[CRITIQUE] : Thor : Love and Thunder
Réalisateur : Taika Waititi
Avec : Chris Hemsworth, Natalie Portman, Christian Bale, Tessa Thompson,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Fantastique, Action, Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Alors que Thor est en pleine introspection et en quête de sérénité, sa retraite est interrompue par un tueur galactique connu sous le nom de Gorr, qui s’est donné pour mission d’exterminer tous les dieux. Pour affronter cette menace, Thor demande l’aide de Valkyrie, de Korg et de son ex-petite amie Jane Foster, qui, à sa grande surprise, manie inexplicablement son puissant marteau, le Mjolnir. Ensemble, ils se lancent dans une dangereuse aventure cosmique pour comprendre les motivations qui poussent Gorr à la vengeance et l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.
Critique :
Il y a quelque chose d'ironique, puisque involontaire, dans le fait que Thor : Love and Thunder s'attache à conter les aléas d'un héros ayant littéralement perdu son mojo, alors que le film lui-même s'inscrit péniblement au sein d'un MCU qui semble lui aussi, avoir perdu le sien depuis l'arrivée de sa phase 4.
Au-delà même de la qualité déclinante de la formule Waititi, il y a quelque chose d'étrange dans le fait que Thor, au demeurant l'un des personnages à la mythologie la plus riche de tout le catalogue Marvel (et que le cinéma a à peine effleuré), ne serve désormais que de liant sûre pour la firme, que ce soit à la fois pour s'assurer un succès évident au box-office avec un personnage infiniment populaire (ce que ne promettait pas forcément Doctor Strange in The Multivers of Madness), mais aussi pour garder maladroitement un pied vers les origines de ce mastodonte de la production Hollywoodienne, qui aura fait in fine plus de mal que de bien au giron du blockbuster ricain.
En ce sens, le film était déjà bancal avant même son arrivée dans les salles obscures, et le fait qu'il cherche à adapter deux arcs favoris des fans du personnage en un seul et même film, et qui plus est le plus court de cette Phase 4, n'est que la goutte de pisse qui fait déborder la cuvette qu'incarne ce qui avait tout, pourtant, pour un chouette moment de cinéma léger et régressif.
Survolant volontairement ses deux pans narratifs majeurs tant il a totalement conscience de ne jamais avoir le temps (ni la volonté au fond) de pleinement les approfondir avec un tant soit peu de respect, Waititi joue sans complexe la carte de l'aventure futile et abstraite, prétexte à raccorder un brin tous les violons (la présence inutile des Gardiens de la Gardiens) et à se laisser aller à une entreprise de destruction massive du personnage, et non une iconisation badass qu'aurait pu promettre la présence aussi bien de Mighty Thor/Jane Foster que du tueur de Dieux Gorr (magnifiquement introduit dans la scène d'ouverture, avant d'être lentement mais sûrement gâché par la suite).
Le hic c'est que jamais le film ne donne la puissance émotionnelle nécessaire autant à la vendetta dantesque du second (un père dévasté par la mort de sa fille, bien décidé à faire payer des Dieux qui n'ont pas entendu ses prières), ni à la tentative désespérée de la seconde, littéralement à l'article de la mort, de survivre en faisant appel à la puissance mythologique d'Asgaard (et que dire su choc intime immense de Thor de pouvoir etrouver l'amour de sa vie en... Thor, mais d'être certain de devoir presque aussi vite la quitter).
Un gâchis qui dessert par la même occasion toute la profondeur même du personnage de Thor, déjà saccagé par un Avengers : Endgame qui ruinait tout ce que Ragnarok et Infinity War avaient imposé au forceps - un Dieu puissant, drôle et réfléchi qui pouvait néanmoins laisser pointer une humanité furieusement attachante.
Ici, Waititi se rit de lui mais ne nous laisse que trop peu l'occasion de rire avec lui, le transformant en une sorte de Dieu débilo-clown sans qu'aucun élément modérateur ne vienne servir de contrepoint sérieux (même son alchimie avec Jane est proche de zéro), tant même la présence des Gardiens, censés modérer son humour (chacun des membres ayant le leur) est réduite à peau de chagrin.
L'image même des Dieux est férocement écornée avec la présence furtive mais grotesque de Zeus, incarné par un Russell Crowe que l'on a rarement vu autant cachetonné à l'écran.
