[CRITIQUE] : S.O.S. Fantômes : L’Héritage
Réalisateur : Jason Reitman
Avec : Mckenna Grace, Finn Wolfhard, Carrie Coon, Paul Rudd, Logan Kim,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min
Synopsis :
Une mère célibataire et ses deux enfants s'installent dans une petite ville et découvrent peu à peu leur relation avec les chasseurs de fantômes et l'héritage légué par leur grand-père.
Critique :
Titre emblématique des 80s oblige, il était inéluctable qu'à l'aube des années 2000, le cultissime Ghostbusters devait repointer le bout de son nez dans les salles obscures, la faute à une mécanique Hollywoodienne qui n'a de cesse de recycler/remettre au goût du jour ses succès d'antan.
Mais rares sont les franchises à avoir connu un développement aussi chaotique, entre une mésentente entre les talents impliqués - dont les carrières ont connu des fortunes diverses au fil du temps -, une réécriture incessante des scénarios (avec un passage de relai du casting original à un autre plus jeune, qui ne s'est jamais réellement matérialisé - on avait parlé un temps de Jonah Hill ou encore Kristen Bell) et un désintérêt plus ou moins croissant selon les saisons, du tandem Columbia Pictures/Sony Pictures.
Le décès du regretté Harold Ramis en 2014 avait même sensiblement enterré le bébé, poussant (enfin, on se comprend) l'impulsion d'un reboot entièrement féminin deux ans plus tard, avec la réussite publique et critique qu'on lui connaît (un divertissement sympathique mais saccagé par la vox populi dans un comportement de " préservation du culte " franchement inquiétant).
Il y a quelque chose de presque miraculeux alors, dans le fait de voir Jason Reitman, fils d'Ivan Reitman et donc directement impacté par l'histoire et la conception même de la saga, revenir aux origines tout en tentant d'offrir une vraie continuité au diptyque original; une manière d'assumer son héritage aussi bien cinématographique que métaphysique pour un cinéaste dont la filmographie n'a pourtant rien à voir, avec celle de son paternel.
Et dès la première bobine de ce bien nommé S.O.S. Fantômes : L'héritage (pour une fois qu'un titre français est plus évocateur qu'un titre original), Reitman fils démontre qu'il vise juste dans son entreprise, co-écrite avec Gil Kenan (et sans doute papounet aussi, de loin), au travers d'une simple et unique réplique déclinée par la géniale Janine d'Annie Potts - " well, there’s the sentimental value... ".
Toute l'essence du métrage réside là, dans ces qualités autant que ses menus défauts, ce sentiment de jouer avec la nostalgie et l'aspect furieusement sentimental que convoque les films originaux (ici considérés comme de véritables textes sacrés), pas uniquement du côté des spectateurs mais aussi pour un môme dont l'appréhension à l'idée d'hériter de la franchise de son père (de loin le plus grand haut fait de sa carrière), devient le reflet conscient sur pellicule de ce qui a réellement de la valeur pour lui, pour ses personnages et son auditoire.
Pleinement conscient que son entreprise d'exhumation de presque quarante ans d'amour populaire est autant attendu au tournant que redoutée, Reitman prend donc la voie sinueuse mais pas trop, du teen movie d'aventure à forte tendance initiatique, imbibée par l'aura réconfortante du catalogue Amblin, non sans renier à un certain esprit spectaculaire qui le rapprocherait presque du premier Transformers de Michael Bay - jusque dans son héroïne maladroite qui doit grandir pour affronter l'adversité.
Un choix d'autant plus payant que sa manière de replonger dans la mythologie Ghostbusters - déjà furieusement moderne pour son époque - se fait dès lors tout en douceur (à la différence d'un Jurassic World ou d'un Terminator Genisys), malgré ses petites allures de bingo nostalgique (certaines révérences en feront sourciller plus d'un), car elle n'est jamais placée sous l'autel du fan service gratuit mais avant tout et surtout celui de l'hommage sincère à Harold Ramis.
Tout tourne autour du regretté comédien et de son double Egon Spengler, du coeur tendre du drame intime qui lit sa famille (la classe ouvrière américaine vivant des fins de mois difficiles, comme les héros originaux qui peinaient à joindre les deux bouts, mais surtout une fille - excellente Carrie Coon - en colère contre un père qui l'a delaissé), au rapport enthousiaste au surnaturel lié à son héritage (avec une petite fille qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, de son humour pince-sans-rire et sec à son appétence pour la science).
