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[CRITIQUE] : Berlinguer, la grande ambition


Réalisateur : Andrea Segre
Acteurs : Elio Germano, Stefano Abbati, Francesco AcquaroliRoberto Citran,...
Budget : -
Distributeur : Nour Films
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Italien, Belge, Bulgare.
Durée : 2h02min

Synopsis :
Italie 1975. Enrico Berlinguer, chef du plus puissant parti communiste d’Occident, défie Moscou et rêve d’une démocratie nouvelle. Entre compromis historique et menaces venues de l’Est, le destin d’un leader prêt à tout risquer pour ses idéaux.





Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par les " biopics modernes ", genre éprouvé et facilement déclinable (pas une semaine ne passe sans que quelques-uns ne débarquent en salles où sur les catalogues SVOD), usé jusqu'à l'extrême parce qu'il est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique, ce n'est même plus véritablement un critère désormais), il arrive parfois qu'un (où ici trois) cinéaste trompe un poil les idées reçues pour bousculer un brin les attentes comme les idées préconçues.

Copyright Nour films

En ce sens, que le (petit) salut du genre vienne cette année par deux fois du cinéma italien - et par deux fois à travers le prisme d'une figure politique -, n'a sans doute rien d'un hasard : Lettres Siciliennes tout d'abord, d'un tandem Antonio Piazza/Fabio Grassadonia habitué aux récits mafieux (les excellents Salvo et Sicilian Ghost Story), et Berlinguer, la grande ambition d'Andrea Segre, qu'on avait laissé sur le particulièrement prenant L'ordre des choses, qui venait triturer les lilites comme les travers de la politique migratoire européenne.

Un biopic sensiblement moins conventionnel que la moyenne donc, dans sa manière de dresser le portrait d'un homme comme de toute une époque : Enrico Berlinguer, secrétaire du PCI et figure importante dans l'histoire italienne de la seconde moitié du XXe siècle, à travers cinq années clés, de 1973 à 1978 - et la mort de son plus fidèle allié, Aldo Moro.

Une période charnière, colonne vertébrale d'une œuvre mêlant réalité et fiction avec un prisme proche du documentaire (logique vu la filmographie de son auteur), sorte de cocktail entre profondes crises identitaires, tensions/divisions - pas uniquement - politiques et séquences plus intimes, dont chaque versant est totalement lié aux cobtradictions comme au poids des actions de sa figure titre, dont l'ambition était d'enrayer la spirale chaotique dans laquelle la société italienne plongeait lentement mais sûrement pendant les « années de plomb » (tout en liant communisme et démocratie, quitte à rompre totalement ses liens avec l'URSS), pour distiller un semblant d'espoir enthousiaste face à l'avenir.

Copyright Nour films

Linéaire dans sa reconstruction détaillée, parfois même didactique, à tel point qu'il flirte parfois dangereusement avec l'hagiographie facile (voire la leçon d'histoire utopique et simpliste), c'est in fine dans l'humanité et la chaleur de son portrait fondamentalement touchant et empathique de Berlinguer (incarné avec justesse par Elio Germano) que le film tire sa force, sobre et tranquille, lui qui privilégie le fond sur la forme, choix aussi louable que limitant qui ne vient pourtant jamais annihiler son honnêteté évidente.


Jonathan Chevrier