Ce qu'il y d'infiniment ironique alors - où navrant, au choix -, c'est que tout cet abattage légitime involontairement encore plus la quête vengeresse de Gorr (dont on ne reviendra pas sur l'apparence adoucie, et encore moins le background salement réécrit de la Necrosword), que la maladresse du scénario martèle comme mauvaise tandis qu'elle se contredit elle-même tant les arrogants Dieux qu'il poursuit font valoir son point de vue mieux que la profondeur de son écriture ne le pourrait jamais.
Dommage, d'autant que Bale vole le show et savoure pleinement l'opportunité qu'il a ici de camper un boogeyman mainstream, s'amusant à l'idée de terroriser les enfants même s'il est lui-même pris dans l'élan d'une comédie régressive.
Et c'est peut-être là le plus frustrant dans Thor : Love and Thunder, au-delà de sa promesse d'incarner un road trip cosmique coloré et inventif dont seul l'ouverture et le climax sort sensiblement du lot : la chute de Thanos semble avoir fait du mal aussi bien au MCU, qu'à ses personnages dont la faiblesse de leur évolution est de plus en plus criante.
Dans Doctor Strange in The Multivers of Madness, Stephen/Doctor Strange était montré sous un versant plus égoïste et condescendant (voire même antipathique dans tous les univers, à des degrés plus ou moins imposants), un être qui n'a jamais su se débarrasser de son complexe divin, dont les pouvoirs extraordinaires et illimités ne l'ont finalement jamais été à régler ses vrais problèmes intimes; un homme qui ne veut pas apprendre qu'il n'a pas toujours eu raison et que toute magie a un prix.
Cette fois, Thor se montre même encore plus contradictoire que jamais, tant il semble évoluer maladroitement au gré d'une intrigue ne sachant elle-même pas toujours vraiment où aller, et l'écriture du film est trop désinvolte pour soutenir le coup de fouet tonal entre sa quête de paix, son envie de surmonter les pertes de sa vie (sa mère, Loki et même Jane), de renouer avec Jane et d'assumer à nouveau son statut de Dieu/leader.
Même Valkyrie n'est résumé qu'à son envie de retrouver ennuyée de renouer avec le combat, cataloguant son rôle de reine d'Asgaard de manière presque aussi anecdotique que les Russo dans Endgame (alors que Tessa Thompson est excellente, et ses interactions avec chacun des personnages sont le sel du film).
Reste alors quelques airs badass, les biscottos de Portman et des chèvres hilarantes, Toothgrinder et Toothgnasher, agressives, déglinguées et sauvages, dont chaque apparition - criante - vaut son pesant de pop-corn.
La raison la plus évidente à cet échec, et que l'on répète une fois de plus, est le concept même initial du long-métrage, voulu comme une évasion fantaisiste autant par un Waititi dont la formule irrite de plus en plus (un comble quant on sait que le film n'existe que grâce à la bonne réception de Thor : Ragnarok), que par un MCU qui cherche aussi bien à gagner du temps pour cartographier péniblement l'avenir de la firme, qu'à glaner encore un peu plus de billets vert sans trop se forcer, comme c'est le cas depuis bientôt deux décennies désormais.
Si Waititi avait, dans Ragnarok, tempéré son humour décousu et impassible avec une émotion subtile (la rage d'une Hela abandonnée par les siens, la frustration de Thor d'aimer un frère qui n'abandonnera jamais ses attitudes trompeuses, le concept puissant qu'un chez soi n'est pas tant l'importance d'un lieu mais bien ceux qu'on y retrouve), il n'a strictement rien à offrir d'aussi soigneusement conçu pour soutenir ses blagues, malgré un double matériau d'origine absolument génial.
Compte tenu des raisons réelles pour lesquelles l'univers cinématographique de Marvel continue à prospérer sans peine (le statut simili-monopolistique dont jouit Disney à Hollywood ne cesse de se renforcer avec les années) il est facile désormais, et encore plus qu'auparavant, d'attendre chaque nouvelle sortie du MCU avec un cynisme au moins aussi important que celui avec lequel elles sont conçues, d'autant que ce dernier effort ne fait rien où presque pour le masquer.
