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[CRITIQUE] : Bardo, fausse chronique de quelques vérités


Réalisateur : Alejandro Gonzalez Iñarritu
Avec : Daniel Giménez CachoGriselda Siciliani, Ximena Lamadrid,...
Distributeur : Netflix France
Genre : Comédie Dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Mexicain.
Durée : 2h40min

Synopsis :
Silverio, journaliste et documentariste mexicain réputé vivant à Los Angeles, doit recevoir un prix international prestigieux, celui-ci rentre dans son pays natal, sans savoir que ce simple voyage va le confronter à une terrible crise existentielle. Ses souvenirs et ses angoisses ressurgissent à cette occasion jusqu’à l’obséder et à le plonger dans un état de confusion et d’émerveillement. Avec émotion et humour, Silverio affronte des questions à la fois universelles et intimes sur l’identité, la réussite, la mortalité, l’histoire du Mexique et les liens profonds qui le rattachent à sa femme et à ses enfants. En d’autres termes, à la raison même d’être de l’espèce humaine en ces temps si particuliers...



Critique :


À une heure où son talent autant que sa maîtrise technico-artistique son désormais indiscutés et indiscutables, le génie mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu n'a définitivement plus rien à prouver, un sentiment qui peut s'avérer être profondément libérateur comme incarner une foutue épée de Damoclès pour tout auteur étant arriver au firmament de son oeuvre.
Difficile de dire à sa vision si avec son nouvel effort, Bardo, fausse chronique de quelques vérités (un terme bouddhiste qui signifie l'état de transition entre la mort et la renaissance), le bonhomme, dont la mise en scène est toujours restée aussi complexe que furieusement démonstratif, s'est laissé submergé par le premier où le second sentiment, tant le film semble faire gentiment fausse route dans un acte presque d'auto-cannibalisme, un " trop de trop " que ne vient jamais relever une narration aussi discrète qu'elle-même plombée à la racine dans ce qui peut se voir comme une tentative malade de se confronter au cinéma du maestro Federico Fellini - voire même à celui de son plus digne successeur, Paolo Sorrentino.

Copyright Limbo Films, S. De R.L. de C.V. Courtesy of Netflix

Profondément onirique même s'il n'est jamais capable de creuser sous la surface des thèmes et des questionnements qu'il brasse, Bardo se fait un exercice de style qui joue la carte du divertissement réflexif beaucoup trop plein pour son bien, sorte d'expérience fourre-tout louchant à la fois sur la réflexion sur la célébrité, l'histoire du Mexique et de son héritage, le rapport - ici intimement méta - entre son héros (Silverio, journaliste et documentariste mexicain célèbre vivant à Los Angeles qui vient de recevoir une prestigieuse récompense internationale et qui se voit contraint de retourner dans son pays natal, un retour aux sources qui le poussera vers une profonde crise existentielle) et sa terre d'adoption l'Amérique, entre souvenirs et songes/délires oniriques, mais aussi entre la vie et la mort.
Jamais subtil, tout nous ramène beaucoup trop vite dans son intellectualisme immodéré (crise existentielle et identitaire, syndrome de l'imposteur, traumatisme familial, ...) à un parallèle évident et facile à Iñarritu lui-même, dans ce qui peut se voir difficilement autrement que comme une experience volontairement auto-référentielle et superficielle (volontairement car totalement consciente de cela, comme le révèle une scène où les personnages révèlent eux-mêmes le pot aux roses) où certaines séquences impressionnantes (la conversation avec le conquistador Hernán Cortés en tête), ne semblent insérées uniquement pour marquer la rétine de son auditoire et non pleinement servir sa narration décousue.

Copyright Limbo Films, S. De R.L. de C.V. Courtesy of Netflix

Songe spirituel d'un alter-ego s'efforçant de concilier réussite professionnelle avec intégrité créative où monument maladroit et tourmenté - mais à la virtuosité technique incroyable - dédié à sa propre vanité ?
La question a le mérite d'être posée et, dans tous les cas, au film d'être vu ce qui est finalement, un pari étonnamment réussi pour Iñarritu (et Netflix, dont le film a tout d'une oeuvre vitrine avec un cinéaste prestigieux à sa barre) même si profondément frustrant.


Jonathan Chevrier



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