[CRITIQUE DVD] : Jack Reacher
Réalisateur : Christopher McQuarrie
Acteurs : Tom Cruise, Rosamund Pike, Werner Herzog, Jai Courteney, David Oyelowo, Richard Jenkins, Robert Duvall,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : 60 000 000 $
Genre : Policier, Thriller, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min.
Date de sortie en salles : 26 décembre 2012
Date de sortie en DVD/Blu-Ray : 23 mai 2013
Synopsis : Jack Reacher, un ancien MP, est appelé à la rescousse par un ancien soldat sniper, James Barr, arrêté pour le meurtre au fusil de cinq personnes qui n'ont apparemment aucun lien entre elles... Helen Rodin, brillante avocate et accessoirement fille du procureur, est chargée de la défense de Barr. Elle et Jack, qui sont pourtant loin d'avoir les mêmes motivations, vont s'associer afin de découvrir, à eux deux, la vérité.
Critique :
Chez nous, Jack Reacher est foutrement inconnu au bataillon alors qu'aux states c'est juste une des plus grosses figures de la littérature policière.
C'est simple, si je me la joue sondage comme sur BFM TV, je te parie ma paie du mois que la plupart des sondés répondront que c'est une marque de whisky british...
Chacun ses cultes en même temps tu me diras, nous on a Julie Lescaut et le commissaire Moulin, eux ils ont un ancien policier militaire à l'intelligence qui te ferait passer Sherlock Holmes pour un simple bachelier sans mention, et à la carrure (1m96 pour 110 kilos de muscles) qui te ferait pisser dans un pantalon plus d'un bandit qui cherche un peu trop à défier la loi.
Oui parce que comme le Judge Dredd, la loi c'est lui aussi...
Balancé en librairie depuis 1997, Reacher fait les beaux jours de son créateur Lee Child, mais pas encore ceux d'une grosse major prête à pomper avidement, telle une escort girl de luxe pomperait un riche milliardaire, sa généreuse mythologie.
Paramount sera la première, et surtout la seule, à avoir aujourd'hui réussit la prouesse d'en acquérir ses droits, mais faute de réellement s'en soucier (de toute manière on ne jure que par Transformers ou presque là-bas), le héros croupie depuis des lustres dans les tiroirs du studio.
Après un premier jet de Josh Olson, le projet ne prendra réellement vie qu'en juillet 2010, alors que le hautement respecté Christopher McQuarrie (oui hautement respecté, il est quand même le scénariste des meilleurs Bryan Singer, Usual Suspect, X-Men et Walkyrie, il aurait même été de l'écriture de son dernier long en date, le pâlot Jack, Chasseur de Géant), un temps embauché pour réécrire le scénar, ne soit également engagé pour en faire l'adaptation.
Un choix risqué il faut l'admettre, balancé à la tête d'un thriller à gros budget un lascar n'ayant fait ses gammes que douze ans plus tôt sur un sympatoche mais oubliable B-movie limite indé Way of The Gun (ou les excellents Benicio Del Toro et Ryan Philippe tâtaient du gun face à un cast de seconds rôles succulents : James Caan, Taye Diggs et Juliette Lewis), y'a plus d'un studio qui n'aurait pas eu les couilles de le faire, et franchement avant ça, je t'aurais clairement mis les frileux de la Paramount dans cette liste.
Mais voilà, le Christopher avait un as dans sa manche et pas des moindres, l'enfant chéri de la Paramount, le fils prodigue un temps renié avant d'être de nouveau le titulaire number one du trône de l'entertainer bankable de la major, l'inestimable Tom Cruise.
On ne refuse rien à Cruise, s'est connu, et encore moins quand l'improbable Ghost Protocole à fait littéralement explosé le box office mondial pendant les fêtes de noël de 2011, alors que tout le monde le donnait comme le gros flop du réveillon.
Embarqué dans l'aventure par son scénariste sur Walkyrie et Ghost Protocole, Cruise avait la lourde tâche de faire avaler la pillule de sa présence à la multitude de fans du héros, car aussi charismatique et talentueux qu'il puisse être, il lui manque quand même vingt bon centimètres et plusieurs kilos dans la balance pour pouvoir coller un minimum au physique de Reacher.