Au sein d'un blockbuster lambda, l'insistance obstinée du script à saper chaque battement émotionnel avec des blagues souvent faisandées, où encore le fait de mal desservir des personnages avec un manque cruel d'enjeux sincères, en ferait simplement un divertissement passable capable par intermittence, de tuer quelques heures de notre temps sans réel incidence.
Mais au sein du MCU, toutes les productions gravitant autour d'un univers commun et produite aléatoirement à la chaîne, ne font ainsi qu'amplifier leur défauts entre elles dans la mesure où elles sont dégainées à quelques semaines d'intervalles, laissant fraîchement planer dans le palai de son auditoire (où, tout du moins, celui capable d'interpréter cette vérité pourtant facile), le goût d'une arnaque de plus en plus indigeste.
Pire qu'une suite qui se foire dans les grandes largeurs et dont la désinvolture étouffe toutes ses - maigres - qualités : une suite sans conséquence et Thor : Love and Thunder ne propose rien de plus qu'à l'entrée dans la salle, ses personnages n'avancent que de la manière la plus artificielle qui soit et leur statut à la fin du film n'est pas plus important et/où évolué qu'il ne l'était au début.
Un film cynique qui est tout aussi indigne de ses nobles héros levant leurs armes magiques pour le bien, que le MCU face aux spectateurs ordinaires sortant leur portefeuille pour acheter des billets, en espérant être un minimum divertit avec respect - même si ce mot ne veut plus vraiment rien dire au sein de la jungle Hollywoodienne.
Alors que la première scène post-générique, pour le coup couillue (elle annonce l'arrivée d'Hercule, mandaté par Zeus pour traquer Thor), annonce un hypothétique cinquième film dans ce qui sera, en toute logique, une cinquième phase d'un univers de plus en plus essoré, espérons au moins que d'ici là, à défaut que la firme ne cherche à donner à Thor une quelconque substance, que Waititi passe la main...
Jonathan Chevrier
Avec : Chris Hemsworth, Natalie Portman, Christian Bale, Tessa Thompson,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Fantastique, Action, Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Alors que Thor est en pleine introspection et en quête de sérénité, sa retraite est interrompue par un tueur galactique connu sous le nom de Gorr, qui s’est donné pour mission d’exterminer tous les dieux. Pour affronter cette menace, Thor demande l’aide de Valkyrie, de Korg et de son ex-petite amie Jane Foster, qui, à sa grande surprise, manie inexplicablement son puissant marteau, le Mjolnir. Ensemble, ils se lancent dans une dangereuse aventure cosmique pour comprendre les motivations qui poussent Gorr à la vengeance et l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.
Critique :
Symbole d'un MCU à la qualité férocement déclinante, #ThorLoveAndThunder ne propose strictement rien où presque, saccage 2 arcs majeurs des comics dans un road trip cosmique où la formule Waititi se fait plus irritante que fun. Reste les chèvres hilarantes et un Bale terrifiant. pic.twitter.com/1RoGlPbFAE
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 9, 2022
Il y a quelque chose d'ironique, puisque involontaire, dans le fait que Thor : Love and Thunder s'attache à conter les aléas d'un héros ayant littéralement perdu son mojo, alors que le film lui-même s'inscrit péniblement au sein d'un MCU qui semble lui aussi, avoir perdu le sien depuis l'arrivée de sa phase 4.
Au-delà même de la qualité déclinante de la formule Waititi, il y a quelque chose d'étrange dans le fait que Thor, au demeurant l'un des personnages à la mythologie la plus riche de tout le catalogue Marvel (et que le cinéma a à peine effleuré), ne serve désormais que de liant sûre pour la firme, que ce soit à la fois pour s'assurer un succès évident au box-office avec un personnage infiniment populaire (ce que ne promettait pas forcément Doctor Strange in The Multivers of Madness), mais aussi pour garder maladroitement un pied vers les origines de ce mastodonte de la production Hollywoodienne, qui aura fait in fine plus de mal que de bien au giron du blockbuster ricain.
Copyright Marvel Studios 2022. All Rights Reserved. |
En ce sens, le film était déjà bancal avant même son arrivée dans les salles obscures, et le fait qu'il cherche à adapter deux arcs favoris des fans du personnage en un seul et même film, et qui plus est le plus court de cette Phase 4, n'est que la goutte de pisse qui fait déborder la cuvette qu'incarne ce qui avait tout, pourtant, pour un chouette moment de cinéma léger et régressif.
