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[CRITIQUE] : Le Retour


Réalisatrice : Catherine Corsini
Avec : Aïssatou Diallo Sagna, Suzy Bemba, Esther Gohourou, Lomane De Dietrich, Bruno Podalydès, Virginie Ledoyen,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h46min

Synopsis :
Khédidja travaille pour une famille parisienne aisée qui lui propose de s'occuper des enfants le temps d’un été en Corse. L'opportunité pour elle de retourner avec ses filles, Jessica et Farah, sur cette île qu'elles ont quittée quinze ans plus tôt dans des circonstances tragiques.

Alors que Khédidja se débat avec ses souvenirs, les deux adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales : rencontres inattendues, 400 coups, premières expériences amoureuses. Ce voyage sera l'occasion pour elles de découvrir une partie cachée de leur histoire.



Critique :


Passé le rouleau compresseur Cannois, entre une valse d'hésitations quant à sa sélection ou non en compétition officielle, et sa projection dans l'indifférence la plus totale, on en est tous venus à attendre la sortie en salles du nouveau long-métrage de Catherine Corsini, Le Retour, pour les mauvaises raisons, une attente d'autant plus accentuée par les polémiques entourant sa production, bien que réfutées par la cinéaste elle-même (des accusations d'agressions sexuelles sur deux membres de l'équipe, des rumeurs de controverses quant à ce qui aurait pu se passer avec les comédiennes mineures,...).

On en oublierait presque donc, et à raison pour le coup, le film pour ce qu'il est, à savoir une œuvre mineure et douloureusement inégale au sein de la filmographie de la cinéaste, un long-métrage protéiforme prenant autant les contours d'un drame familial sous fond de récit identitaire et de retour au source - par le prisme d'un regard adulte -, qu'une fable estivale sous fond d'émancipation/passage à l'âge adulte au féminin - par le prisme adolescent.

Copyright Emmylou Mai - Chaz Productions

Soit l'histoire de Khédidja (Aïssatou Diallo Sagna, que l'on retrouve après son César obtenu justement, pour sa prestation chez Corsini dans le magnifique La Fracture), une quadragénaire engagée par une famille parisienne gentiment aisée, dans le but de s'occuper des enfants le temps d’un été en Corse, île où elle n’est plus revenue depuis 15 ans et la mort du père de ses deux filles Jessica et Farah (décédé peu de temps après leur naissance, ce qui a fait que la mère a complètement coupé les ponts avec la famille du défunt), qui l’accompagnent durant ces vacances,  et se laisse aller à toutes les tentations que leur offre " l'île de beauté "...

Que ce soit le versant coming of age de la narration (que beaucoup compareront, instinctivement, au Mekthoub my love : Canto Uno de Kechiche), avec les premières expériences sentimentales - mais pas que - des adolescentes, où la reconnection d'une mère à son passé (et, par la même occasion, à l'apprentissage de celui-ci par ses enfants) et aux siens, tout n'est qu'une question de (r)éveil émotionnel pour une famille écrasée par le deuil et les secrets, la mise en scène sensible de la cinéaste, et sa direction d'acteurs toujours au poil, offrant une certaine poésie dans la nostalgie, où chaque geste prend sens dans un cadre à la fois magnifique et sauvage, comme peuvent l'être les affres du temps et des souvenirs.

Copyright Emmylou Mai - Chaz Productions

Mais tout est malheureusement plombé par une écriture balisée et manquant cruellement de finesse, enchaînant les poncifs tout en appuyant au forceps le moindre de ses sous-textes (racisme, satire de la bourgeoisie, rapports de classe, relations mère-filles, petite délinquance adolescente, stéréotypes sur la Corse et ses habitants,...) tout en croquant des personnages furieusement caricaturaux, dont certaines partitions se sauvent de justesse - Aïssatou Diallo Sagna et Suzy Bemba en têtes.
Tout n'est pas si beau donc, sous le soleil corse...


Jonathan Chevrier