[CRITIQUE] : The Hit Girls
Réalisateur : Jason Moore
Acteurs : Anna Kendrick, Rebel Wilson, Skylar Astin, Anna Camp, Brittany Snow, Elizabeth Banks,...
Distributeur : Universal Pictures France
Budget : -
Genre : Comédie, Comédie Musicale.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min.
Synopsis : Beca est le genre de fille qui préfère écouter son lecteur MP3 que la personne assise en face d'elle. Fraîchement arrivée à la fac, elle a du mal à y trouver sa place. Elle intègre alors, plus ou moins contre son gré, une clique de filles qu'elle n'aurait jamais considérées abordables ou fréquentables : un mélange de pestes, de bonnes pâtes et d'originales dont le seul point commun est la perfection avec laquelle elles chantent a cappella. Et quand la nouvelle venue les initie, au-delà des arrangements traditionnels et des harmonies classiques, à des interprétations et des combinaisons musicales novatrices, toutes se rallient à son ambition d'accéder au sommet du podium dans cet univers impitoyable qu'est celui du chant a cappella à l'université, ce qui pourrait bien s'avérer la chose la plus cool qu'elles aient jamais faite, ou la plus folle…
Critique :
Elle est mignonne Anna Kendrick, mais vraiment.
Déjà dans Twilight, en l'espace de quelques scènes aux dialogues et à la profondeur pourtant proche du néant, elle avait su se faire remarquer des cinéphiles par un son joli minois et son talent certain (ce qui veut dire dans la franchise vampirico-romantico-ridicule, lire son texte correctement en essayant d'être plus expressif qu'un recoin de porte).
Passée cette ligne peu glorieuse de sa filmographie, la mademoiselle s'est empressé de montrer à tout le monde que participer à une franchise pour teenagers n'était juste pour elle qu'un simple tremplin pour se faire connaitre, la preuve en deux temps trois mouvements, elle avait déjà tourné pour toute la nouvelle vague cinéastes US à toujours suivre de très près : Jonathan Levine (50/50), Edgar Wright (Scott Pilgrim vs The World), Jason Reitman (In The Air) et David Ayer (End of Watch), tout en se payant le luxe d'aller faire un petit coucou à la légende Robert Redford sur son dernier film en date, le pâlot Sous Surveillance.
A priori belle et intelligente la Anna donc, voilà pourquoi il est bien étrange et surprenant de la voir choisir un concept aussi niais que celui de Pitch Perfect (soit le titre de The Hit Girls en v.o, tout en sachant que The Hit Girls est également un titre en anglais...), comme premier film en tant que rôle-titre, là ou l’exigence et la qualité semblait être les maitres mots et le fer de lance de sa jeune et sympathique carrière (je passe évidemment sous silence sa courte présence dans le pas très glorieux Ce Qui Vous Attends Quand Vous Attendez un Bébé).
Parce que sans faire la fine bouche, The Hit Girls n'est clairement pas un bon film, pire même il est limite à chier tant il est d'une simplicité et d'une prévisibilité effarante (et ce dès les premières secondes de pellicule).
Ça enquille les moralités à deux balles et les clichés à tour de bras (je t'en cites un peu, c'est cadeau : la blonde salope, l'étrangère qui parle jamais, la chaudasse de service, la grosse vulgaire, les hippies, l’héroïne qui est différente des autres et limite refermé sur elle-même, le rival que t'as envie de niquer tellement c'est un bâtard), ça chie même sur les cultes (paix à ton âme John Hugues, on a encore touché à ton sublime Breakfast Club) parce que ça n'a ni l'ambition ni même les moyens de le devenir soit même et sa pue foutrement la bouillie nauséabonde du déjà vu qui hante 99,9 % des teens movies depuis une dizaine d'année à Hollywood la putain sans idée fraiche et nouvelle.
Et pourtant...
Dans ses faux airs de mayonnaise pas toujours fraiche, entre un ersatz de High School Musical (mais dans le bon sens, ici on ne chante pas pour raconter sa life, on le fait que pour préparer ou participer à la compétition), de New Girl (logique vu qu la scénariste n'est autre qu'une showrunner de la série, Kay Cannon), de tubes made in NRJ (t'as de tout, de David Guetta à Rihanna en passant par Kelly Clarkson, Bruno Mars et même Pitbull) et de réalisation clipesque à la MTV du pauvre (t'apprendras très vite que Jason Moore, c'est pas Michael Moore), la bande réserve de sympathiques moments d'humour scato totalement improbables, tous redevable du talent immensément décalé (pour ce qui est du comique extrême) de Rebel Wilson, resservant certes la même soupe qu'elle nous avait déjà offert pour Mes Meilleures Amies (sa présence est surement la raison pour laquelle Universal vend le film comme une rencontre entre Ted et la péloche hilarante de Paul Feig) et Bachelorette, mais elle l’exécute avec une telle désinvolture qu'il est difficile de ne pas être une nouvelle fois conquis par sa performance.
Au bout de deux heures tu te fais avoir comme tu te fais avoir toutes les quarante minutes de chaque épisodes de Glee : tu connais la chanson vu que tu l'as déjà gobés mille fois ailleurs et avec un gout souvent meilleur, mais au final tu prends quand même ton pied, enivrer par ce je ne sais quoi de totalement niais, communicatif et enthousiasmant à la fois, surtout quand les jeunes se mettent à chanter et danser dans des numéros plus ou moins enlevés.
Comme pour Glee, tu te retapera en boucle les titres de la B.O dont chaque originaux trustaient déjà dans les musiques les plus lues de ton Ipod, et tes amis se foutteront de ta gueule à ta sortie de la salle parce qu'ils ne comprendront pas comment t'as pu te taper un gros délire sur ce film alors qu'il y a Iron Man 3 qui squatte trois écrans de ton cinéma et qu'il faudrait être un véritable has-been pour avoir manqué sa sortie.
Faut l'avouer, t'auras certainement un peu honte de toi-même à la fin mais tu t'en moqueras, parce que t'auras kiffer comme un malade une histoire d'adulescent sauce marshmallow/chocolat/eau de rose comme tu les aimes inconsciemment depuis que t'es môme, et que tu matais en cachette Beverly Hills entre chaque pubs des Minikeums.
Mieux foutu que toutes les comédies musicales pondues récemment (Footloose le remake, Save The Last Dance 54 et Sexy Dance 38 entre autres), et même que toutes les romcoms pour adolescentes pré-pubères (Twilight, Lol), The Hit Girls, c'est un peu comme ton coming out de cinéphile qui se doit de s'assumer autant que le film lui-même s'assume, soit à fond.
Aussi sympathique que foncièrement faible et convenue, le métrage file la banane sans forcément chercher plus loin que d'incarner un plaisir coupable pour tout spectateur peu exigeant et voulant tout simplement passer un bon moment au cinéma.
Et vu la tonne de péloches qui n'arrivent même pas à t'esquisser le moindre sourire aux lèvres alors qu'elles sont toutes estampillées " comédie populaire " (France, c'est ta production que je vise), franchement en arriver à ce stade sans aucune autre prétention que de divertir, c'est déjà pas mal.
Et puis la Anna chante aussi bien qu'elle joue, alors pour l'homme facilement influençable que je suis, même si je ne sors pas grandit cinématographiquement parlant, c'est une place achetée tout de même judicieusement rentabilisée...
Jonathan Chevrier