Survolant volontairement ses deux pans narratifs majeurs tant il a totalement conscience de ne jamais avoir le temps (ni la volonté au fond) de pleinement les approfondir avec un tant soit peu de respect, Waititi joue sans complexe la carte de l'aventure futile et abstraite, prétexte à raccorder un brin tous les violons (la présence inutile des Gardiens de la Gardiens) et à se laisser aller à une entreprise de destruction massive du personnage, et non une iconisation badass qu'aurait pu promettre la présence aussi bien de Mighty Thor/Jane Foster que du tueur de Dieux Gorr (magnifiquement introduit dans la scène d'ouverture, avant d'être lentement mais sûrement gâché par la suite).
Le hic c'est que jamais le film ne donne la puissance émotionnelle nécessaire autant à la vendetta dantesque du second (un père dévasté par la mort de sa fille, bien décidé à faire payer des Dieux qui n'ont pas entendu ses prières), ni à la tentative désespérée de la seconde, littéralement à l'article de la mort, de survivre en faisant appel à la puissance mythologique d'Asgaard (et que dire su choc intime immense de Thor de pouvoir etrouver l'amour de sa vie en... Thor, mais d'être certain de devoir presque aussi vite la quitter).
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Un gâchis qui dessert par la même occasion toute la profondeur même du personnage de Thor, déjà saccagé par un Avengers : Endgame qui ruinait tout ce que Ragnarok et Infinity War avaient imposé au forceps - un Dieu puissant, drôle et réfléchi qui pouvait néanmoins laisser pointer une humanité furieusement attachante.
Ici, Waititi se rit de lui mais ne nous laisse que trop peu l'occasion de rire avec lui, le transformant en une sorte de Dieu débilo-clown sans qu'aucun élément modérateur ne vienne servir de contrepoint sérieux (même son alchimie avec Jane est proche de zéro), tant même la présence des Gardiens, censés modérer son humour (chacun des membres ayant le leur) est réduite à peau de chagrin.
L'image même des Dieux est férocement écornée avec la présence furtive mais grotesque de Zeus, incarné par un Russell Crowe que l'on a rarement vu autant cachetonné à l'écran.
Ce qu'il y d'infiniment ironique alors - où navrant, au choix -, c'est que tout cet abattage légitime involontairement encore plus la quête vengeresse de Gorr (dont on ne reviendra pas sur l'apparence adoucie, et encore moins le background salement réécrit de la Necrosword), que la maladresse du scénario martèle comme mauvaise tandis qu'elle se contredit elle-même tant les arrogants Dieux qu'il poursuit font valoir son point de vue mieux que la profondeur de son écriture ne le pourrait jamais.
Dommage, d'autant que Bale vole le show et savoure pleinement l'opportunité qu'il a ici de camper un boogeyman mainstream, s'amusant à l'idée de terroriser les enfants même s'il est lui-même pris dans l'élan d'une comédie régressive.
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Et c'est peut-être là le plus frustrant dans Thor : Love and Thunder, au-delà de sa promesse d'incarner un road trip cosmique coloré et inventif dont seul l'ouverture et le climax sort sensiblement du lot : la chute de Thanos semble avoir fait du mal aussi bien au MCU, qu'à ses personnages dont la faiblesse de leur évolution est de plus en plus criante.
Dans Doctor Strange in The Multivers of Madness, Stephen/Doctor Strange était montré sous un versant plus égoïste et condescendant (voire même antipathique dans tous les univers, à des degrés plus ou moins imposants), un être qui n'a jamais su se débarrasser de son complexe divin, dont les pouvoirs extraordinaires et illimités ne l'ont finalement jamais été à régler ses vrais problèmes intimes; un homme qui ne veut pas apprendre qu'il n'a pas toujours eu raison et que toute magie a un prix.
Cette fois, Thor se montre même encore plus contradictoire que jamais, tant il semble évoluer maladroitement au gré d'une intrigue ne sachant elle-même pas toujours vraiment où aller, et l'écriture du film est trop désinvolte pour soutenir le coup de fouet tonal entre sa quête de paix, son envie de surmonter les pertes de sa vie (sa mère, Loki et même Jane), de renouer avec Jane et d'assumer à nouveau son statut de Dieu/leader.