Moi je n'ai pas lu une traitre ligne d'un des romans de Child, donc je ne chierais pas dans mon slip comme tout bon aficionados des bouquins, je me contrefous royalement que Tom ait besoin de talonnette aussi bigger que celle de Sarkozy et d'un passage journalier au MacDo pour coller à la ligne et à la grandeur du perso principal, si la Paramount et McQuarrie me disent que Reacher c'est Cruise, alors c'est qu'il en est ainsi, point à la ligne.
Jack Reacher ou l'adaptation du neuvième tome de la franchise littéraire de Child (c'est bien connu, on commence toujours par adapté les derniers...), One Shot, ou tout débute avec un lascar, unique suspect, qui est arrêté pour avoir zigouiller cinq personnes avec un fusil à lunettes depuis le dernier étage d’un parking, avec seulement six balles tirées.
Pas un manchot donc le gars, sauf qu'on sait direct que c'est pas vraiment lui en fait le tireur fou...
Pas vraiment sur la défensive, lors de son interrogatoire le boug ne prononce qu'une seule phrase, pas un gros " Fuck You " comme tout bon badass accro à la gâchette, mais un simple " Trouvez Jack Reacher ".
Loin d'être son père, son frangin, son pote ou même son cousin éloigné au cinquante sixième degré, Jack Reacher c'est un ancien enquêteur au sein de l’armée, à la lourde réput' de casseur de gueule et au statut d'enquêteur quasi-légendaire, avec des états de services à faire bander plus d'un wannabe mother fucking cop.
Intrigué par l'appel, il va se pencher sur son cas, et avec ses méthodes très personnelles (la loi lui il s'en bat les couilles, y'a pas d'autres mots), il va se lancer dans une course à la vérité haletante, en allant au-delà des apparences pour mieux découvrir l’identité du vrai tueur, parce que oui je te l'ai dit et tu le sais, le suspect n'est pas vraiment le vrai tueur, enfin si peut-être mais chut je n'en dirais pas plus, je ne te dirais pas qui sait en vrai parce que je crois que là déjà j'en ais un peu trop dis même si le pitch principal en lâchait déjà tout autant que moi !
Sur le papier, Jack Reacher avait tout du pur vigilent flic sombre au justicier expéditif et charismatique, une prod sauce Justicier dans la Ville/ Inspecteur Harry, avec en prime un putain de scénariste et un premier rôle qui n'a rien du tout à envier aux talents et aux charismes des inestimables Clint Eastwood et Charles Bronson.
Seulement voilà, les belles promesses s'estompent un peu vite des causes d'un scénar un peu brouillon, toujours le cul entre deux chaises entre le polar libre et noir des 70's et l'actionner bourrin et réfléchit de la fin des 80's/début 90's, mais surtout englué dans une complexité inutile vu sa grande (enfin, dans sa généralité) prévisibilité.
Très long (on flirte allégrement avec les deux heures dix de métrage, un mal pour certains spectateurs qui n'apprécient pas les histoires étirées dans la longueur), McQuarrie se perd souvent dans sa volonté d'offrir un divertissement tout aussi cool et décomplexé que sobre et froid, d’où l'impression persistante que peut ressentir le spectateur d'avoir affaire à une bande informe, au rythme plus qu'étrange.
Malheureusement pour lui, la saga Jason Bourne est arrivé dix ans plus tôt, et du coup son film fait un peu cheap à côté, surtout que les espions burnés c'est plus ce qui manque aujourd’hui à Hollywood.
Mais malgré tout, grâce à l’abatage incroyable d'un Tom Cruise iconique et de quelques bonnes idées franchement bien venues, la péloche se laisse regarder sans déplaisir, et elle incarne limite même le meilleur polar de la fin d'année 2012, légèrement, à mon gout, devant Cogan, La Mort en Douce et surtout largement plus réussi que le tout récent Alex Cross, une grosse merde indigeste comme on en fait plus, ou presque...
Tout d'abord, le premier bon point de Jack Reacher c'est résolument son ton, extrêmement lent et sobre, pesant parce qu'il n'a pas vraiment de bande originale, et qui va volontairement à contrario de toute la prod actuelle d'actionner à grands renforts d'effets pétaradants à t'en débloquer une mâchoire.
Reacher, c'est une péloche old school qui va à son rythme, certes pas forcément le meilleur mais il l'assume, et si il donne volontairement de l'avance à son spectateur durant sa première moitié, c'est pour brusquement (toute proportion gardée bien sur) le rattrapé dans sa seconde partie.
