plus lattant au moment ou le cap de la quarantaine, et de sa fameuse crise, est fraichement passé.

En seulement cinq ou six séquences aux monologues aussi fluide que profond et renversant, ne trahissant jamais le style verbal typique de la franchise (comme toujours, tout semble improvisé alors que chaque ligne de dialogue est finement structuré et millimétré), le trio magique Linklater/Delpy/Hawke dissèque avec flamboyance le couple contemporrain moyen, qui la quarantaine donc bien tassée, doit tirer un bilan du chemin parcouru, avec le plus d'honnêteté et de lucidité possible.


Honnêteté qui ne manquera justement jamais à Jesse et Céline, sublimé par des acteurs talentueux à la spontanéité et à la complicité désarmante, qui traiteront de tous les sujets possible de cette problématique (les regrets d'une vie passée, celle surtout d'un père n'ayant pas pu voir grandir son fils né d'un précédant mariage, la vieillesse et sa routine éprouvante face à la fougue d'une jeunesse perdue, la quête de la simplicité dans une vie familiale quotidiennement épuisante et insatisfaisante, la question de la place de chacun dans le couple, les sempiternelles soupçons de tromperie,...), avec une drôlerie aussi tendre que remplit d'amertume.

Un portrait humain profondément réaliste, naturel, percutant et rafraichissant, dénué de tout pathos et qui trouve son apothéose dans un final sublime, ou la rancœur qui gangrène douloureusement le quotidien des deux amants, nourrit par les non-dits et les frustrations de chacun, explose dans un ton résolument très Allenien (Delpy ne s'est de toute façon jamais caché d'être une grande fan du cinéaste New-Yorkais).

Aussi tendre que tendue, profond et réaliste mais jamais pessimiste pour autant (mais bien plus sombre que les précédents films), poussant autant le spectateur à rire de plein poumons qu'à réfléchir sur des scènes qu'il ne connait (logiquement) que trop bien, Before Midnight est tout simplement une sublime péloche décomplexée et mémorable, captant toujours avec magie l'insaisissable pour beaucoup, une bande presque parfaite au résultat bien loin d'incarner l'épisode de trop que certains redoutaient aux prémices de sa préparation.


Attachant, drôle, magnifiquement interprété (je me répète, mais une fois encore Julie Delpy et Ethan Hawke sortent le grand jeu), scénarisé (comme d'habitude à trois têtes avec le trio) et mis en scène (Richard Linklater emballe le tout solidement et surtout sans aucun artifice), ce Before, contrairement aux précédents opus, pourrait presque se suffire à lui-même.

Une conclusion d'une réussite inattaquable pour une trilogie délicieusement minimaliste, intimiste et précieuse, consciente de sa force et construite sur le temps (alors que sa chronologie ne dépasse a peine les quarante-huit heures), et dont personnellement, je ne serais pas contre qu'elle se transforme d'ici neuf ans, en une puissante quadrilogie.


Jonathan Chevrier

 

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