Même Valkyrie n'est résumé qu'à son envie de retrouver ennuyée de renouer avec le combat, cataloguant son rôle de reine d'Asgaard de manière presque aussi anecdotique que les Russo dans Endgame (alors que Tessa Thompson est excellente, et ses interactions avec chacun des personnages sont le sel du film).
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Reste alors quelques airs badass, les biscottos de Portman et des chèvres hilarantes, Toothgrinder et Toothgnasher, agressives, déglinguées et sauvages, dont chaque apparition - criante - vaut son pesant de pop-corn.
La raison la plus évidente à cet échec, et que l'on répète une fois de plus, est le concept même initial du long-métrage, voulu comme une évasion fantaisiste autant par un Waititi dont la formule irrite de plus en plus (un comble quant on sait que le film n'existe que grâce à la bonne réception de Thor : Ragnarok), que par un MCU qui cherche aussi bien à gagner du temps pour cartographier péniblement l'avenir de la firme, qu'à glaner encore un peu plus de billets vert sans trop se forcer, comme c'est le cas depuis bientôt deux décennies désormais.
Si Waititi avait, dans Ragnarok, tempéré son humour décousu et impassible avec une émotion subtile (la rage d'une Hela abandonnée par les siens, la frustration de Thor d'aimer un frère qui n'abandonnera jamais ses attitudes trompeuses, le concept puissant qu'un chez soi n'est pas tant l'importance d'un lieu mais bien ceux qu'on y retrouve), il n'a strictement rien à offrir d'aussi soigneusement conçu pour soutenir ses blagues, malgré un double matériau d'origine absolument génial.
Compte tenu des raisons réelles pour lesquelles l'univers cinématographique de Marvel continue à prospérer sans peine (le statut simili-monopolistique dont jouit Disney à Hollywood ne cesse de se renforcer avec les années) il est facile désormais, et encore plus qu'auparavant, d'attendre chaque nouvelle sortie du MCU avec un cynisme au moins aussi important que celui avec lequel elles sont conçues, d'autant que ce dernier effort ne fait rien où presque pour le masquer.
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Au sein d'un blockbuster lambda, l'insistance obstinée du script à saper chaque battement émotionnel avec des blagues souvent faisandées, où encore le fait de mal desservir des personnages avec un manque cruel d'enjeux sincères, en ferait simplement un divertissement passable capable par intermittence, de tuer quelques heures de notre temps sans réel incidence.
Mais au sein du MCU, toutes les productions gravitant autour d'un univers commun et produite aléatoirement à la chaîne, ne font ainsi qu'amplifier leur défauts entre elles dans la mesure où elles sont dégainées à quelques semaines d'intervalles, laissant fraîchement planer dans le palai de son auditoire (où, tout du moins, celui capable d'interpréter cette vérité pourtant facile), le goût d'une arnaque de plus en plus indigeste.
Pire qu'une suite qui se foire dans les grandes largeurs et dont la désinvolture étouffe toutes ses - maigres - qualités : une suite sans conséquence et Thor : Love and Thunder ne propose rien de plus qu'à l'entrée dans la salle, ses personnages n'avancent que de la manière la plus artificielle qui soit et leur statut à la fin du film n'est pas plus important et/où évolué qu'il ne l'était au début.
Un film cynique qui est tout aussi indigne de ses nobles héros levant leurs armes magiques pour le bien, que le MCU face aux spectateurs ordinaires sortant leur portefeuille pour acheter des billets, en espérant être un minimum divertit avec respect - même si ce mot ne veut plus vraiment rien dire au sein de la jungle Hollywoodienne.
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Alors que la première scène post-générique, pour le coup couillue (elle annonce l'arrivée d'Hercule, mandaté par Zeus pour traquer Thor), annonce un hypothétique cinquième film dans ce qui sera, en toute logique, une cinquième phase d'un univers de plus en plus essoré, espérons au moins que d'ici là, à défaut que la firme ne cherche à donner à Thor une quelconque substance, que Waititi passe la main...
Jonathan Chevrier