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[CRITIQUE] : L'Éducation d'Ademoka


Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov
Acteurs : Adema Yerzhanova, Daniyar Alshinov, Bolat Kalymbetov,...
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Kazakh, Français.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
La jeune Ademoka souhaite aller à l'école mais son statut de Lyuli - sorte de gitan d’Asie Centrale - la destine à la mendicité. Erkin, autrefois écrivain célèbre, aujourd’hui professeur insolite, vient d’être renvoyé de son école. Il va repérer le talent d’Ademoka et décide de la prendre sous son aile, en lui transmettant une éducation.



Critique :


Au sein d'un mercredi des sorties méchamment chargé, où Ethan Hunt affronte quelques pépites (Limbo, Les Herbes Sèches) et une bonne flopée de ressorties (du Von Trier, du Argento et même du Coppola), le distributeur Destiny Films a joué la carte de la gourmandise (et on ne va absolument pas s'en plaindre) en ne dégainant pas un mais bien deux des efforts les plus récents du génial et prolifique cinéaste kazakh Adilkhan Yerzhanov, une bénédiction tant il n'est jamais totalement acquis que ses films aient des distributions décentes (comprendre : en salles) dans l'hexagone.

Outre Assaut donc, bonjour L'Éducation d'Ademoka, énième plongée sardonique et humaniste au cœur de la vie dans le Kazakhstan post-soviétique, pleinement inscrite dans la veine plus ludique et enlevée de son cinéma, comme son tout aussi récent Immunité Collective, passé du côté de l'Étrange festival en 2022 (THE place to be pour les fans du bonhomme).

© Destiny Films

Le cinéaste colle une nouvelle fois sa caméra aux basques de deux individualités en marge de la société, Ademoka, une adolescente sans papiers rejetée pour ses origines (elle vient du Tadjikistan), et Achab, un professeur de littérature et de philosophie licencié devenu alcoolique à la suite d'une tragédie, qui commence à donner des cours à la première de la manière la plus non conventionnelle qui soit.

Satire sociale savoureusement pince-sans-rire autant que comédie absurde et buddy moviesque, aux forts accents Kaurismäkiens (cinéaste presque totem, comme Melville, que le kazakh cite régulièrement dans ses films, avec même un doigt de Wes Anderson), notamment dans sa manière de tisser un récit profondément humaniste et poétique au milieu du désespoir et de la précarité, sans jamais se laisser aller à un misérabilisme putassier; L'Éducation d'Ademoka se fait un doux récit de passage à l'âge adulte aussi inattendu que dense thématiquement, le cinéaste, au-delà de la représentation kafkaïenne habituelle de la corruption endémique de sa nation, aborde avec justesse le racisme et la xénophobie ambiante.
Un excellent cru donc.


Jonathan Chevrier