Alors certes, l'approche de Reitman fils est plus grandiloquente que celle de son père, l'intrigue quasi-remaké qu'il propose est prévisible dès le second acte et ses nombreux clins d'oeil/emprunts familiers, auraient de quoi bourrer au pied-de-biche un Twinkie de 300 kilos; mais il n'empêche que même dans ses instants les plus fragiles, le film capture avec grâce la magie de l'enfance et le pouvoir extraordinaire de l'imaginaire, nous ramenant à ce sentiment tendre d'émerveillement pure, enrobée dans une émotion jamais appuyée.
C'est en s'appuyant sur les talents humoristiques de son père, et sa propension à être franchement à l'aise dans le drame familial, que Reitman fait que cette nouvelle aventure drôle et légère atteint un équilibre certes précaire mais au naturel enchanteur, dont le respect sans borne se retrouve même dans l'utilisation d'effets spéciaux à l'ancienne.
Que l'humour vienne des plus jeunes comédiens (impossible cela dit de ne pas mentionner la partition au poil d'un Paul Rudd savoureusement maladroit, entre le charme lâche de Dan Aykroyd et le détachement ironique de Bill Murray), donne une nouvelle dimension à ce reboot de la mythologie où tous les vieux trucs font leur come-back, d'autant qu'il réussit même là où le film de 2016 se gamelait gentiment, en donnant les pleins pouvoirs à un personnage féminin drôle et attachant (brillante Mckenna Grace), dont l'héritage improbable qu'elle reçoit lui permet d'en apprendre plus sur elle-même.
Dans un sens, la saga se retrouve désormais à la croisée des chemins, comme la nouvelle trilogie Star Wars à la sortie du Réveil de la Force (qui là encore, parlait aussi et surtout aux fans et laissaient de côté les spectateurs moins initiés); espérons qu'elle se préparera une aventure autonome à coups de grosses cuillerées ectoplasmiques (Les Derniers Jedi), et non un opus qui regarde tellement dans le rétroviseur, qu'il ne sait plus vraiment ou aller (L'Ascension de Skywalker)...
Jonathan Chevrier
Avec : Mckenna Grace, Finn Wolfhard, Carrie Coon, Paul Rudd, Logan Kim,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min
Synopsis :
Une mère célibataire et ses deux enfants s'installent dans une petite ville et découvrent peu à peu leur relation avec les chasseurs de fantômes et l'héritage légué par leur grand-père.
Critique :
Comme tout bon revival, #SOSFantomeslHeritage traite le diptyque original comme un texte sacré pour mieux incarner un chouette et divertissant blockbuster so 80s, un solide passage de relai même si un brin tiraillé par ses bifurcations vers le fan service façon bingo nostalgique. pic.twitter.com/pKA6n8z6lC
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 11, 2021
Titre emblématique des 80s oblige, il était inéluctable qu'à l'aube des années 2000, le cultissime Ghostbusters devait repointer le bout de son nez dans les salles obscures, la faute à une mécanique Hollywoodienne qui n'a de cesse de recycler/remettre au goût du jour ses succès d'antan.
Mais rares sont les franchises à avoir connu un développement aussi chaotique, entre une mésentente entre les talents impliqués - dont les carrières ont connu des fortunes diverses au fil du temps -, une réécriture incessante des scénarios (avec un passage de relai du casting original à un autre plus jeune, qui ne s'est jamais réellement matérialisé - on avait parlé un temps de Jonah Hill ou encore Kristen Bell) et un désintérêt plus ou moins croissant selon les saisons, du tandem Columbia Pictures/Sony Pictures.
Le décès du regretté Harold Ramis en 2014 avait même sensiblement enterré le bébé, poussant (enfin, on se comprend) l'impulsion d'un reboot entièrement féminin deux ans plus tard, avec la réussite publique et critique qu'on lui connaît (un divertissement sympathique mais saccagé par la vox populi dans un comportement de " préservation du culte " franchement inquiétant).
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Il y a quelque chose de presque miraculeux alors, dans le fait de voir Jason Reitman, fils d'Ivan Reitman et donc directement impacté par l'histoire et la conception même de la saga, revenir aux origines tout en tentant d'offrir une vraie continuité au diptyque original; une manière d'assumer son héritage aussi bien cinématographique que métaphysique pour un cinéaste dont la filmographie n'a pourtant rien à voir, avec celle de son paternel.
