[CRITIQUE] : Une robe pour Mrs. Harris

Réalisatrice : Anthony Fabian
Avec : Lesley Manville, Isabelle Huppert, Lambert Wilson,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h56min

Synopsis :
Dans le Londres de l’après-guerre, Ada Harris gagne sa vie en faisant des ménages. Si elle mène une vie très solitaire depuis le décès de son mari Eddie, porté disparu au combat. Ada n’est pourtant pas du style à se plaindre, ni même s’appesantir sur son sort, et pourtant, elle qui se croyait les pieds bien ancrés dans la réalité, est tout à coup submergée par une vague de rêve et d’émerveillement quand elle découvre une magnifique robe signée DIOR, nonchalamment accrochée dans la chambre d’une de ses riches clientes. Elle se surprend alors à penser qu’une si belle œuvre d’art, si pure, si éthérée ne peut que changer la vie de quiconque la possède.

Critique :

Même s'il est un poil plombé par son rythme en dents de scie, #UneRobePourMrsHarris se fait un petit bout de cinéma effervescent, charmant et ludique qui, sous le doigté généreux et bienveillant de la couturière Lesley Manville, parvient même à se payer quelques instants de magie pic.twitter.com/zpmrtfGfgV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 3, 2022

Les disparités entre les classes aristocratiques/bourgeoises et ouvrières sont le ciment indélébile du drame britannique, il n'y a donc finalement rien d'étonnant à voir cette formule plus que rodée revenir (très) régulièrement au coeur des productions locales, quitte à ce que leur réception au-delà de la Manche se fasse stupidement caricaturale (combien de " le nouveau Ken Loach " est dégainé par les critiques faciles chaque année ?).
Estampillée quatrième adaptation du roman éponyme de Paul Gallico, cette fois-ci chapeautée par Anthony Fabian, Une robe pour Mrs. Harris ne déroge absolument pas à la règle de ses nombreuses comédies dramatiques où des personnages d'un certain âge qui développe une passion qui bouscule à la fois qui ils sont, mais également leur entourage.
Une familiarité qui ne nuit pas vraiment au film tant elle lui apporte un charme joliment réconfortant, certes enrobé dans une overdose de miel à en faire paniquer un ours, mais suffisamment consciente de sa légèreté - même dans ses maladresses - pour ne pas devenir ennuyeuse.

Comédie de classe dans la plus pure tradition du genre, constamment relevée par la performance délicieusement nuancée de la merveilleuse Lesley Manville, le film se fait une tendre - et plus profonde qu'elle n'en à l'air - étude de personnage où quand une gouvernante dans la cinquantaine et en deuil, décide enfin de penser à elle en s'offrant une robe de la maison Dior (y'a pas de petits cadeaux), même si elle est confrontée dans son odyssée au coeur de la haute couture française (où elle incarne autant une sorte de curiosité folklorique qu'un symbole pour tous les ouvriers à l'oeuvre), au conservatisme social le plus abject qui soit dans son refus du changement et de la différence - personnifié par une Isabelle Huppert qui cabotine joyeusement.
Juste dans sa manière de pointer - sans condescendance - l'invisibilisation cruelle de la classe ouvrière (auquel on peut ajouter un regard plein de vénération pour l'artisanat d'antan) même si un poil plombé par son rythme en dents de scie (principalement ses séquences en Angleterre), Une robe pour Mrs. Harris se fait un petit bout de cinéma effervescent et ludique qui, sous les doigts généreux et bienveillant de la couturière Manville, parvient même à se payer quelques instants de magie.
On n'en demandait pas forcément plus.

Jonathan Chevrier