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[CRITIQUE] : L'Île Rouge


Réalisateur : Robin Campillo
Avec : Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez, Charlie Vauselle, Sophie Guillemin, David Serero,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h56min

Synopsis :
Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme.



Critique :


Six ans après une Croisette l'ayant adoubé pour son magnifique 120 Battements par minute, Robin Campillo, qui a sensiblement pris son temps pour revenir derrière la caméra, aurait très bien pu voir son nouvel effort avoir sa place au cœur de la dernière réunion cannoise (il aurait été pressenti, selon les bruits de couloirs), d'autant qu'il atteindra les salles obscures à quelques encablures - quatre jours seulement - de la fin des festivités et de la délibération du jury présidé par un Ruben Östlund que l'on espère un minimum inspiré.

D'autant que L'île Rouge n'aurait franchement pas dénoté au milieu d'un Anatomie d'une chute ou même d'un May December, lui qui sonde les dernières heures de l'ère coloniale au coeur de l'île de Madagascar, capturé à travers le regard d'une famille de militaire occidentale basée sur place et confrontée de plein fouet à cette mutation, à ce retour de bâton d'une domination française qui ne doit plus être - l'indépendance du pays à été déclaré dix ans plus tôt.

Copyright Memento Distribution

Une manière subtile de marier l'intime (le cinéaste est lui-même issu d'une famille de militaire, et a été un expatrié à Madagascar) à la fiction, tout en confrontant les points de vue différents (l'insouciance et l'imaginaire de l'enfance opposée à l'expérience et aux craintes des adultes) en les capturant à hauteur d'enfants, dans un portrait profondément naturaliste et captivant où la rugosité du corps militaire est mis en parallèle avec la politique abject et mise en échec de la colonisation, où la privation de liberté du peuple d'un peuple malgache qui reprend ses droits et ses terres, est mis en parallèle à celle d'une mère (formidable Nadia Tereszkiewicz, bien qu'elle paraît presque un poil trop juvénile pour être la mère de trois enfants) dont le mariage est boursouflé par les non-dits.

Toutes des symboles criants de la dominance masculine, bien qu'asséner ici avec une subtilité relative, notamment dans un dernier tiers où le changement de prisme arrive comme un cheveu sur la soupe.

Copyright Memento Distribution

Véritable aventure sensorielle et douce-amère sous fond de quête identitaire et de résilience, où tout n'est qu'une question de regard face aux dernières (fausses) illusions d'un paradis perdu, L'île Rouge se fait un parfait héritier du Chocolat de Claire Denis, à la fois engagé et poétique, déroutant mais visuellement sublime.
Espérons que Robin Campillo ne mette pas à nouveau six ans, pour nous revenir avec un cinquième long-métrage...


Jonathan Chevrier



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