Et dès la première bobine de ce bien nommé S.O.S. Fantômes : L'héritage (pour une fois qu'un titre français est plus évocateur qu'un titre original), Reitman fils démontre qu'il vise juste dans son entreprise, co-écrite avec Gil Kenan (et sans doute papounet aussi, de loin), au travers d'une simple et unique réplique déclinée par la géniale Janine d'Annie Potts - " well, there’s the sentimental value... ".
Toute l'essence du métrage réside là, dans ces qualités autant que ses menus défauts, ce sentiment de jouer avec la nostalgie et l'aspect furieusement sentimental que convoque les films originaux (ici considérés comme de véritables textes sacrés), pas uniquement du côté des spectateurs mais aussi pour un môme dont l'appréhension à l'idée d'hériter de la franchise de son père (de loin le plus grand haut fait de sa carrière), devient le reflet conscient sur pellicule de ce qui a réellement de la valeur pour lui, pour ses personnages et son auditoire.
Pleinement conscient que son entreprise d'exhumation de presque quarante ans d'amour populaire est autant attendu au tournant que redoutée, Reitman prend donc la voie sinueuse mais pas trop, du teen movie d'aventure à forte tendance initiatique, imbibée par l'aura réconfortante du catalogue Amblin, non sans renier à un certain esprit spectaculaire qui le rapprocherait presque du premier Transformers de Michael Bay - jusque dans son héroïne maladroite qui doit grandir pour affronter l'adversité.
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Un choix d'autant plus payant que sa manière de replonger dans la mythologie Ghostbusters - déjà furieusement moderne pour son époque - se fait dès lors tout en douceur (à la différence d'un Jurassic World ou d'un Terminator Genisys), malgré ses petites allures de bingo nostalgique (certaines révérences en feront sourciller plus d'un), car elle n'est jamais placée sous l'autel du fan service gratuit mais avant tout et surtout celui de l'hommage sincère à Harold Ramis.
Tout tourne autour du regretté comédien et de son double Egon Spengler, du coeur tendre du drame intime qui lit sa famille (la classe ouvrière américaine vivant des fins de mois difficiles, comme les héros originaux qui peinaient à joindre les deux bouts, mais surtout une fille - excellente Carrie Coon - en colère contre un père qui l'a delaissé), au rapport enthousiaste au surnaturel lié à son héritage (avec une petite fille qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, de son humour pince-sans-rire et sec à son appétence pour la science).
Alors certes, l'approche de Reitman fils est plus grandiloquente que celle de son père, l'intrigue quasi-remaké qu'il propose est prévisible dès le second acte et ses nombreux clins d'oeil/emprunts familiers, auraient de quoi bourrer au pied-de-biche un Twinkie de 300 kilos; mais il n'empêche que même dans ses instants les plus fragiles, le film capture avec grâce la magie de l'enfance et le pouvoir extraordinaire de l'imaginaire, nous ramenant à ce sentiment tendre d'émerveillement pure, enrobée dans une émotion jamais appuyée.
C'est en s'appuyant sur les talents humoristiques de son père, et sa propension à être franchement à l'aise dans le drame familial, que Reitman fait que cette nouvelle aventure drôle et légère atteint un équilibre certes précaire mais au naturel enchanteur, dont le respect sans borne se retrouve même dans l'utilisation d'effets spéciaux à l'ancienne.
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Que l'humour vienne des plus jeunes comédiens (impossible cela dit de ne pas mentionner la partition au poil d'un Paul Rudd savoureusement maladroit, entre le charme lâche de Dan Aykroyd et le détachement ironique de Bill Murray), donne une nouvelle dimension à ce reboot de la mythologie où tous les vieux trucs font leur come-back, d'autant qu'il réussit même là où le film de 2016 se gamelait gentiment, en donnant les pleins pouvoirs à un personnage féminin drôle et attachant (brillante Mckenna Grace), dont l'héritage improbable qu'elle reçoit lui permet d'en apprendre plus sur elle-même.
Dans un sens, la saga se retrouve désormais à la croisée des chemins, comme la nouvelle trilogie Star Wars à la sortie du Réveil de la Force (qui là encore, parlait aussi et surtout aux fans et laissaient de côté les spectateurs moins initiés); espérons qu'elle se préparera une aventure autonome à coups de grosses cuillerées ectoplasmiques (Les Derniers Jedi), et non un opus qui regarde tellement dans le rétroviseur, qu'il ne sait plus vraiment ou aller (L'Ascension de Skywalker)...
Jonathan Chevrier