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[CRITIQUE] : Un Homme Heureux


Réalisateur : Tristan Séguéla
Avec : Fabrice Luchini, Catherine Frot, Philippe Katherine, Artus,…
Budget : -
Distributeur : Gaumont Distribution
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h29min

Synopsis :
Alors que Jean, maire très conservateur d'une petite ville du Nord, est en campagne pour sa réélection, Edith, sa femme depuis quarante ans, lui annonce une nouvelle qu’elle ne peut plus taire… Au plus profond de son être, elle est - et a toujours été - un homme.

Jean pense d’abord à une plaisanterie mais réalise rapidement qu’Edith est sérieuse et déterminée à mener sa transition jusqu’au bout. Il comprend alors que son couple, mais aussi sa campagne électorale, risquent d’être sacrément chamboulés…



Critique :


Si l'adage veut que l'enfer soit pavé de bonnes intentions, il n'est pas totalement naïf de penser que bon nombres de cinéastes pensent à l'origine bien faire lorsqu'ils abordent des sujets dont ils n'ont pas toujours la maîtrise où même, pour certains, le minimum requis de connaissance pour ne pas totalement foirer comme dit plus haut, les intentions de départ.
En ce sens, difficile de ne pas craindre le pire à l'idée de voir une comédie populaire française suivre les pas du très maladroit - pour être poli - A Good Man de Marie-Castille Mention-Schaar, aborder le sujet de la transidentité avec les gros sabots qu'on lui connait si bien.

Un préjugé facile venant en fustiger de potentielles autres issus d'un film même pas encore vu.
Oui, en est cruellement là aujourd'hui et c'est, en partie, ce qui facilite paradoxalement à ré-enclencher tous les 36 du mois (comprendre plutôt chaque semaine de sorties), le CD rayé du supposé manque de qualité de la production hexagonale, une stupidité sans nom relayé par des " spectateurs " qui le sont si ce n'est tout autant, au minimum très mal informés (volontairement où non).

Copyright Jérôme Prébois - 2023 Albertine Productions - Gaumont - France 2 Cinéma

Condamné avant même sa vision, Un Homme Heureux de Tristan Séguéla s'avère in fine bien loin de la catastrophe redouté sans pour autant totalement s'extirper du statut de péloche funambule au fessier coincé entre bien trop de fauteuils pour ne pas gentiment se ramasser la poire.
À la fois vaudeville socialo-cynique aussi léger qu'une choucroute, ode sincère à la tolérance envers une communauté LGBT+ ni stigmatisée et encore moins ridiculisée, et comédie pédagogique pour une France peu alerte et/où transphobe, le film à la subtilité toute relative, joue tout du long joliment la carte de l'ouverture à une heure où l'identité de genre est un débat sociétal sujet à l'incompréhension, questionnant avec bienveillance le changement d'identité de la femme d'un maire ultra-conservateur qui, après quarante ans de mariage, veut devenir un homme.

Humain dans son exploration de la lente acceptation d'un mari " vieille France " quant à la transition de l'amour de sa vie, dont la radicalité de l'épilogue ne fait que renforcer l'aspect férocement louable de ses intentions (pas même plombés par quelques saillies comiques retrogrades), Un Homme Heureux, certes férocement convenu dans son classicisme assumé et pas toujours adroit dans une narration qui reste sensiblement en surface des choses (des enjeux à l'émotion absente en passant par un rythme un brin laborieux où encore une caractérisation des personnages à la psychologie trop peu effleurée), n'en est pas moins divertissant, en grande partie grâce à une distribution à l'enthousiasme communicatif (du tandem magique Catherine Frot/Fabrice Luchini, évidemment au diapason, à des seconds couteaux affutés comme Philippe Katherine et Artus).

Copyright Jérôme Prébois - 2023 Albertine Productions - Gaumont - France 2 Cinéma

Même s'il est fin comme du gros sel et que son propos est d'une évidence confondante - comme toute bonne comédie populaire, peu importe son sujet -, Un Homme Heureux touche dans sa manière improbable de pleinement assumer ses petits élans de comédie romantique, en faisant in fine triompher l'amour sur les préjugés et l'obscurantisme dans une sorte de tutoriel cinématographique dont le fond certes simpliste, est bien plus essentiel qu'il n'en a l'air.
Au lieu de bêtement séparer sur l'autel sacrificiel d'un humour souvent peu fédérateur, le film tente naïvement de rassembler et c'est déjà (vraiment) pas mal.


Jonathan Chevrier