Les profusions de violences se font rares mais toujours avec une certaine intensité, les scènes d'actions ne sont pas nombreuses, mais elles sont toujours maitrisées et elles font sacrément mal, mais surtout durant tout le film, mis à part quelques punchlines (pas toujours bien placées cependant) salvatrices, toute l'intrigue baigne dans une atmosphère foutrement sèche, tendu et paranoïaque, digne des plus grands films à complots des années 70.
Même si il peine à toujours maintenir l'intérêt sur sa longueur, dés son incroyable introduction le film impressionne.
Je pose le décor : un sniper posté sur le toit d'un garage, liquide avec une froideur sans nom cinq personnes, tuées au hasard alors qu'elles ne se doutaient de rien, vivant leur vies de l'autre côté d'une rivière les séparant de leur meurtrier.
Durant près de dix minutes aucune réplique ne sera prononcé, aucun son non plus mis à part le bruit terrible des six coups de feu meurtriers.
Pas de b.o, de la terreur à l'état pure sous une caméra maitrisée, qui ne laisse aucune échappatoire à son spectateur.
Même si il ne conservera pas durant toute sa durée, un tel degré de précision et d'exception, Jack Reacher vaut clairement sa vision pour cette scène d'une tension et d'une immoralité insoutenable.
Et il en va de même pour ses quelques moments de bravoures, des fights et des gunfights millimétrés ainsi qu'une course poursuite géniale en Chevrolet Chevelle SS (ça rappelle franchement French Connection), scènes réussites qui trouveront leur apogée dans une dernière demie heure vraiment intense, ou le Jack, de nuit et sous la pluie, en découdra avec le véritable bad guy, s'assurant de prime abord à calmer tous ses hommes de mains.
Mais le vrai va-tout de Jack Reacher, c'est sans conteste Tom Cruise, qui prouve encore une fois qu'il est capable de tout jouer, quand il est face à la caméra d'un metteur en scène qui le vénère comme il le mérite.
Certains s'amuseront donc à sans cesse chier sur lui (et ce film ne sera pas celui qui réconciliera tout le monde, loin de là), moi je ne peux que l'aimer encore plus, encore une fois cette année, malgré son statut de méga star, le bonhomme ne cesse de se mettre en danger avec la même implication et la même force de caractère, chapeau bas Tom.
Après avoir campé une rock star décadente dans le sympatoche Rock Forever, et un patrouilleur céleste sauveur de l'humanité dans le tout récent Oblivion, le voilà qu'il se met dans la peau d'un personnage à la force tranquille aussi badass et arrogant que cynique et malin, loin d'être sa tasse de thé de prime abord quand on connait sa filmo mais l'agent Hunt est capable de remplir toutes les missions, même celles dîtes impossibles, pas vrai ?
Plus charismatique et iconique que jamais dans un rôle calibré pour un Dwayne Johnson, un Mark Walhberg ou même un Vin Diesel, il impressionne et prouve qu'à cinquante ans, il en a encore dans le bide pour botter des culs à la pelle face caméra.
Derrière lui les miettes sont un peu maigre il faut l'avouer, vu que tout le film tourne autour, ou presque, de Reacher.
Si Rosamund Pike s'en sort avec les honneurs, plus belle que jamais malgré un temps de jeu ultra-réduit dans la peau de l'avocate de la défense et accessoirement fille du procureur, le cinéaste Werner Herzog lui peine à convaincre dans le rôle du vilain ultime, avec son jeu sonnant toujours faux malgré un charisme froid toujours présent.
Dans des rôles un peu moindres, David Oyelowo est juste et Jai Courtney, qui était plus qu'attendu au tournant en février dernier dans le pâlot cinquième opus de la franchise Die Hard, est impeccable en homme de main/sniper froid, quasi-muet et méthodique.
Long, informe mais généreux, pesant mais rafraichissant, Jack Reacher n'est certes pas le hit attendu comme le laissait présager toute sa campagne promotionnelle, mais il reste un efficace vigilante movie qui mérite le coup d'oeil, du pur divertissement classique pour mâles comme on en fait presque plus, drôle et violent, pas vraiment marquant mais remarquable, bref un bel et joli hommage au vigilant d'antan, un peu comme l'ont fait Winding Refn (avec Drive) et Wan (avec Death Sentence) ses dernières années.
Merci Tom Cruise, et n'en déplaise à certains, reviens-nous vite pour une nouvelle péloche, par chez nous on t'accueillera toujours les bras grands ouverts, conneries de scientologie ou pas...
Jonathan Chevrier